Référendum : « L’ère de la fraude est révolue », estime Mahama Bandé

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Mahama Bandé a été pendant six ans, le responsable  des jeunes à la fois du secteur 7  et de l’arrondissement 4 de Ouagadougou pour la sous-section du Congrès pour la démocratie et le progrès. Aujourd’hui, il n’est plus à ces postes, mais reste militant du parti à qui il a  adhéré depuis l’ère de l’ODP/MT. Il a sons avis sur la question du référendum. A Burkina24 qu’il a reçu  le 19 septembre 2014 dans son lieu de vente de mobylettes à Tanghin, l’homme à la quarantaine bien sonnée partage ses opinions et aborde vers la fin de l’interview, la vie du parti et celle de l’arrondissement 4.

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Burkina 24 (B24) : Vous pensez que le référendum est nécessaire. Pourquoi ?

Mahama Bandé (M.B) : Avant tout, je voudrais préciser que je suis un commerçant. Je n’ai jamais été à l’école. Mais si je parle ici, c’est pour exprimer ma propre pensée et personne ne m’a envoyé. C’est mon opinion en tant que Burkinabè et j’estime que j’ai le droit de parler sur la vie de ma nation. Je demande par conséquent pardon aux lecteurs si certains propos venaient à  être inadéquats.

Cela dit, je pense que de nos jours, il faut que chacun de nous sache être tolérant envers l’autre, parce que notre pays ne ressemble pas aux autres. Nous partageons des valeurs comme la fraternité, nous n’avons pas de conflits religieux ni ethniques. Nous vivons tous dans le pays en paix et dans la cohésion.

Lorsque deux personnes se querellent, elles ont chacune ses raisons de faire cette querelle. L’opposition qui dit de ne pas faire (le référendum, ndlr), a ses raisons. Les partis au pouvoir, qui estiment qu’il faut faire (le référendum, ndlr), ont aussi leurs raisons.

En plus de ces deux positions, j’ai moi aussi mon avis. Je pense que tout le bruit fait se localise surtout à Bobo et à Ouaga. Chacun des deux camps remplit qui un stade à Bobo, qui un autre stade à Ouaga. L’un fait ci et l’autre fait ça. Je pense que là n’est pas la solution. Cela remet notre pays en arrière.

« Le Burkina Faso est notre pays. Rien n’est encore perdu »

A mon avis, en démocratie normale, on devrait demander l’opinion des populations. Nous avons 45 provinces. Or c’est dans deux provinces que les tiraillements se font. Il reste donc 43 provinces qui n’ont pas voix au chapitre. Je pense que si l’on demandait l’avis des populations, ce sont elles qui arbitreront. Cela  permettra au pays de rester dans la paix et la tranquillité.

Nous savons, et s’il plaît à Dieu, que rien n’arrivera à ce pays. Nous allons nous entendre. Le Burkina Faso est notre pays. Rien n’est encore perdu. On peut toujours se concerter. Même dans les Saintes écritures, il est indiqué que lorsqu’il y a trop de mésententes, consultez vos textes pour savoir quelle solution ils proposent. Et laissons tomber qu’untel a fait ceci et untel a fait cela, car ce sont les mêmes personnes qui sortent dans chacun des deux camps.

La démocratie, c’est de s’entendre pour décider ce qui nous arrange. Si nous avons abandonné la révolution pour la démocratie, c’est parce que nous ne voulons plus être forcés. Alors, si nous voulons la liberté, nous devons nous conformer aux règles de la démocratie. Ceux qui sortiront vainqueurs n’iront nulle part. Ils resteront au Burkina Faso, construiront au Burkina Faso et travailleront avec des Burkinabè.

Si nous faisons le référendum pour la conquête du pouvoir, nous pourrons aussi un jour le faire pour autre chose.

B24 : Mais les opposants estiment qu’il y aura risque de fraude. Voilà pourquoi ils refusent le référendum. Que répondez-vous ?

M.B : A mon avis, je crois que l’ère des fraudes est aujourd’hui révolue.  Avant, lorsqu’il n’y avait pas de machine et de paperasse, nous voyons que c’était compliqué. Mais aujourd’hui, nous remercions Dieu. Nous ne sommes pas instruits, mais ceux qui le sont ont mis tout en œuvre pour que faire une fraude devienne difficile.

