Colonel-major Kéré : « Je n’étais pas membre du CND »
« J’étais contre le coup d’Etat. Mais compte tenu des raisons sécuritaires, je ne pouvais pas le dire ouvertement ». C’est en substance la position que le colonel-major Boureima Kéré, Chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso au moment du Coup d’Etat de septembre 2015, a réitéré le mardi 13 novembre 2018. C’est la même position qu’il a défendue lors de son premier jour d’audition, le lundi 12 novembre 2018 au Tribunal militaire.
A la barre le mardi 13 novembre 2018, le colonel-major Boureima Kéré a répondu, toute la journée, aux questions du Parquet militaire et des avocats des parties civiles. Celui qui a signé la proclamation de prise de pouvoir par le Conseil national de la démocratie (CND), lue au matin du 17 septembre 2015, a indiqué l’avoir fait dans « un contexte général » sur « instruction du général Gilbert Diendéré ». Aussi, précise-t-il, « je n’étais pas membre du CND ».
Dans la journée du lundi 12 novembre 2018, l’accusé avait fait savoir qu’au sein de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP), deux clans étaient en opposition dont celui favorable à Isaac Zida et l’autre, le reste de la troupe. « Le général Diendéré n’avait pas de clan », avait-il clamé. Le Parquet est revenu ce mardi 13 novembre 2018 sur la question en lisant un Procès-verbal (PV) de l’inculpé.
Un « coup de force était en préparation par un officier de l’armée burkinabè »
Dans ce PV, l’accusé affirmait qu’il y a des clans, l’un favorable à Isaac Zida, l’autre favorable au général Diendéré et il y a avait un clan « résiduel » qu’on appelait aussi les « non-alignés ». L’accusé a tenu à apporter « des éléments de précision ». Selon lui, vu que le général Diendéré était le plus gradé, « les gens lui attribuaient le clan. Mais c’était plus un groupe favorable à la survie du RSP », dit-il.
Au cours de l’audition du colonel-major Kéré, il est ressorti qu’un « coup de force était en préparation par un officier de l’armée burkinabè ». Selon les explications de l’inculpé, l’information lui aurait été donnée le 12 septembre 2015 par un de ses informateurs, par message SMS. L’informateur tenait ses sources de la presse nationale dont « Le Reporter et Courrier confidentiel », cite le Parquet. L’accusé indique avoir transféré l’information au général Diendéré. « Des dispositions avaient été prises au RSP », poursuit le prévenu.
Le parquet a également lu des messages envoyés au colonel-major Kéré par des contacts ivoiriens. De ces messages, « un officier général ivoirien » demandait à joindre le général Diendéré. Dans un autre message, le contact indiquait que « le CEMGA de la CI voulait savoir si la situation était calme ». Le parquet prenait le soin de lire les messages SMS sans citer nommément les expéditeurs des messages. Me Prospère Farama, avocat des parties civiles demande la parole en soulignant ce fait émanant du Parquet.
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Le procureur militaire s’explique : « nous estimons que toutes les parties au procès ont ce rapport et pour ne pas compliquer davantage les relations entre les deux pays, voilà pourquoi nous n’avons pas jugé nécessaire de citer lesdites autorités (…). C’est pour ne pas remuer le couteau dans la plaie que nous n’avons pas cité ». La parole est ensuite donnée à Me Prospère Farama. Il n’épouse point les arguments du Parquet : « nous demandons au Parquet de lire les messages avec les noms (…) La justice ne se préoccupe pas des relations diplomatiques (…). Nous sommes là uniquement pour la recherche de la vérité (…). L’argument avancé n’est pas légal. Celui qui pose un acte, qu’il assume, fusse-t-il officier d’un pays voisin ».
Dans la même veine, son collègue des partie civiles, Me Séraphin Somé a souhaité qu’il n’y ait pas de « jeu de cache-cache (…) Lorsque le général Bassolé viendra, qu’est-ce qu’on fera ? Ce procès est public. Vous (Président du Tribunal) pouvez le faire à huis clos. Du moment où vous ne le faites pas, nous ne voulons pas d’un procès mouta-mouta », lance l’avocat. Me Olivier Yelkouni, un des avocats du général Gilbert Diendéré a souhaité que les messages portant sur la sécurité nationale ne soient pas lus publiquement.
« Si on les a envoyés ici au procès, je suis désolée, nous allons en parler »
Me Mireille Barry, avocate de l’inculpé Kéré prend le contre-pied de Me Yelkouni. Pour elle, tout ce qui se trouve dans le dossier peut être débattu publiquement. « Si on les a envoyés ici au procès, je suis désolée, nous allons en parler », tranche l’avocate de la défense. Sur ces entrefaites, le Président du Tribunal annonce une suspension pour une concertation afin de trancher sur la question.
A la reprise, un quinzaine de minutes après, le tribunal fait savoir qu’il ne peut pas interférer dans la manière dont le Parquet présente ses éléments. « Nous ne pouvons enjoindre au Parquet de donner les identités », conclut le Président du Tribunal. Le Parquet reprend la parole et cette fois-ci, le nom d’une autorité militaire ivoirienne revenait constamment comme expéditeur : « RCI Vagondo ». Celui-ci échangeait avec le colonel-major Kéré via des messages SMS.
Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24
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