Tribune – « Ahmadou Gani Tamboura : L’homme à qui l’environnement doit sa survie au Burkina !! »

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Ceci est une contribution sur Youssouf Traoré sur l’apport de Ahmadou Gani Tamboura à l’environnement.

Il est le seul homme qui a réussi à faire de tout le sahel sans exception, son fief politique. D’ailleurs, c’est le seul qui jusque-là « a travaillé pour Djibo », selon Belko Tamboura. Ahmadou Gani, plus tard Tamboura, est celui qui a introduit ce patronyme au Soum et dans le Sahel. 29 ans après sa disparition, son œuvre résiste à Djibo, bien que sa personne soit moins connue par la nouvelle génération. Le marché, de bétail et le barrage de Djibo sont entre autres des œuvres qui portent ses empreintes.

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Amadou Gani est officiellement le premier à porter le patronyme Tamboura dans le Soum. Il est celui à qui toute la communauté « Rimaïbé » s’est identifié en adoptant ce nom  après que l’obligation de porter un patronyme en lieu et place du nom du papa  leur soit imposé en 1974.

« Il aimait bien la grandeur. C’était un homme de grandes ambitions, il voyait grand et je l’aimais bien à cause de ça. C’est d’ailleurs sous lui que le ministère de l’environnement a quitté le building Lamizana pour s’installé dans les locaux actuels », indique Sylvestre Bangré Sawadogo, ancien secrétaire dudit ministère lors du passage de Ahmadou Gani Tamboura en tant que ministre de 1976 à 1980. Une grandeur et une vision reconnues à l’homme, mais développées depuis tout petit.

Il naquit à Djibo en 1930. Enfant unique de Gani Arba et de Sama Arba, il fit son parcours scolaire à Djibo et le lycée à Ouahigouya. C’est d’ailleurs dans le Yatenga qu’il  fera la rencontre de feu Gérard Kango Ouédraogo avec qui il se lancera en politique plus tard en 1958, au sein du Mouvement démocratique voltaïque (MDV).  

Sa carrière politique prend son envol véritablement à Dakar où il poursuit ses études de droit. Lors des élections pour la première législature en Haute Volta en 1959 il se présente sous la bannière du MDV. Après un échec à l’issu du scrutin, il s’envole pour les études de douane en France et reviens au pays natal en tant que inspecteur divisionnaire. Avec Feu Amirou Thiombiano, ils sont les seuls Burkinabè à avoir ce grade.     

La consécration du fils du Sahel !

« C’était un intellectuel de haut-vol qui se battait pour défendre ses idées dans le milieu politique et professionnel », selon Edouard Tani, ancien ministre de l’information qui a connu l’homme lors de son parcours après l’étape de France. Amadou Gani Tamboura fut l’adjoint de Amirou Thiombiano à la direction de la douane voltaïque.

Et en 1962, il passe Directeur général après le décès de Thiombiano. Au même moment, le pays bascule au monopartisme et le Rassemblement démocratique africain (RDA) devient le parti d’Etat. Il devint alors militant de cette formation. L’homme ayant sillonné les différents pays de l’AOF, est appelé à la tête de l’Union douanière de l’Afrique de l’ouest (UDAO) en 1965. Et jusqu’en 1974, il sera le secrétaire général de cette institution qui est l’ancêtre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).

Cette posture sera mise à profit pour l’enfant de Djibo de plaider et d’obtenir du gouvernement, la construction du marché de cette ville ainsi que le barrage qui couvre ses parties Est et nord.

Plus tard, il sera l’artisan de la construction du marché à bétail qui réunit jusqu’aujourd’hui plus de 3000 commerçants et acheteurs. En 1976, le président Aboubacar Sangoulé Lamizana lui confie le poste de ministre de l’environnement et du tourisme alors que le pays est dans une transition après un coup de force survenu le 08 février 1974 qui conduit à la suspension de la constitution et la dissolution de l’institution. A l’adoption de la troisième république le 27 novembre 1977, il fut reconduit à son poste. Un poste dont il a cerné la mission et innové dans l’exécution jusqu’en 1980.    

L’architecte du ministère de l’environnement

Amadou Gani Tamboura « a travaillé à donner du contenu à ce ministère », révèle Sylvestre Bangré Sawadogo, son ancien secrétaire général. A cette époque cette notion était définie juste sous l’angle « eau et forêt », a-t-il ajouté. Son premier chantier fut l’élaboration d’un organigramme qui prenne en compte tous les domaines liés à l’environnement.

