Marche de la CCVC : « Le peuple burkinabè sait être patient mais quand on le pousse jusqu’au bout… »

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La Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) s’oppose à la « mesure brusque, injustifiée et injustifiable prise dans un contexte extrêmement difficile pour la très grande majorité de nos populations des villes et campagnes qui ploient sous le poids de la vie chère et la misère ». Les organisations qui la composent ont battu le pavé le 29 novembre 2018.

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Le 8 novembre 2018, le conseil des ministres décidait de l’augmentation de 75 F CFA le prix de l’essence et du gasoil. Chrysogone Zougmoré, premier vice-président de la CCVC, a sa petite idée sur les raisons de cette décision. Pour lui, le gouvernement joue au sourd-muet face aux appels incessants à effectuer des audits indépendants de certaines sociétés d’Etat dont la SONABHY, qui semble constituer une caverne d’Ali Baba pour les différents régimes se succédant au pouvoir.  

Zakaria Nadia est militant CGT-B. Avec ses camarades, il a pris part à la marche pour aller remettre la plateforme avec pour exigence principale, le « retour au prix d’avant la décision d’augmentation du prix du hydrocarbures ».

Remise de la plateforme revendicative au ministre du commerce Harouna Kaboré par le premier vice-président de la CCVC Chrysogone Zougmoré

Les arguments avancés ne l’ont pas convaincu. « Elles ne tiennent pasparce qu’au plan international, on voit que le prix du carburant ne fait que baisser. Depuis l’annonce d’ailleurs, ça avait commencé à baisser. Donc c’est injustifié », juge-t-il. « Où sont rentrées ses économies faites par la SONABHY ? », interroge, le syndicaliste avec en mémoire les justifications d’économies à faire sous la Transition « en vue des périodes difficiles ».

Effort de guerre ?

« L’effort de guerre doit venir d’abord du gouvernement qui doit donner le bon exemple. Vous avez vu le salaire des ministres ? Chacun vient avec un contrat où il propose son salaire. C’est ahurissant. Et on parle d’efforts de guerre », s’indigne le militant CGT-B. « Tous ces ministres, ils ont des bons de carburant. Eux leur effort se situe à quel niveau ? C’est la question. C’est le pauvre citoyen qui va payer tout cela », embouche Christophe Cissé, sympathisant du Syndicat des agents des finances (SYNAFI).

Chrysogone Zougmoré a remis au ministre Harouna Kaboré le pli fermé contenant la plateforme de la CCVC de sept points.   Ce sont le retour aux prix d’avant augmentation, la relecture de la structure des prix des hydrocarbures conformément aux conclusions d’un atelier interministériel sur la question tenue à Bobo-Dioulasso en juillet 2009.

La CCVC exige également l’audit « indépendant » de la SONABHY et de la SONABEL impliquant les structures de lutte anti-corruption et celui du secteur minier et  larelecture « au bénéfice de la nation, des conventions passées avec les sociétés d’exploitation minières qui pillent [les]ressources et qui les expatrient à moindres frais ».

La coalition y ajoute l’identification et la saisie de biens et fonds détournés par les dignitaires du régime de Blaise Compaoré, le recouvrement effectif et exhaustif des créances de l’Etat et enfin l’arrêt des atteintes aux libertés syndicales.

« Je vais transmettre dès aujourd’hui la plateforme au Premier ministre »,  a promis le ministre avant d’ajouter qu’il « [a] bon espoir que les légitimes revendications trouveront écho auprès du gouvernement. Nous allons nous employer à trouver les réponses idoines ».

« Nous estimons que trop c’est trop », premier Vice-président de la CCVC

Chrysogone ne cache pas son souhait que la plateforme fasse l’« objet d’une attention particulière et surtout un examen diligent et sérieux ».

« Le premier des arguments avancés par le gouvernement tombe à l’eau. Le prix du baril à l’international a fortement baissé. On nous parle de problèmes de gestion au niveau de la SONABHY. Nous n’en sommes pas responsables. On nous demande un effort de guerre alors que le train de vie de l’Etat ne fait qu’accroître avec des achats de véhicules, des créations d’institutions inutiles et budgétivores. Nous estimons que trop c’est trop ».

Participation du Balai citoyen et de militants de partis politiques

La marche-meeting en cette journée de protestation, « c’est un mot d’ordre d’avertissement », prévient le secrétaire général de la Confédération générale du Travail du Burkina (CGT-B). Ce mot d’ordre, le Balai citoyen, un mouvement clé dans la survenue de l’insurrection, a indiqué la veille 28 novembre qu’elle y prenait part.

Ce que certains de ses militants ont fait. Vêtus de leur t-shirts noirs ou rouges, ils étaient perceptibles.  Pour Chrysogone Zougmoré, cette participation alliée à celles de militants de partis politiques affiliés à l’opposition est la preuve que « c’est une cause noble, populaire ». Et « cela réconforte », dira-t-il.

Les marcheurs ici sur l’avenue de la nation en partance pour le ministère de l’industrie, du commerce et de l’artisanat sis sur l’avenue de l’indépendance.

« Le peuple burkinabè est patient, mais… »

Dans une circulaire datée du 28 novembre 2018, le ministre de la sécurité a adressé au chef d’état-major de la gendarmerie une « réquisition particulière » de gendarmes pour le « maintien de l’ordre dans le cadre de la marche de la coalition contre la vie chère ». C’est à en faire rire  Basolma Bazié, secrétaire général de la CGT-B.  

« Qu’ils soient des gendarmes, des policiers, des militaires, ce sont des frères burkinabè. Du reste, dans leurs engins, ils ne circulent pas avec de l’eau plate. C’est avec du carburant », dit-il. « Ce n’est plus une question partisane parce qu’il s’agit de l’augmentation des prix des hydrocarbures qui ont une répercussion sur l’ensemble des prix donc par ricochet sur le niveau de vie des populations qui est déjà très misérable », entonne Christophe Cissé du SYNAFI.

Et le ’’général’’ Bazié comme il est affectueusement appelé dans le milieu syndicaliste de clore son intervention par un avertissement : « Le peuple burkinabè sait être patient, magnanime mais quand on le pousse jusqu’au bout, il montre également qu’il sait pousser jusqu’au bout ».

Oui Koueta

Burkina24

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Oui Koueta

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