L’autonomisation : quelle pertinence pour l’emploi des jeunes ?

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Ceci est une contribution sur la question du chômage au Burkina. 

À un moment où le taux de chômage est élevé, et où le désespoir a atteint un point où pour beaucoup des jeunes africains la mort dans la méditerranée semble préférable, ces inquiétudes familières se trouvent intensifiées et la recherche de solutions par les gouvernants est largement justifiée. Dans ce contexte, l’organisation d’assises comme celle de Gaoua peut se comprendre aisément, mais le thème abordé « Autonomisation des jeunes » l’est beaucoup moins dans le contexte burkinabè et africain de manière générale.

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D’abord, de quoi parle-t-on ? Selon le dictionnaire Petit Robert, l’autonomisation renvoie au fait d’être autonome qui, à son tour, veut dire qui s`administre soi-même ; correspond à indépendant, libre, souverain. De manière pratique, dans le domaine de l’emploi, cela peut se comprendre par la mise en place de politiques, stratégies et de mécanismes permettant aux jeunes de s’auto-employer et éventuellement de créer d’autres emplois à travers des projets d’entreprise.

C’est une approche qui a son effet, mais dans le contexte actuel de l’Afrique, quelle peut être sa pertinence quand le marché de consommation est quasiment tourné vers l’extérieur et quant dans le système éducatif, il n’est pas développé l’esprit d’entreprise ?

Du marché tourné vers l’extérieur

En économie, le marché de consommation (demande) est l’une des composantes clefs du développement de l’entreprise. Toute chose égale par ailleurs, lorsque la demande croit, cela incite l’entreprise qui est sollicité de s’investir davantage et de produire. Dans le cas, une entreprise qui fabrique des produits qui ne sont pas demandés est voué à disparaître du marché.

Or, de notre lecture de la situation générale actuelle, les consommateurs burkinabè et africains en général semblent être des « receveurs universels« . Comment peut-on développer une entreprise viable et compétitive dans un contexte de receveurs universels qui ont le complexe suranné de la préférence étrangère et dont la demande est tournée quasi-exclusivement vers tout ce qui vient de l’extérieur dans presque tous les domaines ?

Pour que l’autonomisation fonctionne, que ce soit pour les jeunes ou non, l’Afrique ne doit pas être uniquement un marché de « consommation extérieure ».

Dans le cas contraire, on va installer des entrepreneurs qui vont vite fermer par manque de débouchés. Il faut revenir à la célèbre vision du « consommons burkinabè« . C’est la seule voie pour construire un tissu économique fort d’entreprises fortes et compétitives capables d’absorber les 200.000 personnes qui arrivent sur le marché de l’emploi chaque année au Burkina.

Du système éducatif inadéquat :

Après les indépendances, malheureusement, les lacunes des colons coloniales n’ont pas disparu du continent africain. Cinquante ans après, la plupart des dirigeants africains ont continué de se comporter comme des écoliers au service de leurs anciens maîtres coloniaux. Et, notre système éducatif n’a pas échappé à ce piège. Aujourd’hui, comme le souligne de nombreuses analyses, notre système éducatif ne s’est pas adapté à la réalité de monde actuel et à l’évolution de nos sociétés africaines.

L’enseignement reste un luxe apparent et forme des diplômés sans emploi et incapables d’entreprendre ou de s’insérer dans la vie active, dans la mesure où les formations données ne prévoient pas vraiment cette dimension. Malgré les avancées, l’enseignement technique et professionnel en relation avec nos priorités de développement qui devrait être un privilège demeure le parent pauvre du système éducatif. Dans un tel contexte, quelle est la portée réelle d’une politique d’autonomisation ?

Au meilleur des cas, on peut rattraper la situation en formant quelques milliers de jeunes à travers des programme ou projets (comme c’est le cas actuellement), mais quel est l’incidence de telles approches face à l’étendue du problème ?

En définitive, l’emploi des jeunes comme on peut le lire dans toutes les analyses reste une question préoccupante qui doit être prise de manière plus globale en lien avec certaines faiblesses structurelles de nos économies (comme celles du marché) et de notre système éducatif.

A notre avis, pour une autonomisation plus réussie des jeunes, en plus de ces questions macroéconomiques, il faut :

Au niveau de l’approche :

  • Abandonner l’approche actuelle de la jeunesse quasi-exclusivement traitée comme une catégorie démographique ou une couche sociale. Il faut considérer cette jeunesse non pas uniquement une catégorie sociale, mais d’abord comme une phase de la vie que chaque homme traverse et qui offre des possibilités uniques de contribuer à la transformation sociale ;
  • Appliquer cette approche à la définition des fonds destinés au financement des jeunes. Elle devrait permettre de définir des programmes plus en lien avec les besoins spécifiques des jeunes.

Au niveau des fonds, il faut comme certains l’ont déjà proposé :

  • réviser les textes actuels afin de mieux définir les cibles visées,
  • il faut revoir le système d’analyse des risques dans l’optique de réduire les garanties demandées,
  • mettre en place un mécanisme de suivi basé sur la GAR afin d’analyser les effets des actions menées et de pouvoir combler rapidement les failles.

Dr Gountiéni D. Lankoandé

Enseignant-chercheur

Secrétaire Exécutif du GRAAD

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