Burkina : Abdoul Rafat Ouédraogo revient avec une éolienne

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Il a été révélé au monde entier à travers la fabrication de la première voiture ou voiturette électrique made in Burkina Faso. Elève en 2016, aujourd’hui, Abdoul Rafat Ouédraogo est étudiant au Maroc, à l’Ecole nationale des sciences appliquées de Khouribga, après avoir obtenu une bourse d’étude de cinq (05) ans. « C’est le jour de l’interview (le 19 septembre 2016, ndlr) qu’on m’a appelé pour dire que j’ai obtenu une bourse », avoue Abdoul Rafat Ouédraogo. Après deux années d’études en tronc commun, pour sa troisième universitaire 2018-2019, l’étudiant compte opter pour le génie électrique, autrement dit, ce qui concerne la robotique. Lors de ses vacances à Ouagadougou, en septembre 2018, Abdoul Rafat Ouédraogo s’est lancé dans un nouveau projet et Burkina 24 est encore allé à sa rencontre.

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La voiture monoplace fabriquée par Abdoul Rafat Ouédraogo trône toujours au milieu de la villa familiale à Belleville à Ouagadougou. Sur la terrasse carrelée tout de blanc, les signes de l’esprit créatif de cet étudiant de 21 ans sont visibles. Tournevis par ci, moitié de câble ou ferrailles par-là, rien d’étonnant ! Le fils baigne presque dans la même rivière que son père, Victor Ouédraogo, soudeur métallique.  ‘’Le chantier’’ déblayé, place nous est donné.

Même si les projets et les ambitions de ce jeune Burkinabè mordu de technologie évoluent, il n’oublie pas ses anciennes réalisations. La voiturette a été customisée la rendant téléguidée. A la suite de la publication de l’article sur Burkina 24, Abdoul Rafat Ouédraogo indique avoir été contacté par plusieurs personnes, mais dit-il, « la plupart, c’était pour m’encourager ». Par contre, concernant les autorités administratives de son pays, l’engouement était moindre. « Personne ne m’a contacté dans ce sens », regrette-t-il.

Burkina : Un jeune de 19 ans fabrique une voiture électrique

Contrairement à notre première rencontre en septembre 2016 au cours de laquelle Abdoul Rafat Ouédraogo s’était montré très timide, en septembre 2018, soit deux ans plus tard, il affiche une sérénité exceptionnelle et une confiance en soi très remarquable. Là, il prend les devants. Khouribga l’a métamorphosé et bonifié  ! « Ceux qui me connaissaient savent que j’ai changé. Je me dis que si c’est possible, il faut envoyer les gens à l’extérieur pour qu’ils comprennent certaines réalités. J’ai beaucoup appris de la vie », raconte Abdoul Rafat. Malgré tout, le jeune homme arbore toujours le même sourire innocent. 

Pour revenir à la voiturette électrique, l’étudiant a utilisé des modules radios et des cartes électroniques programmables pour la commander à distance sur un rayon d’un kilomètre. Succès ! Mais « au début, il y avait des défaillances. Je me rappelle que ça a failli cogner la maison de notre voisin », explique Abdoul Rafat Ouédraogo en s’esclaffant. « J’ai appuyé, ça roulait et je n’avais plus le contrôle. J’ai couru et j’ai pu débrancher une fiche et ça s’est arrêté. Mais comme c’était le début, on apprend de ses erreurs et on s’améliore », poursuit-il.

Abdoul Rafat Ouédraogo a été aidé pour l’installation de l’éolienne

Foi d’Abdoul Rafat, ces écarts ont été corrigés et, à distance, la voiturette « peut faire marche-arrière, marche-avant, tourner à gauche et à droite ». La démonstration a été faite devant nous et tout roule à merveille. Pendant que ce travail se faisait, Abdoul Rafat cogitait également sur un autre projet. Le boursier a mis à profit ses vacances à Ouagadougou pour s’essayer à l’éolienne ou moteur à vent avec pour ambition, la production d’électricité. Précision, une éolienne est une machine qui transforme l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique qui, par la suite, est transformée en énergie électrique.

« On se cache derrière certains arguments pour ne rien faire »

L’idée poursuivie par l’étudiant est d’implanter un moteur à vent dans chaque village non électrifié du Burkina Faso pour l’alimentation en électricité en termes d’éclairage public en sus de l’apport du solaire. « On peut faire au fur et à mesure », propose-t-il. Cette idée d’Abdoul Rafat est partie d’un constat. Au Burkina Faso, « notre énergie primaire, c’est le soleil ». Mais à défaut de pouvoir concevoir les cellules photovoltaïques pour la fabrication des panneaux solaires, Abdoul Rafat s’est tourné vers l’exploitation d’autres sources telles le vent et l’eau. Son choix s’est plus porté sur l’exploitation du vent. Les recherches et les croquis avaient déjà été entamés depuis Khouribga au Maroc avant ses vacances à Ouagadougou.

Un voyage en mi-juillet 2018 à Kaya dans le centre-nord du Burkina Faso lui a permis de mesurer l’intensité du vent (3m/s en moyenne). « Théoriquement, dans mes recherches, il est dit que si le vent atteint 5m/s, c’est exploitable. Mais je ne voulais pas abandonner. Parce que j’ai parlé de ce projet à des gens qui m’ont dit qu’au Burkina Faso, il n’y a pas assez de vent. En fait, on se cache derrière certains arguments pour ne rien faire. Je me suis dit, je vais rentrer et je vais réaliser ça », retrace Abdoul Rafat. De retour dans la capitale, le travail commence.

