Madame Afsata Paré psychopédagogue : « L’Education est le nerf de la transformation qualitative de la société »

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Madame Afsata Paré, Psychopédagogue

 Madame Afsata Paré est Psychopédagogue, chercheur et enseignante à l’université de Koudougou. Elle a le caractère franc, le parler-juste et une vision pragmatique de l’éducation telle qu’elle est pratiquée au Burkina Faso. Nous avons eu la chance de nous en rendre compte à partir de l’entretien qu’elle nous a accordé le samedi dernier au domicile de la Famille Paré (NDLR : elle est l’épouse de SEM l’ambassadeur du Burkina Faso en France, le professeur Joseph Paré) à quelques encablures du siège de Burkina24.

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La psychopédagogie selon dame Paré est une pédagogie qui se sert des résultats de la recherche en psychologie pour se déployer.  En d’autres termes, on  dira que c’est une vision de l’éducation qui voudrait se faire en tenant compte de ce que la psychologie recommande.  Un mode d’enseignement pas très connu n’est-ce pas ? Mais notre interlocuteur a choisi ce chemin dès son jeune âge, après avoir passé trois années en Fac de psychologie.  C’est en Belgique qu’elle obtiendra son master en psychopédagogie, avant de conclure sa formation par un doctorat option Fondement de l’Education  au Canada, à l’Université de Montreal .

L’occasion faisant le larron, nous avons voulu savoir, Triennale de l’éducation oblige, ce que la chercheuse perçoit comme problèmes  de l’éducation au Burkina Faso. Sans détours, elle martèlera que « le problème essentiel est qu’on n’a pas réussi à faire de l’éducation (entendez par là l’enseignement de base)  un droit universel, accessible à tous les enfants ». Pragmatique,  le docteur Paré doute de la capacité du Burkina Faso à être au rendez-vous de l’EPT (l’éducation pour tous) en 2015. Elle n’en reste pas là. Elle convainc qu’« il faut aussi une éducation de qualité, une éducation pour tous les enfants, une éducation qui ne s’arrête pas avant la fin du primaire ».

La triennale et ses défis

Madame Paré n’est pas très bien connue hors de la sphère Education-formation, mais est connue dans le monde intellectuel comme personne ressource souvent incontournable. La preuve, elle a  fait partie du groupe de recherche pour la production de la contribution du Burkina Faso pour cette Triennale de l’éducation. Pour elle ce forum n’est pas un de plus, comme certaines personnes le prétendent. Pour appuyer son assertion, elle argue que « Ce n’est jamais de trop d’échanger, …, plus on parle d’éducation plus on trouve les meilleures façons de procéder pour atteindre les objectifs qu’on se fixe ». Madame Paré estime qu’il est important de toujours rester en veille jusqu’à ce que la solution aux problèmes de notre éducation soit trouvée. C’est pourquoi elle note que la Triennale  2012  qui se penche sur « l’éducation et la formation pour le développement durable » est une bonne occasion d’insister afin que le système d’éducation s’améliore pour répondre au besoin du développement.

Les langues locales dans le système éducatif

L’épouse de SEM Joseph Paré est d’avis avec ceux-là qui prônent l’idée selon laquelle on réfléchit plus facilement dans sa langue maternelle que dans une langue apprise. Pour elle, tous les enfants qui ont été formés dans une langue étrangère ont eu leurs esprits maltraités. « Ils ont été mis en retard ».  Elle a insisté sur le fait que la langue maternelle doit servir de support à la langue étrangère (le français par exemple). Catégorique, elle avance : « On prend appui sur sa culture pour s’ouvrir à d’autres cultures ! ». La professeure convainc qu’au Burkina Faso les linguistes, les chercheurs, les autorités et la société civile ont fait un travail formidable dans le sens du développement de l’éducation bilingue au Burkina Faso.  Ils ont réussi à mettre en place un système qui permette aux élèves  d’évoluer systémiquement. Selon des études, les élèves du système bilingue réussissent mieux au CEP que ceux du système classique. Des dires de la spécialiste de la psychopédagogie, on retiendra que le système bilingue a connu des avancées notables. Des demandes de ce type d’enseignement se multiplient dans les villages à cause de son efficacité.

Madame Paré reste quand même sur ses gardes. « Ce n’est pas parce que le système bilingue marche au Burkina qu’il faut baisser la garde. La qualité doit toujours être de mise. La qualité dans la formation des enseignants, dans le matériel didactique. Il faut veiller à avoir des effectifs viables dans les salles de classe.» Propose-t-elle.

