Sékou Traoré, réalisateur burkinabè : « Cette année, nous allons essayer de rattraper l’étalon »

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«L’œil du cyclone » du réalisateur Sékou Traoré en compétition officielle pour l’étalon d’or pour ses deux projections a fait salle comble. Les commentaires vont bon train et d’aucuns pronostiquent le film pour l’ « Etalon d’or du Yennega» du FESPACO 2015. Le réalisateur, visiblement satisfait de l’accueil réservé au film,  a bien voulu répondre à nos questions.

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Burkina24 : Quelles sont vos impressions après un tel engouement du public pour voir le film ?

Sékou Traoré : Jusque-là dans l’ensemble par rapport au film, les projections se sont très bien passées. Le public a bien reçu le film. Au niveau des professionnels aussi,  j’ai entendu des échos positifs, ainsi que de la presse, j’espère que c’est prémonitoire pour le film.

B24 : Prémonitoire pour remporter l’ «Etalon d’or de Yennega»?

S.T : Non, je ne dirai pas ça. Quand on vient au FESPACO, ce n’est pas uniquement pour l’Etalon, surtout qu’il court très vite. Mais on va essayer de le rattraper parce que c’est depuis 1997 qu’il court hors du Burkina. On ne sait pas où il va.

B24 : Avez-vous eu des échos. Qu’est-ce que les gens disent du film ?

S.T : Du côté du public, on a eu beaucoup d’appel sur nos téléphones, beaucoup de commentaires sur les différentes radios, et quand les gens sortent aussi de la salle, on voit comment ils sont contents. Ça c’est le premier témoignage   que le film est bien.

B24 : Quand vous dites « L’œil du cyclone ». De quel cyclone parlez-vous ?

S.T : On parle du cyclone qui va ravager tout ce qui ne va pas dans ce pays. Dans notre cas,  le cyclone avec son point, dans un cyclone le tout petit point dans le vent qui tourne, est dans la prison de haute sécurité, c’est de là que tout est parti.

B24 : On voit habituellement dans les films des enfants soldats, mais Sékou Traoré lui, traite un tout autre angle. Le cas des enfants anciens soldats. Pourquoi ?

S.T : Oui, tout à fait. C’est un point qui a été abordé toujours mais pas avec ce questionnement que nous avons à savoir, qu’est-ce qu’on fait de ces enfants anciens soldats, est-ce qu’on peut les récupérer ?

Faut-il les abandonner, les laisser en marge de la société ? Nous, nous pensons que non. C’est une véritable bombe à retardement et qu’un jour ou l’autre,  si on ne s’occupe pas d’eux, ça va se retourner contre la société.

B24 : Comme la fin du film l’a démontré ?

S.T : Oui, mais sans qu’on ne dévoile la fin du film. On pense que ça peut être violent un jour pour nous tous. Quand je veux extrapoler ce problème des enfants soldats, que nous nous n’avons pas au Burkina Faso, on peut voir ce que nous avons sur place, les enfants de la rue.

 Je pense souvent  à eux. Je n’ai pas encore la force de m’occuper des enfants de la rue, mais quand je les vois,  ça m’intrigue. Je me dis, il faut un jour ou l’autre qu’on occupe des enfants de la rue.

 Eux, nous les avons ici.  Ils ont 5, 10, 15,17 ans, mais après est-ce que nous nous posons la question à savoir qu’est-ce qu’ils deviennent ? Est-ce que tu as vu un enfant de la rue qui a 40 ans ? Non.

Peut-être qu’à partir d’un certain âge, ils deviennent autre chose, deviennent-ils des gangsters ? La société ne se pose même pas cette question-la. Mais ils ne restent pas éternellement enfants de la rue. Je suis sûr qu’ils ne deviennent pas brusquement mécanicien, menuisier ou informaticien, non.

Ils deviennent quelque chose de plus dangereux, ça c’est sûr. Nous pouvons donc commencer à gérer le problème des enfants de la rue. Dans le monde entier, c’est notre responsabilité de nous occuper des enfants soldats.

B24 : Cette année, il y a des films de qualité en compétition. Sékou Traoré a-t-il peur ?

S.T : Non, mais ce n’est pas que je suis l’homme le plus courageux du monde. Mais j’ai rarement peur des compétitions parce que je suis habitué à aller à des compétitions. Je pense que même quand nous déposons nos dossiers de financement, c’est souvent pire que lors d’un festival. Donc pas du tout, je suis très serein.

B24 : Vous n’avez pas peur même de « Timbucktu » ?

S.T : Quand tu viens à un festival, tu n’as pas peur d’un autre film. Tu te dis seulement que le jury est un autonome, indépendant et que tout e monde a les mêmes chances.

Nous sommes sur le même pied d’égalité même si Abderrahmane  Sissako est un ami et que j’ai travaillé un peu à la production de son film. Il n’y a aucun problème. C’est en toute amitié qu’on va faire la compétition.

B24 : Et que répondez-vous aux Burkinabè qui disent que le film mérite le prix, « l’Etalon d’or reste au Burkina cette année » ?

S.T : Je ne sais pas quoi leur dire. Ils peuvent le dire mais ce n’est pas eux qui décident, ce n’est pas le jury. Je leur dirai simplement merci pour le soutien, et je leur dis aussi comme ce n’est pas le seul festival. On va faire le tour des autres festivals et on verra.

Propos recueillis par Reveline SOME

Burkina24

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