Fonds communs : « Que ça serve à l’Etat et à tous les fonctionnaires »

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La question des fonds communs fait couler beaucoup d’encre et de salive au Burkina Faso. Les avis divergent sur les réseaux sociaux. Si certains sont convaincus de son bienfondé, d’autres militent pour son abrogation de la fonction publique ou l’extension de l’argent récolté à tous les fonctionnaires. El Hadj Harouna Gouem, commerçant à Ouagadougou, fait partie du deuxième camp de figure. Il menace de ne plus payer les taxes si les fonds communs ne sont pas utilisés de façon équitable.

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Les fonds communs existent au Burkina Faso depuis belle lurette, notamment à la douane depuis février 1963 et aux impôts à partir de 1965. Ces fonds sont destinés à motiver des agents de l’Etat en raison de la spécificité des missions dévolues à leur département.

« Même à la Présidence du Faso et au Premier ministère, il y a des fonds communs », murmurent certains. Mais, la révélation récente par la ministre des finances du montant total de ce fonds tombe tel un coup de massue : environ 55 milliards de FCFA par an. Des agents du ministère des finances font partie des fonctionnaires qui perçoivent les fonds communs.

La Coordination des syndicats dudit ministère, appelant les autorités au respect de leur engagement, menace de partir en grève du 4 au 5 avril 2018 sur toute l’étendue du territoire national, dans les ambassades et consulats du Burkina Faso à l’étranger. Elle s’est par ailleurs prononcée sur le sujet.

« Nous n’allons pas renoncer au fonds commun. C’est un droit. Madame la ministre a passé sous silence les montants qu’elle et ses proches collaborateurs perçoivent en termes de fonds commun, sans compter les salaires et autres avantages financiers », faisaient comprendre les syndicats dans leur déclaration liminaire.

« Nous n’allons plus continuer à payer les taxes pour que des gens continuent à piller »

El Hadj Harouna Gouem ne l’entend pas de cette oreille. Ce commerçant et PDG de la société GH Constructions SARL se demande comment un bonus puisse dépasser un salaire. « Nous ne pouvons pas continuer à payer nos taxes, nos impôts pour que certains fonctionnaires se les partagent. C’est de l’abus, de l’iniquité », s’indigne Harouna Gouem, également Porte-parole de la Coalition nationale des acteurs économiques pour un commerce équitable.

La coalition regroupant plusieurs organisations de la société civile est en concertation et se prépare à agir à travers notamment une conférence de presse. S’agissant du fonds commun, le bon fonctionnaire en faisant son travail convenablement, explique le commerçant, ne doit pas s’attendre à de l’argent.

« Le fonctionnaire doit s’attendre à une nomination, ou une décoration, ou encore une montagne d’échelons. Ce n’est pas de l’argent du contribuable qu’il faut se partager, surtout à ce montant. Et ils osent taper du poing sur la table qu’ils vont lutter pour conserver ce fonds. C’est ce qui crée des grognes dans la fonction publique, des fonctionnaires du même Etat ne bénéficiant pas de ces avantages. Les revendications ne vont pas cesser tant qu’il n’y a pas d’équité », avance-t-il.

El Hadj Harouna Gouem souhaite, en tout cas, la suppression du fonds commun, à défaut d’étendre les fonds récoltés à tous les fonctionnaires de l’Etat : « Que les fonds et les recettes du contribuable soient récoltés, mais que ça serve à l’Etat et à tous les fonctionnaires et non à quelques individus ».

« A la limite, prévient-il, si le gouvernement ne peut pas supprimer les fonds communs, nous allons simplement lui demander de trouver des gens à qui nous allons verser les sommes. Sinon, nous n’allons plus continuer à payer les taxes pour que des gens continuent à piller ».

Noufou KINDO

Burkina 24

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Noufou KINDO

@noufou_kindo s'intéresse aux questions liées au développement inclusif et durable. Il parle Population et Développement.

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4 commentaires

  1. pays la même, nous allons ou avec ces grèves perlées. Il faut par moment privilégier la force pour restaurer l’autorité de l’Etat.

  2. On n’a pas besoin d’être un éclairé pour se rendre de ce pillage organisé. Les commerçants sont juste dans leur droit et soutien total a vous. Le problèmes, est que ce fonds n’a jamais réussi a stopper la corruption dans ce secteur. Ils passent leur temps a arnaquer et a sous taxer au profit de leur poche. C’est du n’importe quoi !!!!

  3. Les fonds communs ont leur raison d’être mais avec l’évolution de la vie économique du pays la législation n’a pas accompagné les fonds communs. Certainement qu’au départ les fonds ne représentaient pas une forte somme. Maintenant que l’économie du pays a évolué il faut donner des limites à percevoir un minimum et un maximum à ne pas dépasser et le reste des fonds reversé sur les caisses de l’Etat pour servir au pays. Ainsi l’esprit des fonds est sauvegardé et le pays continue à bénéficier des ressources pour le bonheur de ses fils et filles.

  4. Tout à fait d’accord avec M. Goem.
    Je pense qu’il faut utiliser le fonds commun en l’étendant à tous comme 13è mois. Ce sera plus équitable.
    Mais l’idéal ce serait de le supprimer et proposer des motivations à tous. C’est le prix de la non transparence.
    Bravo à Mme la Ministre des finances pour avoir osé évoquer ce sujet « tabou ».

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