Je prends un exemple concret.  Prenons l’arrondissement 4 (de Ouagadougou, NDLR). Avez-vous vu comment l’élection (municipale, NDLR) s’est déroulée ? La nuit de l’élection, on nous a dévoilés les résultats avant qu’ils ne soient officiels et ils n’étaient pas différents de ceux qui ont été publiés.

(…) Je ne pense pas qu’il puisse y avoir fraude.

→ (Re) Lire : Les péripéties de l’arrondissement 4 

B24 : L’opposition ajoute aussi que la Constitution a été assez modifiée et qu’elle ne doit plus l’être, surtout en ce qui concerne la limitation du nombre des mandats présidentiels. Qu’en pensez-vous ?

M.B : L’opposition a raison. Mais la vie d’il y a 20 ans n’est plus pareille que celle d’aujourd’hui. Il est bien que nous avancions. La Constitution était par exemple écrite pour 100 personnes. Aujourd’hui, nous sommes 1 000. Comment allons-nous faire pour que  ces 1 000 personnes soient concernées ? Les choses évoluent.

B24 : L’argent qui devrait être utilisé pour le référendum pourrait être reversé à d’autres priorités, comme l’éducation et la santé, ou lutter contre l’épidémie d’Ebola, au cas où elle sévirait au Burkina. Les commerçants rencontrent aussi des difficultés qui pourraient être résolues. Que pensez-vous de cet argument de l’opposition ?

M.B : Ce que l’être humain cherche dans la vie, c’est la santé. Si tu as la santé, ce qui reste est plus facile. Je suis commerçant, ouvrier, la première chose, c’est la santé.

Si nous prenons l’argent pour chercher la santé, pendant que les fonctionnaires et les commerçants continuent de travailler, c’est mieux que d’utiliser cet argent pour faire autre chose. La santé ici, c’est la paix.

Les Blancs disent que la santé n’a pas de prix. Je considère que la paix, comme la santé, n’a pas de prix. Pour que l’opposition et le pouvoir trouvent une solution, tel est le prix de la paix. C’est comme Ebola. Nous prions Dieu pour qu’il  ne vienne pas au Burkina, mais si c’est le cas, nous n’avons pas d’autre choix que de payer le prix de la santé. Mais nous prions Dieu pour que tout ceci n’arrive pas au Burkina Faso.

B24 : Pensez-vous que les deux camps pourront s’entendre ? N’y a-t-il pas risque que les choses dégénèrent ?

M.B : Lorsque tu as deux enfants qui se tiraillent, tu dois les asseoir et discuter avec eux pour savoir quelle est la cause de la querelle et quelle solution pourrait être trouvée. Nous sommes tous Burkinabè. Le conflit n’est pas une solution. Nous avons vu la Côte d’Ivoire. Où cela s’est-il terminé ? Le pouvoir en Côte d’Ivoire n’est pas revenu à un autre pays.

Je pense que le conflit n’est pas la solution et s’il plaît à Dieu, il n’y en aura pas au Burkina.

B24 : Le président du Faso doit rester au pouvoir après 2015, selon vous ?

M.B : Lorsque quelqu’un est au pouvoir, il y a les inconvénients et les avantages. Mais je pense que s’il y a le dialogue et la concertation, rien n’est exclu. Si nous nous concertons  et nous entendons, tout problème aura une solution.

Nous ne sommes pas encore en 2015. Nous ne savons pas ce qui se passera en 2015. Prions Dieu qu’il nous donne la santé pour qu’ensemble nous travaillons.

B24 : Avez-vous une dernière adresse ?

M.B : Je remercie tous les Burkinabè, notamment les journalistes qui nous permettent,  à nous qui ne sommes pas instruits, d’exprimer notre opinion. Je ne sais pas comment on manipule un ordinateur. Mais grâce à vous, cela va permettre que des messages atteignent un certain niveau où ils pourront être analysés.