Le PDDEB

A la question de savoir si le Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) a raté sa mission, la pédagogue, ou devons-nous dire la psychologue, répondra par la négative. Pour elle, le PDDEB a juste été confronté à un goulot d’étranglement entre la fin du primaire et le début du secondaire, d’autant plus que les investissements opérés au niveau du secondaire ne permettaient pas d’absorber les élèves issus du primaire.

Notons qu’avec le PDDEB, il eut une démultiplication du nombre d’élèves du primaire. Le secondaire n’étant pas assez bien préparé à recevoir un grand flot d’entrants y issus, il fallait trouver d’autres initiatives permettant de les recevoir. C’est ce qui a valu que le 1er cycle de l’enseignement secondaire soit rattaché au ministère de l’enseignement de base, pour mieux absorber ces difficultés.

De l’Université de Ouagadougou

Les Origines des retards accumulés sur les années académiques, les principales difficultés de l’université de Ouagadougou, les remèdes potentiels,… ont été l’objet d’échanges avec Madame Afsata Paré. Parlant des retards académiques, elle estime qu’ « il faut que toutes les parties acceptent qu’il y a des problèmes autour de l’Université. Ensuite, il faut admettre que les problèmes qu’elle traverse sont imputables aux étudiants et à l’administration de l’université. ». Par la suite, elle pointe du doigt les effectifs des étudiants qui ont considérablement cru ces dernières années sans que les infrastructures nécessaires à ne connaissent une croissance cohérente. Après avoir admis que les ambitions en matière de formation au niveau du supérieur sont grandes et que les modalités de fonctionnement de l’Université ne satisfont pas tout le monde, elle fera savoir que « ce n’est pas faute de volonté politique que ces différentes difficultés ne sont pas levées ». L’enseignante précise qu’ « il s’agit tout simplement d’une question de fonds, il faut surtout que les étudiants sachent que nous ne sommes pas nantis. ».

Une formation de qualité malgré tout

Ce n’est pas tout. La spécialiste de l’éducation  est convaincue que « la qualité des formations est de bonne facture dans nos universités.  Quand nos étudiants vont ailleurs, ils font partie des meilleurs étudiants. Malgré la modicité de nos moyens, nous parvenons à des résultats considérables. ». Elle reste bien droit dans ses bottes pour dire que « chaque étudiant vient à l’Université avec ses ambitions mais l’Université a aussi des règles qu’il faut que chacun d’entre eux respecte scrupuleusement. ». Paroles fermes.

L’incivisme jeunes             

Enseignante, citoyenne, mère et acteur interne du système éducatif, Mme Paré dénonce l’incivisme ambiant au sein de la jeunesse burkinabé : délinquance, alcoolisme, non-respect des règles de circulation, des ainés, des enseignants, … Mais elle reste objective quant à ces pratiques. En effet, elle relate que « nous sommes passés d’une société dont la tradition recommandait la fermeté, la sévérité à une phase intermédiaire où on est en train de passer à une vision qui laisse aux enfants la liberté d’exprimer leur créativité ».  La psychopédagogue estime donc que ce changement de paradigme entraine forcement une période de tension qu’il faut gérer avant de retrouver le cap. Selon elle, les adultes devraient travailler à donner l’exemple, les parents doivent être plus regardants sur leurs enfants, être des exemples et faire l’effort d’être disponibles pour eux malgré toutes leurs occupations. Du reste, elle souhaite que l’Etat à travers le système éducatif promeuve un encadrement conséquent.

Pour finir, Madame Afsata Paré déclare que « l’Education est le nerf de la transformation qualitative de la société. Tout le monde doit s’investir, agir, parce que l’action de chacun constitue une pierre dans la construction de l’éducation au Burkina Faso. »

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2 commentaires

  1. Tr?s bonne analyse du syst?me ?ducatif du Burkina. Mais qui lui donnera les moyens et les coud?es franches pour une meilleure participation ? la gouvernance scolaire et universitaire du pays? Aussi, pour un lendemain serein de toutes crises, nous appelons ? ce que la rente de l’or serve ? augmenter l’acc?s ? l’?cole ? tous les niveaux et surtout universitaire!

  2. c’est une praticienne de l’?ducation et on peut que se feliciter quand on l’entend parler de cette question et mieux, si elle est ?cout

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