Intelligence économique : Le Burkina n’en fait pas « jusqu’à présent »

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« L’intelligence économique, ça n’attire pas les foules ». C’est par cette phrase qu’Éric Delbecque, débute son livre ’’L’intelligence économique pour les nuls’’. Qu’en est-il au Burkina ?

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Alain Sara, auteur de Stratégie de sécurité économique pour le Burkina Faso, est formel : « Jusqu’à présent, il y a des démarches d’intelligence économique (IE), mais on ne fait pas de l’intelligence économique au Burkina Faso ». Cet officier de l’armée, membre de la commission mise en place seulement cette année pour y réfléchir, ne cache pas son amertume. Est-ce qu’aujourd’hui, nous voulons être parmi les premiers ou nous voulons toujours être parmi les derniers ?, interroge Alain Sara. Le pays est obligé d’y trouver réponse. Et vite.

« Il faut qu’on travaille à avoir des champions nationaux (…). C’est de cela dont nous avons besoin au lieu d’être dans les débats qui ne produisent rien », pointe Alain Sara.

Le capitaine est soutenu dans son argumentation par Aouba Mamadi, colonel à la retraite, président du club de la sécurité des systèmes d’information du Burkina (CLUSI-BF) et membre de la Commission de l’informatique et des libertés (CIL). « Nous sommes dans un monde fortement concurrentiel. Si on n’y prend garde, alerte-il, nous serons les derniers ».

« Beaucoup » d’appétence pour l’IE au Maroc et en Tunisie

L’appel au réveil de l’auteur de Stratégie de sécurité économique pour le Burkina Faso confirme les observations de l’auteur de L’intelligence économique pour les nuls qui décrit l’Intelligence économique telle un arsenal de pratiques totalement combinées qui allient veille, sûreté et influence. Du constat fait par Eric Delbecque, (constat qu’il dresse dans l’émission Intelligence économique animée par Ali Laidi sur France24), il ressort qu’ « on est très loin de quelque chose de satisfaisant dans l’appropriation de l’intelligence économique dans les entreprises ». Pire, l’écrivain dit avoir le sentiment qu’on ne comprend pas bien mais qu’un certain nombre de gens s’ingénient à ne pas vouloir le comprendre bien.

Loin du cas burkinabè, où la classe dirigeante ne fait pas de l’intelligence économique la priorité des priorités de l’heure, E. Delbecque a constaté qu’il y a une « très grande appétence » pour l’IE sur le continent africain, notamment « beaucoup » au Maroc et en Tunisie et « même en RDC ». Et cela s’explique.

Dans les pays où ce n’est pas le cas, cela peut s’expliquer selon lui par ce « petit syndrome de la tour d’ivoire » typique des chefs d’Etat et d’entreprises, ces décideurs qui vont jusqu’à penser que l’intelligence économique, « ça doit être géré à des échelons subordonnés, tactiques ». Cet état d’esprit est la résultante du fait qu’ « ils ne conçoivent pas le caractère déterminant de ces questions et comment cela peut amener des problèmes importants pour l’entreprise ».

Apprendre à bâtir ensemble pour améliorer notre vivre-ensemble

Penser intelligence économique pour le capitaine Sara, c’est penser culture stratégique. C’est surtout parler puissance. La capacité de faire. La capacité de faire faire. La capacité de refuser de faire. Et la capacité d’empêcher de faire. Et si Eric Delbecque classe décideurs politiques et chefs d’entreprises dans le même panier, c’est parce que pour lui, l’intelligence économique recommande d’« en finir avec ce débat opposition public-privé dans le jeu économique ».  Dans le même ordre d’idée, résume Alain Sara, « l’intelligence économique, c’est de l’intelligence collective. » Perçu ainsi, « il faut qu’on arrive à se mettre ensemble », oriente-t-il.

Organiser un séminaire de formation sur l’Intelligence Économique, la sécurité et les aspects juridiques du Cloud Computing, il fallait le faire, apprécie Alexandre Al-Hassan Kabré, directeur du cabinet d’Intelligence économique et développement durable.

Ce chef d’entreprise s’inscrit dans la même logique que les deux auteurs. « Dans les différents domaines assez spécifiques comme l’intelligence économique, il faut que les acteurs se retrouvent et travaillent ensemble. C’est véritablement si on apprend à bâtir ensemble qu’on peut améliorer notre vivre-ensemble », a-t-il analysé.

Oui Koueta

Burkina24

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Oui Koueta

'The vitality of a country can also be measured through that of its journalists'

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