Par exemple, concernant l’arrondissement 4. Je voulais parler de notre parti, le CDP. Notre parti est, il est vrai, très grand. Mais c’est là où il y a du monde, qu’il y a du bruit. Lorsque tu gères un pouvoir et qu’il n’y a pas querelle ni de discussion, ce n’est pas arrivé.

Mon inquiétude est la suivante : le silence des gens cache-t-il de bonnes intentions ? Lorsque tu acquiers le pouvoir, c’est pour aider ton arrondissement et aider l’ensemble de la ville de Ouagadougou. Lorsque vous voulez mettre en place des structures, vous pouvez consulter les gens. Par exemple, réunir les femmes, les jeunes et les anciens, les écouter, avant de mettre en place un bureau.

« Laissons tomber ces considérations car elles remettent le parti en arrière »

Mais lorsqu’on veut mettre un bureau et  qu’on écarte untel parce que je ne suis pas en bon terme avec lui, alors qu’il  peut travailler pour le parti … Notre mésentente ne concerne pas le parti. Nous ne devons pas prendre cela en considération. Nous devrions surtout voir si telle personne est compétente pour travailler pour le parti.

Nous travaillons dans le parti pour aider le président Blaise Compaoré. Blaise Compaoré n’est pas en mésentente avec cette personne. Je pense que Blaise Compaoré est un homme de pardon. Nous avons vu des gens qui se sont querellés, mais ils continuent de travailler ensemble. Ainsi va la politique.

Laissons tomber ces considérations car elles remettent le parti en arrière. J’ai été responsable (d’une structure, ndlr) au CDP. On ne m’a jamais appelé pour me demander, après ton départ, qui peut nous aider. Quand c’est comme ça,  c’est difficile.

Je suis au CDP depuis l’ère de l’ODP/MT. Je ne vais pas quitter le CDP. Je suis avec Blaise Compaoré. Mais lorsqu’on discute, chacun donne son avis.

« Si tu as fait des promesses et qu’à la fin de ton mandat tu n’as pas pu les réaliser, que vas-tu dire aux populations ? »

Ce que je vais ajouter, l’élection qui a eu lieu ici (l’arrondissement 4, ndlr), il n’y a pas eu de fraude. Elle a été transparente. Le CDP a présenté son programme, de même que l’ODT. Ce que je vais dire aux premiers responsables, c’est que chacun invoque Dieu que les gens abandonnent, pendant la campagne (électorale), « si tu votes pour moi, je vais faire ceci ». Parce que même chez toi, il faut que tu ailles chercher de l’argent pour venir travailler.

Si vous faites des promesses, alors que ce ne sera pas puisé dans l’argent de poche, que ce ne sera pas une décision qui sera prise de façon individuelle mais par tout un arrondissement, parfois, c’est difficile.

Nous avons vu des autorités qui ont promis et cela s’est révélé compliqué. « Si vous votez pour moi, je ferai ceci ». Aujourd’hui, vous êtes élus, débrouillez-vous pour le faire. Vous voyez que cela remet la politique en arrière. Si tu as fait des promesses et qu’à la fin de ton mandat tu n’as pas pu les réaliser, que vas-tu dire aux populations ?

Les gens ont dit qu’ils veulent le programme de l’ODT. Nous prions que les responsables de l’ODT exécutent ce qu’ils ont promis lors de la campagne. C’est ce qui sera bénéfique pour notre arrondissement. Si l’arrondissement 4 est tranquille, c’est parce que nous, au niveau du CDP, avons pris la décision de laisser l’ODT travailler.

« Nous laissons travailler » Anatole Bonkoungou

C’est ce que je vous disais. Le CDP n’est pas un marché où chacun a ses propres règles. Si tu es banni d’une famille, tu n’as plus de droits sur la famille et personne n’a plus de droit sur toi non plus. Voilà pourquoi on se querellait.

Mais il (Anatole Bonkoungou, transfuge du CDP qui a déposé ses valises à l’ODT et a remporté la deuxième reprise des élections municipales à l’arrondissement 4, ndlr) a quitté notre famille pour une autre où il est devenu un chef. Nous pensons qu’il n’y a aucune interdiction à cela. Nos supérieurs nous ont instruits de ne pas l’empêcher de travailler pour qu’on vienne dire que c’est pour cela qu’il n’a pas pu travailler. Nous le laissons travailler parce que le pouvoir est un don de Dieu.

