Équipements biomédicaux au Burkina : L’analyse d’un expert (1/2)

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Photo d'illustration: Un scanner médical
Photo d’illustration: Un scanner médical

Dans l’article qui suit, un expert biomédical partage sa réflexion sur des voies possibles de résolution des problèmes liés aux équipements médicaux-techniques au Burkina Faso. 

 AMELIORER LA GESTION DES EQUIPEMENTS MEDICO-TECHNIQUES

 Par lettre ouverte publiée dans le quotidien le Pays N°4822 du lundi 12 mars 2011, le président de l’association des professionnels de la maintenance du Burkina (APMB) interpellait les autorités burkinabé sur l’importance de la maintenance dans la préservation de l’outil de production aussi bien au niveau du secteur industriel que social tel que l’enseignement et la santé. Pour faire écho de ce cri de cœur en ce qui concerne le secteur de la santé, on peut dire que la question de la maintenance (plus particulièrement la maintenance biomédicale en relation avec les équipements médio-techniques) est une problématique posée de façon récurrente depuis un certain temps au cours de diverses missions de supervisions ou d’expertises réalisées avec l’appui des partenaires techniques et financiers (PTF)

1. Il est vrai que l’indisponibilité des équipements biomédicaux (les autres équipements et installations non biomédicaux ne sont pas moins concernés) par une absence de maintenance, entre autres, affecte sérieusement la qualité de service rendu aux populations. S’il n’est plus besoin de s’attarder sur l’état des lieux, dont une bonne synthèse a été faite dans le Plan national de développement sanitaire (PNDS)

2, il convient néanmoins de relever quelques facteurs qui accentuent cette situation pour réfléchir sur les pistes possibles d’amélioration. D’ores et déjà on peut retenir dans le secteur public que les établissements de soins concernés par cette thématique sont essentiellement les quatre (04) centres hospitaliers universitaires (CHU), les neuf (09) centre hospitaliers régionaux (CHR) et la cinquantaine de centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) ainsi que quelques autres établissements publics de santé tel que l’office de santé des travailleurs (OST), le laboratoire national de santé publique (LNSP), le centre national de transfusion sanguine (CNTS), le Centre Muraz… ; dans une moindre mesure on peut y ajouter les centres de santé et de promotion sociale (CSPS urbains et ruraux) pour les équipements de la chaine de froid.

Les ressources humaines en maintenance

Le premier facteur à relever est l’insuffisance sinon le manque de ressources humaines qualifiées en gestion et mise en œuvre de la maintenance biomédicale à tous les niveaux. Les ingénieurs et les techniciens formés sont en nombre très limité et sont demandés à la fois par les hôpitaux, l’administration centrale et les prestataires de services privés. Les états généraux de la santé

 tenus en février 2010 dénombraient au niveau national neuf (09) ingénieurs biomédicaux dont quatre dans le privé, cinq dans le public et huit (08) techniciens supérieurs biomédicaux. Les opportunités de formation initiale et continue ne sont pas nombreuses alors que les techniciens devraient bénéficier d’une mise à jour permanente de leur connaissance en matière d’organisation, de diagnostic des pannes, de maintenance préventive, de contrôle de qualité, de gestion d’un parc d’équipements… car l’évolution des technologies médicales, aussi rapide que les sciences médicales elles-mêmes, ne laisse pas de place à l’approximatif. Il faut disposer d’équipes de techniciens compétents et motivés dans les hôpitaux pour accompagner les initiatives du Ministère de la Santé dans l’amélioration continue de la qualité des soins.

Le budget de la maintenance

Le second facteur est lié au budget alloué à la maintenance de l’outil de production des soins que sont les équipements biomédicaux. Sauf erreur ou omission, il semble que contrairement aux véhicules, au matériel bureautique et l’entretien courant des bâtiments il n’existe pas une ligne spécifiquement prévue pour la maintenance des équipements et installations techniques de santé. Or s’il fallait prévoir quelque chose c’est une estimation de 4 à 6% du budget d’acquisition qui serait nécessaire pour une maintenance déjà organisée et réalisée dans de bonnes conditions. Cette estimation atteint 20 à 30% quand les conditions de maintenance sont seulement acceptables et encore plus élevée quand elles sont mauvaises

4. Certes, la maintenance coûte cher mais la non-maintenance coûte davantage ; en effet à cause d’une panne non résolue, on est contraint, pour la continuité de service, d’acquérir en urgence un équipement neuf avant la fin de vie utile du premier et le cycle recommence. D’autres conséquences de la non-maintenance sont bien sûr la détérioration de la qualité des soins, l’augmentation des coûts pour les patients (durée d’hospitalisation allongée, prise de décision par le médecin traitant différée), la dévaluation du plateau technique suivie d’une démotivation du personnel.

 

Marcel KONKOBO

Expert biomédical,

[email protected]

www.faso-imb.com

1 Études sur la maintenance et la gestion durable des

Infrastructures sociales dans les pays membres de l’UEMOA (EMAGIS), UEMOA, 2008

2 PNDS 2010-2020, MS, juin 2011

3 Deuxième états généraux de la santé, MS, février 2010

4 MC Duling 2005, NHFA 1996

 

N.B : Le titre et le chapeau introductif sont de Burkina 24. Lire la deuxième partie ce vendredi.

 

 

 

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Un commentaire

  1. Voici un article qui devrais interpeler les diff?rents acteurs de la sant?, aussi bien les soignants que les techniciens, et en premier lieu nos autorit?s, surtout Monsieur le Ministre de la SANTE.

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