CEDEAO : La route Bobo-Orodara-frontière du Mali parmi les projets prioritaires de la CEDEAO

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Le ministre burkinabè de l’Economie, des Finances et du Développement Mme Hadizatou Rosine Coulibaly/Sori, ordonnateur national du Fonds européen de développement (FED) a signé lors de la 4è session du Comité d’orientation stratégique (Cos) Afrique de l’Ouest-Union européenne tenue les 14 et 15 juin 2017 à Bruxelles, une convention de financement portant sur la gouvernance du secteur des transports. Elle a également obtenu l’inscription de trois projets dont la construction de la route Bobo-Orodara-Frontière du Mali sur la liste des projets prioritaires à mettre en œuvre dans l’espace CEDEAO.

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Après Lomé en 2016, c’était au tour de Bruxelles, capitale de l’Europe d’accueillir la 4è session du Comité d’orientation stratégique (COS) entre l’Union européenne et les 15 pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) plus la Mauritanie. Cadre de mise en œuvre du Programme indicatif régional (PIR), le COS est un moyen de supervision de la programmation et de la mise en œuvre des actions financées par le 11e Fonds européen de développement (FED) en Afrique de l’Ouest.

Outre les présidents des commissions de la CEDEAO et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), cette instance regroupe statutairement les ministres des finances des seize pays de l’Afrique de l’ouest, les responsables des banques de développement de la région et l’Union européenne.

A l’issue de deux jours de discussions, européens et ouest-africains se sont félicités des actions réalisées dans le cadre du 11è FED. En effet, quelques  656.3 millions d’euros, soit 57% de l’enveloppe globale de plus de 1150 millions d’euros ont été engagés pour financer des programmes régionaux dans le domaine des transports (constructions de route), de l’énergie, de la sécurité régionale, de la lutte contre la pêche illicite, non autorisée et non règlementée ou encore pour améliorer les facilités d’investissement dans la région.

A ce 4è COS, les deux parties ont défini ensemble les projets intégrateurs et leurs financements. Ainsi, le Burkina Faso a obtenu un financement pour la gouvernance du secteur des transports. Le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement Mme Hadizatou Rosine Coulibaly/Sori a signé une convention de financement portant sur l’application à l’échelle nationale de projets liés au respect des textes réglementaires communautaires sur le contrôle de la charge à l’essieu.

 Ce financement doit également servir à l’entretien routier pour garantir la durabilité des infrastructures, et à la facilitation des transports et transit sur les corridors routiers pour assurer la fluidité du trafic et favoriser le développement des échanges intracommunautaires. 

Notre ministre des Finances a par ailleurs obtenu l’inscription de trois projets de construction d’infrastructures routières et énergétiques dans le lot des projets régionaux qui seront financés à travers le mécanisme de la Facilité africaine d’investissements (AFIF). Ces investissements à caractère régional porte notamment sur la construction de la route nationale N°08 (RN 08) Bobo Dioulasso-Orodara-Frontière du Mali, longue de 83 km.

 D’ores et déjà, on sait que ce projet sera financé par la Banque africaine de développement (BAD) à hauteur de 80 millions dont 26 millions au titre du 11è FED.  En matière d’électricité, notre pays a inscrit et obtenu le financement du projet d’interconnexion électrique Ghana-Burkina-Mali avec la construction d’une ligne haute tension de 225 Kv pour un financement de 155 millions d’euros dont 31 millions d’euros financée par l’UE et le reste par la BAD et l’Agence française de développement (AFD). Cette interconnexion se fera sur une distance de 742 km dont 48 km en territoire ghanéen, 298 km pour la partie nationale et 396 km sur le territoire malien. Le troisième projet inscrit dans le pipeline porte sur 250 millions d’euros et sera destinée à la construction d’une centrale solaire à raccorder au réseau national.

Le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement a, en marge des travaux du COS, rencontré le directeur général de la coopération et du développement international chargé de l’aide au développement de l’UE (Directorate-General for International Coopération and Developpment, DG-DEVCO) Stefano Manservisi qui a félicité le Burkina Faso pour sa démocratie exemplaire. Il s’est dit prêt à financer une politique sectorielle de la culture qui permet de créer les chaînes de valeurs, de prendre en compte les promoteurs privés et participer à la création d’emploi.

Il a aussi informé la ministre des possibilités d’obtenir des financements pour mettre en œuvre des politiques en matière de genre et des questions démographiques. M. Manservisi a aussi dit que l’UE a mis en place un fonds de garantie pour les startups et un autre dans le cadre du Plan européen d’investissement pour les entreprises européennes désirant investir dans des zones ou pendant des situations difficiles en Afrique.

Routes et énergie, priorités de la CEDEAO

Au niveau de la CEDEAO, les résultats probants obtenus suite aux dernières recommandations du 3è COS tenu à Lomé en juin 2016 ont encouragé les responsables européens et ouest-africains à s’engager pour la prochaine année à mettre davantage de ressources dans les infrastructures.