Nous acceptons rester en arrière, comme ils l’ont été quand nous jouons les premiers rôles. S’il m’appelle pour l’aider à faire un travail, j’irai. Ce que je n’aurais pas fait s’il était toujours au CDP car on l’avait suspendu. Mais aujourd’hui, s’il m’appelle, je l’aiderai, car c’est un fils de l’arrondissement et afin qu’il apporte sa pierre à sa construction.

Propos recueillis et traduits du mooré par Abdou ZOURE
Burkina 24
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Abdou ZOURE

Abdou Zouré, journaliste à Burkina24 de 2011 à 2021. Rédacteur en chef de Burkina24 de 2014 à 2021.

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6 commentaires

  1. JE NE COMPREND PAS POURQUOI DES GENS ANIMES D?AUTRES INTENTION PARLENT DE MEDIATION POUR LE BURKINA.

    LE BURKINA EST DANS QUELLE SITUATION POUR AVOIR BESOIN D?UN MEDIATEUR ? BLAISE DOIT PARTIR EN 2015 C?EST TOUT ! D?AILLEURS ALASSANE OUATTARA ET BIEN D?AUTRES N?ONT PAS FINI DE REGLER LES PROBLEMMES DE LEURS PAYS POUR VENIR S?IMPLIQUE DANS LES AFFAIRES DU BURKINA.

    DIT-ON PAS QUE BLAISE EST UN MEDIATEUR CHEVRONE ! ALORS, IL S?AURA COMME GENRE LA SITUATION DE NOTRE CHER BURKINA.

    L?OPPOSITION DOIT TRANSMETTRE LORS DE CETTE RENCONTRE AU PRESIDENT BLAISE COMPAORE LES PAROLES QUE LES CITOYENS ONT LAISSE ENTENDRE LORS DE LA FORTE MOBILISATION DE LA DERNIERE MARCHE QU?ELLE A ORGANISE.

    DE TOUT FACON 2015 SERA SANS BLAISE !

  2. Sachant qu’il n’y avait qu’eux aux affaires, si l’?re de la fraude est r?volue, qui ?taient donc les acteurs de cette fraude? Monsieur nous r?v?le donc qu’ils ont toujours fraud?, mais aujourd’hui, une inspiration divine les a conduit vers le droit chemin. Autant, vous voudriez aller au r?f?rendum par tous les moyens, autant des gens comme moi, sont pr?ts ? vous faire connaitre l’?chec, voire l’humiliation; vous n’?tes pas les seuls ? attendre impatiemment cette fameuse date qui sera d?cr?t?e par votre dieu, nous br?lons aussi d’impatience quant ? l’attente de cette date…

  3. J’ai une reserve quant a toute qui penserait qu’il n’y a plus possibilit? de fraude. Il peut bel et bien en avoir si le concepteur du logiciel de d?compte le veut et le con?oit. Alors ne donnons pas notre langue la dessus.

  4. Le r?gime du pr?sident Blaise Compaor? est all? tr?s loin dans la corruption qu?aucune fraude ne peut ?viter au Burkina concernant toute ?lection. Tant que le pr?sident Blaise Compaor? ne c?de pas le pouvoir a une nouvelle ?quipe d?cider de faire ce qui est mieux pour le peuple et non ce qui est mieux pour un individu en abolissant l?injustice et l?impunit?, les fraudes au Burkina restent l?ennemi num?ro un du peuple meurtri. S?il vous plait ne berner pas un peuple m?ri avec vos com?dies de gosier qui attend d??tre rempli. Dites au pr?sident Blaise Compaor? de respecter la lettre et l?esprit de l?article 37 qui interdisent tout pr?sident du Faso de briguer 3 mandants pr?sidentiels cons?cutifs. Dites a Salia et compagnie d?arr?ter de puiser le denier public et acheter des consciences pour maintenir au pouvoir un pr?sident qui n?a plus rien a apporter a notre pays, voila la vrais fraude.

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