Delphine Ouattara : « Le cinéma et moi, c’est comme un amant qui te fait des misères, mais tu es accrochée »

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Delphine Ouattara, connue plus sous le nom de « Mamouta », nom d’un personnage qu’elle a interprété qui lui est resté, fait partie de celles qu’on appelle les doyennes du cinéma burkinabè. Elle a joué dans plus d’une vingtaine de films, tout genre confondu. Cependant, elle se fait un peu rare ces dernières années sur l’écran. C’est à l’occasion de la Nuit des Sotigui, où elle a été sacrée meilleure actrice du Burkina, que son nom est ressorti. Que devient Delphine Ouattara ?  Burkina 24 est allé aux nouvelles.

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Burkina 24 (B24) : Que devient Delphine Ouattara ?

Delphine Ouattara (D.O) : C’est vrai que ça fait longtemps qu’on ne m’a pas vue sur le petit écran ni le grand mais en ce moment, j’apparais dans une série sur TV5. Delphine est là. J’ai m’a petite vie que je mène dans d’autres corps de métiers.

J’ai perdu beaucoup de poids sans être très malade, par rapport à ce que j’entends dans la ville sinon je vais très bien.

Je mène mon petit bonhomme de chemin et puis ça l’air de ne pas me déplaire. Même si ce n’est pas comme ce que je voudrais que ça soit.

B 24 : Et comment voudriez-vous que ça soit ?

D.O : Mieux que ça quand même ! Du haut de ma quarantaine passée, les choses devraient être d’or mais on est toujours au stade du bronze. Ce n’est pas normal. Ce n’est devrait pas être comme ça après tant d’efforts.

B24 : Pourquoi c’est donc comme ça ? Qu’est-ce que vous déplorez dans le métier ?

D.O : C’est assez complexe si je dois parler de ce qui ne va pas dans le cinéma. Mais j’ai souvent répété une chose. Si le cinéma burkinabè piétine et les comédiens avec, ça veut dire que nous n’avons pas encore trouvé le vrai sens de nos objectifs dans le cinéma.

 Il faut reconnaitre que le cinéma burkinabè piétine et les comédiens avec, dont moi-même. Il y a moins de productions et s’il y en a, elles sont devenues autres choses que de vraies productions. Qu’est-ce qu’il faut faire ?

Je vis cette léthargie comme tous ceux qui sont dans ce métier du producteur, en passant par le réalisateur et le ramasseur de câble. Mais je pense que cela a un lien avec l’économie du pays sinon mondiale. La crise est mondiale.

B24 : Est-ce parce que le cinéma piétine qu’on ne vous voit plus trop ou vous vous êtes retirée ?

D.O : Non, je ne démissionne pas. Une artiste ne démissionne jamais et je n’entends même pas démissionner. Ce n’est pas le fait que le cinéma piétine, mais il y a aussi ce bon sens qui voudrait qu’à un moment donné, il faut se chercher, parce que tout comédien est obligé de se chercher ailleurs.

Il n’y a pas un qui va vous dire qu’il vit du cinéma. Si une personne vous dit ça,  elle vous aura menti. Je ne me vante pas de connaitre tous les cachets mais je sais un peu comment ça se passe. Un comédien de théâtre peut survivre parce c’est mieux organisé que chez nous.

Ce que je déplore aussi, c’est que nous comédiens avons des relations difficiles. C’est pour ça que nous n’arrivons pas à défendre nos intérêts. Des conflits entre comédiens de générations.


VIDEO – Mamouta et Delphine, la même personne ?

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Très souvent,  les plus jeunes croient que nous nous sommes jaloux d’eux. J’ai entendu ça plusieurs fois. Mais qu’est-ce que j’ai à envier  à une jeune sœur qui vient après moi dans le métier ? Ce sont ces jeunes qui sont venus gâter le milieu du jeu d’acteur parce que ça vient avec trop de faciliter, de légèreté des mœurs. Ce n’est pas interdit mais ce n’est pas joli.

C’est pour ça que les comédiennes sont traitées de filles légères. C’est  vrai que ce n’est pas le premier corps de métier où le nom de la femme est gâté.

Ce n’est pas le fait que je dis que le cinéma piétine qu’on ne me voit pas à l’écran. Peut-être que je suis vieille pour certains réalisateurs parce qu’il y a actuellement de très belles jeunes comédiennes qui se révèlent.

Je n’en sais rien mais je suis là. Quand on me fait appel je réponds. Quand je suis au courant d’un casting, je vais postuler, tenter ma chance.

B24 : Avez-vous déjà eu de problèmes avec une jeune comédienne ?

D.O : Moi particulièrement non. ais j’entends parler.

Par contre, avec les producteurs,  mes relations ne sont pas au beau fixe parce que quand on doit me payer après mes 23 ans dans le métier 100 000 F CFA je ne suis pas pour. J’ai même arrêté de me plaindre des cachets. Quand c’est bon pour moi, je prends.

B24 : Quel e a été votre plus petit cachet et le plus gros de votre carrière ?

D.O : Mon plus petit cachet,  c’est avec « Vis-à-vis » :  15000 F CFA. C’est une production publique mais cela s’est amélioré avec la reprise.  1.500.000 F CFA pour le plus gros avec « Ouaga Saga ». C’est le seul cachet faramineux que j’ai eu.