Ils ont donc décidé de commun accord, de mettre l’accent dans le secteur de l’énergie pour réduire les énormes difficultés auxquelles sont confrontés tous les pays de la région en matière d’accès à l’électricité. Les deux parties ont également décidé de construire davantage de routes pour désenclaver la région, mais aussi pour des échanges commerciaux plus accrus entre les pays de la région et permettre ainsi une meilleure intégration.

La création de richesses et d’emplois est également un des objectifs de ce programme. Selon le président de la Commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Marcel de Souza qui copréside le COS, les échanges commerciaux entre les pays de l’Afrique de l’ouest sont sept fois inférieurs à ceux réalisés avec les pays de l’Union européenne (UE), principal partenaire commercial et économique de l’Afrique de l’ouest.

«Nous avons fait le choix l’année dernière à Lomé d’investir massivement  dans les infrastructures et nous devons poursuivre cette politique si nous voulons le développement économique et social de notre région», a déclaré de Souza.

Au cours de cette session seize projets en matière d’infrastructures ont ainsi reçu des approbations de financements pour être exécutés. Parmi ceux-ci, il y en a sept en énergie et neuf en transport pour une enveloppe financière globale de plus de 3 milliards d’euros. Ce projet devrait permettre d’avoir un impact notable sur l’accès à l’électricité et le développement des corridors de transport routier.

Trois projets d’infrastructures qui ne figuraient pas sur la liste des projets retenus à la dernière réunion du COS à Lomé en 2016 ont même été retenus augmentant l’enveloppe initiale de 330 millions d’euros. Une nouvelle liste de six projets d’infrastructure d’énergie et huit projets de transport à intérêt régional a également été approuvée. Le COS a aussi recommandé l’ajout d’un projet additionnel de réhabilitation de la transsaharienne sur l’axe Agadez – Zinder au Niger. Mais les fonds n’étant pas disponibles dans l’immédiat, cette route pourrait obtenir un financement lors de la revue à mi-parcours du COS.

Des menaces sur la paix

L’Afrique de l’ouest progresse en matière démocratique mais la paix et la sécurité sont fortement menacées dans la région avec le terrorisme qui sévit dans la plupart des Etats membres. Même si la secte islamiste Boko Haram subit des revers, elle réussit encore des actions sporadiques et, le terrorisme demeure une menace générale pour tous notamment dans le bassin du Lac Tchad et dans le Sahel.

Les deux tiers du territoire malien sont en proie aux activités terroristes et des pays voisins comme le Burkina Faso et le Niger en subissent un contrecoup terrible avec des attaques récurrentes. Dans le domaine de la promotion de la paix, la CEDEAO a fait des efforts énormes en Gambie où elle est intervenue militairement pour faire partir sans effusion de sang le 21 février dernier l’ex président Yahya Djameh. Elle a aussi une force stationnée en Guinée Bissau depuis 2015 où elle travaille à trouver un compromis entre le pouvoir et l’opposition dans ce pays instable depuis plusieurs années. 

Pour aider la CEDEAO à faire face à tous ces défis, le COS a décidé d’apporter des appuis financiers afin de lui permettre de renforcer son système régional de sécurité. Ainsi, 25 millions d’euros iront à la mise en place d’un Système d’information policière de l’Afrique de l’ouest (SIPAO/WAPIS3). Ce système devrait permettre aux forces de sécurité de mettre en place un programme d’enregistrement d’empreintes digitales- (Automated Fingerprint Information System/ AFIS) afin de lutter contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme notamment. Ce programme qui sera basé à Abidjan sera mis en place en collaboration avec INTERPOL chargé de procéder à l’étude de faisabilité.

Dans le cadre du maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité, un autre appui de cinq millions d’euros devrait servir à financer en partie le coût de l’extension, pour une année supplémentaire de la Mission de la CEDEAO en Gambie (ECOMIG) qui comptera 500 soldats au lieu des 2000 demandés par Banjul. Une partie de ce financement servira également à appuyer la CEDEAO dans ses activités de diplomatie préventive à l’orée des élections présidentielles prévues au Libéria en octobre 2017 et dont tout le monde redoute des violences surtout après le départ déjà progrades Casques bleus onusiens.

Cette session du COS à Bruxelles a réuni, outre les présidents de l’UEMOA et de la CEDEAO, les commissaires de ces deux institutions, les ordonnateurs nationaux du FED (les ministres des Finances), les responsables des deux banques régionales de développement (BOAD et BIDC) et d’autre part, l’Union européenne notamment la DEVCO et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE).

La réunion a été coprésidée par le président de la Commission de la CEDEAO Marcel A. de Souza, son collègue Abdallah Boureima de l’UEMOA pour la région Afrique de l’Ouest et  pour l’Union européenne par la directrice pour l’Afrique occidentale et centrale de la DG DEVCO Mme Carla Montesi,  et le directeur exécutif Afrique du SEAE Koen Vervaeke. La 5è réunion du COS pourrait bien se tenir à Ouagadougou en 2018.

Romaric Ollo HIEN

Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles

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