Les instrumentistes traditionnels et la nécessaire ouverture à la musique moderne
Comment continuer à exister et suivre le rythme effréné du monde avec les nouvelles technologies ? « En proposant des contenus musicaux traditionnels actualisés ». C’est donc pour répondre à cette problématique que l’artiste Alif Naba à travers sa structure la « Cour du Naba », espace de Résidence et de création d’artistes, a entrepris de former des musiciens instrumentistes traditionnels à l’universalité du son et à intégrer tout type de formation musicale.
Ce sont plus d’une dizaine d’artistes instrumentistes traditionnels qui, maîtres du « Kundé », de la clochette, du « bendré », du balafon, du « djembé », le « n’goni », ont pris part à cette formation.
Les intéresser à une ouverture du monde, tel est l’objectif recherché.
Une formation, qui pour l’initiateur, l’artiste Alif Naba, a plusieurs intérêts qui sont de mettre en avant les instrumentistes, leur permettre de s’adapter et de suivre le rythme du monde avec un regain de vitalité dans leur création.
«J’ai fait le constat que les musiciens traditionnels, surtout les instrumentistes, sont vus dans la seconde zone. Généralement, on voit des instrumentistes avec une dextérité incroyable, un talent, malheureusement, les artistes modernes ne les utilisent pas trop. Quand on leur pose la question, ils disent qu’ils ont des problèmes d’adaptation sur les gammes, ils ne savent pas s’accorder, ils ne connaissent leurs styles », explique l’artiste.
Le tempo, la gamme, l’accordage, l’harmonisation, ce langage moderne, sont entre autres aspects qui ont été enseignés.
« C’est en comprenant cela qu’ils pourront fusionner les genres et impacter notre musique pour que dans quelques années, nous puissions voir une singularité de la musique burkinabè », s’en convainc le prince aux pieds nus.
Et qui de mieux que Adama Dembélé dit Bilourou, instrumentiste burkinabè qui écume des scènes du monde et enseignant les instruments traditionnels, pour échanger durant 4 jours (du 18 au 23 janvier 2018) avec les participants et leur donner les clés qui pourraient leur ouvrir des portes de la musique moderne.
«On (instrumentiste traditionnel) n’a pas une grande ouverture et chaque instrument est typique à une ethnie, une région et sonne selon une langue », fait remarquer le formateur.
Pis, dit-il, « les artistes traditionnels n’ont pas besoin d’un repère. Quand ils jouent le warba, tout de suite tous ceux qui sont présents suivent le rythme alors que dans la musique moderne, on a besoin de rythmes. Après, si on veut rentrer dans le monde des musiques modernes, c’est compliqué».
Un apprentissage qui lui aura valu en l’en croire de réadapter sa méthode pour ces élèves qui, pour la plupart ne savent ni lire ni écrire ou ne connaissent pas les instruments modernes de musique.
La fin de la formation a été sanctionnée par une attestation et ce sont des artistes contents de repartir avec une corde à leur arc.
«On a appris beaucoup. Maintenant on sait que la musique n’est pas seulement le groove, il y a des classes. Ce n’est une route droite, mais qu’il y a des ponts, des virages. On sait maintenant comment accorder nos instruments et jouer sur des notes et accompagner n’importe quel artiste », s’est réjoui Michaël Wangrawa, un des participants.
A noter que ce projet à l’intention de ces artistes, qui sont d’une richesse non négligeable de la musique burkinabè, a été choisi parmi tant d’autres et financé par le Fonds de développement culturel et touristique du ministère de la culture.
Revelyn SOME
Burkina24
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