B24 : Delphine Ouattara « se cherche »  dans quel domaine quand elle n’est pas sur le plateau ?

D.O : J’ai deux grands amours dans ma vie, le cinéma et la restauration. C’est vrai que j’ai un peu piétiné dans ça. Peut-être que je n’étais pas trop dégourdie mais je suis en train de rebondir parce que très bientôt, je vais offrir un espace de restauration aux Ouagalais.

 Aussi je prépare mon évènement. C’est un projet que j’ai monté depuis 2012 mais  je n’avais pas le financement pour le réaliser. C’est un évènement de célébration du jeu d’acteur comme les Sotigui. Mais ça n’a rien avoir. Il a sa spécificité.

 Je me dis même s’il y a 10 autres projets similaires,  chacun va faire ce qu’il veut et ce sont les acteurs qui gagnent. J’ai été lauréate. Je remercie le promoteur des Sotigui.

Malheureusement,  je n’étais pas là et d’aucuns ont dit que j’ai saboté l’évènement. Ce n’est pas vrai parce que j’ai un autre travail que je fais. Je ne vais pas vous le dire et où je gagne bien ma vie. J’étais donc partie à une mission de ce travail.

On nous a toujours traités d’amuseurs de galerie donc nous allons amuser la galerie ce jour. On a toujours dit que c’est un métier de gens qui ont raté les bons métiers  de la vie…

B24 : Justement par rapport à cela, comment  êtes-vous arrivée au cinéma ?

D.O : Je suis arrivée par un pur hasard. Je n’ai pas fait d’école et j’y ai pris goût donc je l’ai développé. Toutes les fois que j’ai été déçue d’un plateau, je me dis c’est le dernier plateau et puis après ça revient. C’est comme un amant que tu aimes beaucoup. Il te fait des misères mais tu es accrochée. Tu l’aimes beaucoup. Le cinéma et moi, c’est ça.

Toutes les fois que je suis sur un plateau, il y a tellement de merdes dans le traitement du comédien que je suis, dans le traitement de la personne âgée que je suis et puis je dis merde, c’est la dernière.

Et tout de suite quand il y a un nouveau projet, quand on m’approche, c’est comme si on venait de m’annoncer un homme qui vient demander ma main. C’est incroyable cette histoire ! Mais je vous assure que ce sont les mêmes misères que je vais vivre encore.

C’est une vie de misère mais on aime et pourquoi ? Moi par exemple, j’y trouve mon bonheur. La popularité que j’ai eue par ce petit nom « Mamouta »… C’est incroyable ce que je vis dans la rue !

 Des enfants qui sont nés après « Vis-à-vis » m’appellent Mamouta. Je prends mon plaisir. Les gens vous accostent dans la rue, parce qu’ils vous ont vu à travers leur petit écran. Vous êtes chez les gens sans y êtes invités. C’est trop mignon tout ça.

Quand bien même qu’il y a des gens qui vous détestent. De par leur regard dans la rue,  tu sens que tu ne plais pas à tout le monde. C’est tout ce melting-pot qui fait aussi que c’est si passionnant.

Tu te dis « je ne divorce pas avec le cinéma. Ce mec, je l’aime, je reste avec lui, je lui fais des enfants. S’il veut qu’il me tue je ne divorce pas ». C’est incroyable !

B24 : Comment fait-on pour jouer le rôle de Mamouta ?

D.O : On m’a toujours donné les mauvais rôles et dans les castings, je vous assure que les gens ne veulent pas les mauvais rôles. Dans la société africaine, une femme qui tient son mari par la baguette, aucune famille ne va t’accepter mais je porte ce personnage fièrement.

Depuis longtemps, je n’ai pas encore vu quelqu’un porter le personnage de Mamouta. Frapper son homme, le porter au dos, aller l’emmerder chez ses maitresses.

B24 : Etes –vous ainsi dans la réalité ?

D.O : Oui, quelques fois. Je suis l’avocate des femmes et les hommes surtout m’aiment dans le rôle de Mamouta mieux que certaines femmes. Alors que ce sont les femmes que je défends.

Il y a des femmes qui vivent cela. Quand je dis que mon homme ne donne pas la popote à la maison, combien de femme vivent ça ? Mais quand je coince Fils de l’homme, ils adorent ça alors que ce sont eux les troubleurs de famille.

B24 : Vous êtes capables de serrer les cols d’un homme ?

D.O : Non. Même si ça semble être du naturel, épargnez-moi ce caractère. Cela ne me ressemble pas du tout. Mais je le porte bien. Je porte souvent de bons rôles mais très souvent, c’est le personnage de la femme dure, acariâtre qu’on me donne. J’ai souvent du mal à le porter. Mon fils pourra le témoigner. Je suis souvent dure mais pas mauvaise mère.

B24 : Etes-vous mariée ?

D.O : Vous voulez me trouver un mari ? Je ne suis pas mariée mais je ne suis pas seule. J’ai un compagnon de longue date et je me sens bien dans cette situation. Mais je vais rassurer les femmes : ce n’est pas le mari de quelqu’un !

Propos recueillis par Revelyn SOME

Burkina 24

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