Assita Kanko, Burkinabè conseillère municipale en Belgique : « Je reste très solidaire du peuple burkinabè »

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Elue le 14 octobre dernier en qualité de conseillère communale de la commune de Ixelles à Bruxelles (Belgique), Assita Kanko représente cette diversité qui sait s’intégrer, se battre et surtout apporter sa pierre à l’édification de son pays d’adoption. C’est cette jeune femme, celle qu’on appelait  autrefois « La Fille du Collectif » dans le feu de  la lutte pour la lumière sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, toujours engagée du Burkina à la Belgique, que Burkina 24 a eu le plaisir de rencontrer.

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Burkina 24 (B24) : Assita Kanko, pouvez-vous vous présenter davantage à nos lecteurs ?

Assita Kanko (AK) :  Merci pour l’intérêt que vous portez à mon modeste parcours. Née à Godyr au Burkina Faso le 14 juillet 1980, je vis et travaille à Bruxelles depuis 2004. Je suis l’heureuse maman d’une petite fille métisse et bilingue dont je suis très fière. Belge depuis cinq ans, je suis engagée en politique, tout en travaillant comme cadre au sein du groupe BNP Paribas à Bruxelles.

B24 : Vous venez d’être élue au conseil communal d’ Ixelles sur la liste du MR, parlez- nous un peu de votre engament politique en Belgique.

AK : Mon engagement politique a commencé très tôt au Burkina Faso. En Belgique, je continue tout simplement à vivre une passion qui m’anime depuis longtemps mais dans un cadre différent. Bruxelles est maintenant ma maison.

Le 14 octobre dernier, j’ai eu l’immense bonheur d’être élue conseillère municipale à Ixelles. J’avais la 21ème place sur la liste de mon parti le Mouvement Réformateur (MR). Les Ixellois m’ont fait confiance en me permettant d’obtenir le 9ème score ex aequo sur 15 au conseil municipal.

Je reste très solidaire du peuple burkinabè et de ses préoccupations quotidiennes comme je l’ai toujours été depuis mon adolescence en grandissant à Koudougou, même s’il est clair que c’est en Belgique que je fais de la politique.

Pour remercier mes électeurs et mes amis, j’ai organisé un meeting le 10 décembre dernier et c’était vraiment très chouette. Je trouve cela important. Il faut garder le contact avec la population et rester vraiment à l’écoute des gens, même après les élections. Les photos de cet événement que j’ai trouvé très chaleureux sont sur ma page Facebook. Que vos lecteurs n’hésitent pas à m’envoyer une demande d’amitié sur Facebook afin de pouvoir les partager.

B24 : « Assita A. Kanko, La fille du Collectif» ainsi titrait le quotidien Ouest Africain « Journal du soir » en 1999 au moment des troubles consécutifs à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Quels souvenirs vous évoquent ces moments ? Vos idéaux restent-ils toujours les mêmes du Burkina Faso à la Belgique ?

AK : Oui, avec une petite erreur dans mon 2ème prénom qui est Edoua et non Adoua.  Mes souvenirs sont intacts. Je connaissais personnellement Norbert Zongo. Je pense bien sûr à lui, à son combat pour la liberté d’expression qui a contribué à forger ce qui fait ma conscience politique aujourd’hui. Ainsi, je sais ce qui est sacré ; la liberté individuelle et le droit de s’exprimer dans le cadre d’un État de droit.

Mon engagement reste le même. Sauf que quand on est adolescent on est tellement entier. Je n’ai pas changé mais je me rends compte que la vie est belle malgré tout. J’ai des loisirs, je profite de la vie, je suis heureuse tout en me battant pour les causes auxquelles je crois. Avant je n’avais pas de loisirs. Je ne pensais qu’à mes combats. Or l’un n’empêche pas l’autre. « Il faut faire son travail sérieusement sans se prendre au sérieux » comme disait Albert Einstein.