C’est dans l’atelier familial à Pissy,  haut lieu de l’expression ingénieuse d’Abdoul Rafat Ouédraogo, avec le soutien de son père Victor Ouédraogo, que le projet a pris forme. Une éolienne composée de trois pales, chacune de 4 kilogrammes et de 2 mètres de longueur, une génératrice triphasée d’une puissance de 600 watts avec son moteur, le tout monté sur trois pieds en tubes galvanisés de 5 m de hauteur a vu le jour et installé à Kaya en début septembre 2018.  « C’était beau à voir et j’étais content. C’était une joie en moi de pouvoir réaliser ça », commente le mordu de la robotique.  

Vidéo – Tout sur le moteur à vent fabriqué par Abdoul Rafat

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Mais l’expérience du jeune innovateur a été brève. L’éolienne, entièrement conçue avec des matériaux trouvés localement et fixée sur la montagne, n’a pas résisté au vent. « C’était le lundi 3 septembre 2018 », se rappelle très bien l’innovateur. Qu’à cela ne tienne, loin de la déception, Abdoul Rafat a laissé transparaître une opiniâtreté exemplaire. « Si toutefois les conditions sont réunies, je suis déterminé à recommencer parce que j’ai beaucoup appris. C’est vrai que c’est ‘’une perte’’. Mais vraiment, j’ai beaucoup appris », a-t-il fait savoir. Hormis la génératrice ramenée du Maroc, Abdoul Rafat a entièrement utilisé des matériaux accessibles localement pour la fabrication de l’éolienne. Derrière cette volonté du jeune homme, c’était de limiter ce qui peut être importé. « Il faut partir de ce qu’on a pour réaliser ce qu’on veut », dit-il.

A côté de l’exploitation du vent, Abdoul Rafat Ouédraogo pense également à celle du soleil, mais il se refuse « d’acheter les panneaux solaires ». Si l’on veut exploiter le soleil, il ne s’agit pas d’acheter des panneaux pour installer, « mais essayer de trouver par nous-mêmes des moyens (…) Mais jusque-là, pour ma part, je ne vois pas une méthode exceptée d’acheter les panneaux solaires. Le jour où je vais trouver, je vais le réaliser. Pour le moment, j’ai vu qu’avec le vent, je peux le faire ». En somme, l’étudiant veut tout fabriquer avec du matériau accessible localement. 

Vidéo – Le message de Victor Ouédraogo, père d’Abdoul Rafat

Depuis que son fils met en œuvre ses projets, Victor Ouédraogo n’hésite à aucun moment à l’accompagner. Pour sa récente réalisation, le moteur à vent, sans être exhaustif, il affirme que c’est au moins 500.000 f CFA qui y ont été injectés. Pour l’heure, il est le seul financeur des projets de son fils.

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Le jeune innovateur, loin de s’ériger en donneur de leçons, il l’a précisé, a invité les jeunes à avoir des rêves et à se battre pour les réaliser. « Quelles que soient les difficultés, dit-il, il faut les braver et aller toujours de l’avant ». A l’endroit des autorités, la requête d’Abdoul Rafat a trait à l’information. Il y a des projets et des appuis, mais beaucoup de personnes ne sont pas informées. Il y a des gens qui ont des idées, mais ils ne savent pas qu’il y a des gens qui peuvent les accompagner, relate-t-il.

Dans la poursuite de notre démarche, à travers nos recherches, il s’est révélé qu’il existe particulièrement un fonds mis en place par l’Etat burkinabè. Ce fonds est spécialement dédié aux innovateurs et chercheurs qui résident sur le territoire national. Il s’agit du Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID). La méthode de financement utilisée par le FONRID est l’appel à projet

Depuis mi-septembre 2018, l’étudiant a dit au revoir à ses parents. Abdoul Rafat Ouédraogo est retourné au Maroc pour trois années d’études afin de poursuivre son rêve, celui d’exceller dans la robotique. « Je ne suis pas sûr de revenir (au pays) avant ces trois années ». Mais concernant son éolienne, l’étudiant reste résolu : « Si c’était à faire, je suis sûr que ce n’est pas ce genre de vent qui va la faire tomber. J’ai vu les failles (…) Je n’ai pas tiré toutes les leçons, mais j’ai tiré des leçons ».

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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7 commentaires

  1. Quelle ingéniosité!! Vraiment courage abdoul rafat.

  2. Il faut accompagner ce burkinabè. L’argent qu’on dépense en subvention des partis politiques doivent revenir à ces burkinabè.

  3. J’ai aimé l’article et le travail du journaliste qui a suivi l’étudiant Ouadrago, depuis sa voiture et maintenant. Pourquoi les étudiants comme celui-ci ne sont pas coaché par le gouvernement ?

  4. Je viens de découvrir un autre burkinabé qui a du talent. Il est très intelligent ce jeune. Le gouvernement doit tout faire pour que ce jeune revienne au pays après ses études et lui donner les moyens pour évoluer.

  5. Je viens de découvrir un autre burkinabé qui a du talent. Il est très intelligent ce jeune. Le gouvernement doit tout faire pour que ce jeune revienne au pays après ses études et lui donner les moyens pour évoluer.

  6. J’ai aimé l’article et le travail du journaliste qui a suivi l’étudiant Ouadrago, depuis sa voiture et maintenant. Pourquoi les étudiants comme celui-ci ne sont pas coaché par le gouvernement ?

  7. Il faut accompagner ce burkinabè. L’argent qu’on dépense en subvention des partis politiques doivent revenir à ces burkinabè.

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