Procès du putsch : « Je n’ai jamais voulu du sang »

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Le cerveau de l’attaque de la poudrière de Yimdi est aussi impliqué dans le procès du coup d’Etat de septembre 2015. Le sergent-chef Aly Sanou, ex soldat du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire aggravée de biens, incitation à commettre des actes contraires à la discipline. Il a comparu le mardi 17 juillet 2018 en niant les faits qui lui sont reprochés.

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17 ans de prison ferme. C’est la peine que purge actuellement le désormais radié de l’armée burkinabè, le Sergent-chef Aly Sanou, accusé dans le procès du putsch. Relatant sa « vérité » sur son implication ou sa présumée implication, l’accusé Sanou explique avoir reçu un coup de fil du sergent-chef Roger Koussoubé lui demandant de les rejoindre. « Quand je suis arrivé, Koussoubé m’a dit d’aller voir (le major) Badiel. Quand j’ai vu Badiel, il m’a dit d’attendre que le général (Diendéré) va venir », a avancé l’inculpé.

« Même au temps du président Blaise Compaoré »

Aly Sanou, comme pratiquement tous les accusés qui sont passés à la barre, a affirmé avoir « exécuté des ordres militaires ». Et comme ordres, ceux-ci provenaient  « la plupart du temps » du major Eloi Badiel. Ainsi, dans la soirée du 16 septembre 2015, Aly Sanou reconnait avoir désarmé les gardes des « autres ministres » stationnés au parking de la Présidence.

Il explique que « même au temps du président Blaise Compaoré, ça se faisait. Ce n’est pas tous les éléments de sécurité qui entrent dans le périmètre de sécurité ». Mais le hic, l’accusé ne révèle pas comment ce désarmement a été fait puisque, selon ses mots, lui-même n’était pas armé. Malgré les insistances de Me Prosper Farama, avocat des parties civiles, Aly Sanou n’en dira pas plus avançant seulement avoir utilisé des « expressions pour les convaincre ». Ironisant, l’avocat des parties civiles qualifiera « les expressions » d’Aly Sanou de « magiques ».

« … un mensonge cohérent »

Pour autres actions, l’inculpé reconnait avoir effectué des missions sur Zorgho et au studio Abazon appartenant au célèbre rappeur burkinabè, Serges Bambara allias Smockey. A la Radio Laafi de Zorgho, l’inculpé ne nie pas sa présence dans les lieux, mais réfute toute implication dans l’incendie et nie avoir vu les auteurs. Il aura les mêmes mots pour ce qui concerne sa présence aux abords du studio Abazon où une roquette incendiaire a été lancée. L’accusé affirme n’avoir pas assisté au tir.

Ces déclarations tranchent avec celles contenues dans ses procès-verbaux, selon le Parquet militaire qui commentera : « il est très difficile de concevoir un mensonge cohérent ». Cette phase a provoqué l’ire de l’accusé qui demande à ne pas être qualifié de « menteur ».  Et à Me Guy Hervé Kam de rajouter que l’accusé a « parfaitement le droit de mentir ».

Pour le reste des journées concernées par le coup d’Etat, Aly Sanou nie avoir effectué des tirs, sauf à l’entrée de l’hôtel Lybia où il a fait usage d’un pistolet SAPL (qui permet des tirs de munitions non létales mais à forte détonation, ndlr) pour tirer en l’air. Mais il reconnait, lors d’une mission vers le maquis la Ouagalaise, avoir « involontairement » donné un coup de cordelette à un manifestant. « Ce n’était pas mon intention de faire du mal. S’il m’écoute, je lui demande pardon », soutient Aly Sanou.

Le « merci papa »

Aussi, sur questionnement du Parquet, l’accusé dément avoir reçu un transfert d’argent pour « combattre ». C’était le « merci papa », dit-il. « Les gens demandaient le ‘’merci papa’’ pour mettre leurs enfants à l’école », poursuit Aly Sanou. « C’est quoi le ‘’merci papa’’ », interroge le président du tribunal. « C’est quand le président Blaise Compaoré était là, on gagnait ça et on disait ‘’merci papa’’. Les gens attendaient ça pour inscrire leurs enfants à l’école (…). C’était peut-être 30.000f (…). Comme ça fait longtemps, je ne me rappelle plus du montant », explique l’inculpé qui indique que même sous la transition, les éléments du RSP ont eu droit au « merci papa ». « C’est un droit. Ce n’est pas de l’argent pour combattre », poursuit-il.

L’accusé Aly Sanou a, en fin d’audition, en guise de repentance, avoué qu’il regrettait les morts et les blessés. « Je n’ai jamais voulu du sang », dit-il. Il a tenu également à lancer un message à l’endroit de ses supérieurs : « il y a des gens dans des V8 et des V6 qui circulaient (lors du Coup d’Etat, ndlr) mais qui ne sont pas ici (sur le banc des accusés, ndlr). Ils sont protégés par qui ? », questionne l’inculpé avant d’adresser des mots plus spécifiquement au major Badiel Eloi : « il connait combien de véhicules étaient sur le terrain. Je lui demande pardon, il n’a qu’à venir dire. C’est lui qui nous a mis sur le terrain ».

Lire 👉 Procès du putsch de septembre 2015 au Burkina : L’intégralité

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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