Ensuite, les premières campagnes de reboisements en été entamées sous son initiative. Au début, ce furent des reboisements industriels dont les cas emblématiques et qui restent visibles aujourd’hui sont la forêt de Gonsé et à Dindérésso sans compter celles de Dori et Sebba. Ensuite la politique de reboisement villageois, familial et individuel a été introduite. L’un des éléments qui a hissé la Haute Volta, à l’époque, au rang de pays modèle dans la sous-région, c’est la valorisation de forêts naturelles qui met le citoyen au cœur de la campagne de reboisement qui a vu naitre les forêts classées.

Le ministre Tamboura était à cette époque le secrétaire général du RDA, « et cela nous vraiment facilité la tâche à travers l’adoption de certains de textes au conseil des ministres », a exprimé Sylvestre Sawadogo. D’ailleurs il décrit Amadou Gani Tamboura comme un homme calme, très réservé, qui ne prenait jamais de décision à chaux. Il se donnait tout le temps d’analyser et de peser les enjeux avant de se prononcer, non sans consulter.

C’est d’ailleurs lui qui a pesé de tout son poids pour que le ministère aménage dans ses locaux actuels. Un bâtiment qui était destiné au système des Nations unies. Mais pour des questions de goût, la représentation onusienne s’est désisté et le ministère a quitté le building Lamizana pour s’y installé. Plusieurs actions sont à son actif, mais le seul grand regret pour lui a été de n’avoir pas pu faire ériger le bâtiment de la direction générale de l’environnement. Il a toujours eu une vision nationaliste malgré sa forte influence politique à l’époque et son attachement à son terroir selon ses anciens collaborateurs.

Amadou Gani Tamboura côté Jardin

La politique, le travail, la famille et le  social, tout avait une place chez l’homme qu’il a été. Sylvestre Sawadogo a côtoyé l’homme tous les jours pendant les trois années qu’a duré leur collaboration. Il affirme  n’avoir jamais été démarché par  Tamboura pour intégrer une officine politique. « Il savait distinguer la politique et le travail », dit-il.

Mais l’homme pour lui, « avait un calme effrayant ». Sa fille Aïda Tamboura le décrit également comme « un homme très affable ». Un homme qui cherchait toujours le consensus et toujours prêt à servir. « Je ne l’ai jamais vu élever le ton », déclare sa fille qui le présente comme un modèle de solidarité, de fraternité et d’humanité. Avec ses 15 enfants, il a été un père assez exemplaire même si sa fille souffle qu’il lui arrivait des fois où il soit plus occupé par les instances politiques au point de ne pas accorder de temps pour la famille. Mais Tamboura a gardé ses idéaux et sa conviction jusqu’à son dernier souffle.

L’héritage de Tamboura

Son premier héritage dans le Soum est le patronyme qu’il a introduit dans cette région du pays. Au-delà, son patrimoine immobilier, très important, est jusqu’à nos jours imposant dans la ville de Djibo. A cela s’ajoute les actions initiées par ses soins au sein du ministère.

« Mon père a tout sacrifié, il nous a même sacrifié par moment pour la politique, mais aujourd’hui il a été complètement oublié », regrette sa fille ainée. Aujourd’hui l’œuvre de Amadou Gani Tamboura est aussi méconnu que sa personne. Certains arguments font état de ses problèmes vécus sous la révolution démocratique et populaire d’Août 1983.

Mais tout compte fait, une œuvre, politique soit-elle, s’insère dans le domaine social et l’initiateur a tout le moins le droit d’être reconnu. L’histoire des hommes tient de leur valeur et Tamboura était de ceux dont la valeur ne saurait être évaluée ou contée.

Youssouf Traoré

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5 commentaires

  1. Les grands hommes ne sont jamais oubliés, merci à mr Youssouf Traoré de nous fait connaitre mr papa Amadou Gani Tambours « les grands hommes restent les grands hommes »

  2. merci ! merci ! merci ! cher papa, que ton âme repose en paix ! puisse-tu inspirer les nouvelles générations !

  3. Merci beaucoup à Burkina 24 et particulièrement à Youssouf Traoré, cet article nous a permis d’apprendre et de connaitre une partie de l’histoire de notre pays je suis sûre qu’ils sont nombreux à n’ai pas entendu parler de ce Monsieur Amadou Gani TAMBOURA. N’oublions pas nos valeureux citoyens qui ont beaucoup fait pour notre partie.

  4. bon à savoir. Merci pour cet effort et vivement que son œuvre puisse nous inspirer pour le bien du soum et de tout le Burkina.

  5. C etait un visionnaire et il voulait un grand avenir pour son pays.

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