« Il faut faire son travail sérieusement sans se prendre au sérieux »

En Belgique, les enjeux socio-politiques sont différents. En tant que Belge, c’est en effet ici que je fais de la politique et pas ailleurs, même si le reste du monde m’intéresse aussi. C’est à mes concitoyens belges que je demande de voter pour moi, quelles que soient leurs origines. La liberté d’expression et le respect des valeurs démocratiques restent bien sûr une priorité. Mais il y a aussi la mobilité, la sécurité, l’enseignement, la propreté publique, la réduction de la pression fiscale sur les revenus du travail, l’accès au logement, l’environnement,… Des priorités que je me suis engagée à porter et je le ferai.

B24 : le Burkina vient de vivre pour la première fois des élections couplées législatives et municipales, quel regard portez-vous sur la vie politique au Burkina Faso?

AK : J’avoue que j’étais moi-même en campagne électorale et vraiment le nez dans le guidon à ce moment-là ; donc même si j’y ai beaucoup pensé, focalisée par le débat politique Belge auquel j’appartiens, je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de suivre le débat burkinabè de près. Je n’en sais pas plus que ce qui est dit dans la presse. Quoi qu’il en soit, au fond de mon cœur je reste très solidaire du peuple burkinabé et de ses préoccupations quotidiennes comme je l’ai toujours été depuis mon adolescence en grandissant à Koudougou, même s’il est clair que c’est en Belgique que je fais de la politique.

 

B24 : «Une femme d’action, une force authentique » avec un tel slogan, nous imaginons que la bataille politique pour vous n’est qu’à ses débuts. Quels sont vos futurs projets ?

AK : Au début j’ai choisi le slogan « Une femme d’action, une force authentique » pour marquer mon dynamisme et ma sincérité. Je voulais éviter à tout prix qu’on me prenne pour un alibi. En effet, certains partis politiques n’hésitent pas à mettre des gens d’origine étrangère sans véritable engagement sur leur liste pour susciter le vote communautariste.

Chez nous ce n’est pas le cas. Notre but est vraiment de pousser les gens à voter pour un programme, pour des individus auxquels ils croient et non pour une couleur de peau. Nous pensons que tout être humain incarne plus que sa couleur de peau, son genre, son origine ou sa position sociale. On ne peut pas enfermer, figer les gens dans un aspect de leur identité. C’est le principe de l’identité plurielle tel que le conçoit l’économiste Amartya Sen que j’admire beaucoup. (NDLR : prix Nobel de la paix en 1998).

Je ne suis pas là pour jouer !

Ce cap de présentation passé, j’ai estimé que j’avais suffisamment démontré l’honnêteté de ma démarche et de mes intentions. Je ne voulais plus parler de moi car ce qui compte c’est l’électeur, ce n’est pas moi. L’électeur est à mes yeux la personne la plus importante et notre attention doit lui être réellement consacrée. C’est ainsi que j’ai modifié mon slogan qui est devenu «Une femme d’action à votre écoute ». Je suis très active et je prends de nombreuses initiatives personnelles pour participer au débat politique. Je ne suis pas là pour jouer. Je suis une femme politique qui place l’humain au cœur du débat et qui reste authentique à chaque instant. Je ne sais pas faire semblant.

En mai 2014, donc dans moins de deux ans, nous allons à nouveau voter pour élire nos députés régionaux, fédéraux et européens. Nos têtes de liste sont déjà désignées : pour les fédérales et les régionales, il s’agit respectivement de Didier REYNDERS actuel vice premier ministre et ministre des affaires étrangères et de Vincent DE WOLF maire d’Etterbeek à Bruxelles.

Mon engagement reste le même. Sauf que quand on est adolescent on est tellement entier. Je n’ai pas changé mais je me rends compte que la vie est belle malgré tout.

Notre parti est donc déjà en ordre de marche pour 2014. Et comme vous, de nombreux Bruxellois me posent également la question de savoir ce que je ferai demain, la place que j’aurai au sein de mon parti pour les élections à venir. Je n’ai pas encore de réponse. Mais je peux déjà vous dire qu’en ce qui concerne mes projets, il n’y a aucun doute : je souhaite évidemment gravir d’autres échelons pour défendre ma commune Ixelles et ma région Bruxelles à d’autres niveaux de pouvoir au sein de mon pays. Tout dépendra bien entendu des instances de mon parti, des têtes de listes précitées et des intentions de notre président Charles MICHEL. C’est avec plaisir que je vous tiendrai au courant.

