Démolition de « non loti » à Bobo : « On nous avait également humiliés de la sorte en Côte d’Ivoire… »

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A l’arrondissement 7 de Bobo-Dioulasso, des familles ne savent plus à quel saint se vouer. L’opération de démolition des habitats spontanés  du secteur 29 par la mairie le 3 décembre 2018 a fait de nombreux sans abri. Pour certains sinistrés, c’est une situation qui rouvre les plaies  des blessures autrefois subies à l’étranger. Témoignages.

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Dame KS au quartier « non loti » du secteur 29 de la ville Bobo-Dioulasso était dans un état lamentable quand nous l’avons rencontrée. Agée de 36 ans, la désormais « Sans domicile fixe », à l’image des autres déguerpis, peine à réaliser ce qui lui arrive.  A notre rencontre du mercredi 5 décembre 2018, elle affirme avoir passé les deux dernières nuits sur les décombres de son ancien toit. 

«  Nous dormons dans le froid. On voudrait bien partir, mais où ?», lâche-t-elle dans un soupir. Revenue en catastrophe  du pays de l’Eléphant, cette mère de deux enfants  confie sa mésaventure. Elle a vécu sept années durant, une vie de misère dans plusieurs zones d’habitats précaires, sans jamais réaliser son rêve de se voir attribuer un lopin de terre.

Vue du site après l’opération de démolition

Le regard perdu, IS, l’air tout aussi désemparé, revient sur la scène de ce matin du lundi 3 décembre 2018, date à laquelle il a également assisté impuissant au chamboulement de sa vie. « Même après avoir cassé la maison, ils froissent les tôles au point de les rendre irrécupérables. Nous avons perdu plus que du matériel, nos vies sont détruites », conclut-il  d’un ton amer.

On ne choisit pas de vivre dans un « non loti »

L’humiliation d’être « lâché en pâture » dehors,  A S en a l’amère expérience. Du haut de ses 37ans, il subit pareil désastre pour la deuxième fois. Son ressentiment est donc plus profond. « On nous avait également humiliés de la même sorte en Côte d’Ivoire. Face à notre douleur, nous nous étions consolés à l’idée que c’est parce que nous étions des étrangers », dit-il, avant de se demander comment surmonter « cet affront » à lui infligé dans sa patrie.

 Au-delà de l’anarchie régnante dans les quartiers non lotis, les témoignages des sinistrés révèlent surtout un instinct de survie face à  une politique de logement qui semble ignorer la cause des plus démunis. « Nous ne rêvions pas  de ces habitats précaires. Notre situation de pauvreté ne nous a pas laissé le choix », hurlent-ils. S’ils en avaient les moyens, ils auraient eux-aussi fait affaires avec les Sociétés immobilières.

Propos de maires

« C’est notre façon d’interpeller tout un chacun, qui veut s’adonner à  cette pratique (habitat spontané, ndlr), d’arrêter. Nous n’allons plus tolérer ces genres de situations dans notre arrondissement. Ça fait deux ans que nous communiquons et nous pensons qu’il est temps de passer maintenant aux actes sur le terrain. (…)

Il faut que nous rétablissions l’autorité de l’Etat. Les gens veulent le changement mais personne ne veut changer. Est-ce qu’on doit fermer les yeux et continuer dans l’anarchie ? Je dirai non »


« Pour une ville responsable, on ne saurait tolérer ça. Et si aujourd’hui on tolère, évidemment ce sont les populations, et même les générations à venir après nous, vont nous en vouloir sérieusement, parce que l’aménagement du territoire,  ça respecte des règles et il faut suivre ces règles »

Les propriétaires terriens sont formels, ils nient leur implication dans le processus de déguerpissement.  « Si le maire détient un acte qui nous lie sur une éventuelle clause en rapport avec nos terres, qu’il le montre ! », ont déclaré Ouékon et Namassin Ouattara.

Dans cette opération de démolition des habitats spontanés, le maire Herman Sirima, dont nous avons demandé et attendons la version des faits,  a néanmoins reçu le soutien de certaines OSC. Celles-ci ont organisé en sa faveur une marche le vendredi 08 décembre 2018, date à laquelle, une foule de sinistrés a également manifesté son mécontentement pour la deuxième  fois.

Aminata SANOU

Correspondante de Burkina 24 à Bobo-Dioulasso

 

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Rédaction B24

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4 commentaires

  1. Personnes ne choisi pas de vivre dans un non lotie c’est la situation qui l’oblige.si lEtat avait procédé aux distribution des parcelles à tous les habitans personne n’ira construire mais au lieu de celà on distribue ces parcelles entre amis et cousins voilà ce qui explique.par exemple dans ma ville à kaya ça fait plus de 15 ans que la mairie n’a procédé au lotissement.pendant ce temps les plus nanties font la speculation des parcelles et les revendent trés chéres.minumum 5 million.

  2. Cela n’est pas responsable de la part d’un élu du moment que la population des habits spontanées qui ont donné plus de voix que les habits dit réels

  3. Personnes ne choisi pas de vivre dans un non lotie c’est la situation qui l’oblige.si lEtat avait procédé aux distribution des parcelles à tous les habitans personne n’ira construire mais au lieu de celà on distribue ces parcelles entre amis et cousins voilà ce qui explique.par exemple dans ma ville à kaya ça fait plus de 15 ans que la mairie n’a procédé au lotissement.pendant ce temps les plus nanties font la speculation des parcelles et les revendent trés chéres.minumum 5 million.

  4. Cela n’est pas responsable de la part d’un élu du moment que la population des habits spontanées qui ont donné plus de voix que les habits dit réels

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