B24 : Vous êtes un exemple d’intégration réussie, quels sont vos rapports avec la communauté des Burkinabé vivant en Belgique ? Avez-vous des conseils à donner aux jeunes de cette communauté voulant réussir comme vous ?

AK : Merci pour ce compliment. En réalité je me suis intégrée naturellement en me mettant à la place que j’estime être la mienne. Celle où je me sens bien et épanouie et où je porte les valeurs de mon nouveau pays. Il se trouve que cela s’appelle l’intégration. Aujourd’hui, je me sens chez moi à Bruxelles. Je suis une Ixelloise, élue pour être au service de tous les Ixellois, sans frontière raciale ou linguistique. Parmi celles et ceux qui ont voté pour moi, un seul lien : notre humanité. Les mêmes préoccupations : la confiance, l’amélioration de la qualité de vie et la volonté de maintenir ce socle de valeurs communes qui est le nôtre et qui est inhérent à notre État de droit. En effet, quelle que soit notre race, notre régime linguistique, notre position sociale, nous faisons avant tout partie de la race humaine.

 Il faut se fondre dans le décor tout en gardant ses spécificités, son individualité.

Je ne crois pas avoir suffisamment de succès pour donner des conseils. Je ne suis qu’à mes débuts. Mais je peux dire qu’à mes yeux, le secret de tout succès petit ou grand, c’est le travail, la gratitude, la confiance en soi et le courage d’entreprendre et d’innover. Une bonne intégration dans la société d’accueil est clairement une condition sine qua non pour s’épanouir au quotidien. Il faut se fondre dans le décor tout en gardant ses spécificités, son individualité. L’intégration n’a pas pour but d’écraser l’individu dans un groupe. Sinon elle n’apportera rien de plus que la non-intégration. C’est en cela même qu’elle est fondamentalement différente de l’assimilation prônée par les extrémistes. Si nos valeurs démocratiques ne sont pas négociables, le respect de l’individu est également un droit non négociable. Cela va de soi.

B24 : Un dernier mot à l’endroit de BURKINA 24 et de ses lecteurs ?

AK : Je vous remercie pour votre intérêt qui me touche beaucoup. Il est important pour moi de préciser que je ne suis que conseillère municipale. Je ne veux pas contribuer à donner l’impression que j’occupe un poste très important en Belgique même si je peux comprendre l’intérêt des uns et des autres au sujet de mon parcours et de mon action.

Que vos lecteurs n’hésitent pas à m’envoyer une demande d’amitié sur Facebook.

Ce n’est qu’un début et j’ai le sentiment d’avoir trouvé ma place au sein de mon parti, le MR, où je milite depuis 8 ans. On verra ce que demain sera. Mais en attendant, je vais beaucoup travailler au conseil municipal afin de servir les Ixelloises et les Ixellois. Sachant toutefois qu’Ixelles n’est pas une île et que des relais à d’autres niveaux de pouvoir restent très importants.

Et je voudrais conclure en remerciant ma tête de liste Dominique DUFOURNY et tous ceux qui m’ont donné ma chance, qui m’ont soutenue et qui restent à mes côtés pour cette aventure que je trouve passionnante. Je reste à votre écoute. Sans façon et sans tabou.

 

Entretien réalisé par Hubert D. COMPAORE,

Correspondant de Burkina 24 à Paris.

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Hubert DeLorenzo COMPAORE

Correspondant de Burkina 24 en France

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6 commentaires

  1. Beaucoup de courage. vs ?te un exemple parfait pour notre jeunesse

  2. si tu ?tais a cot? de moi je devais t’embrasse pour prouver l’amour que j’ai envers toi , juste pour ton courage et la fiert? que donne a tous les burkinab?s .

  3. que Dieu t'accompagne ma soeur, tu es un exemple pour toute les africaines et particuli?rement nous les Burkinab?. je suis telment toucher par ton courage et ta d?termination. long vie ? toi

  4. EN VOICI UNE FEMME KI FAIT LA FIERTE NON PAS SEULMT DE BURKINA MAIS POUR TTE LAFRIQUE . CEST DIRE KE VOULOIR CEST POUVOIR 1

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