Education : La CNSE s’adresse au Premier ministre
Dans cette lettre ouverte, la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) s’adresse au Premier ministre Paul Kaba Thiéba.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Le 17 novembre 2018, les travaux du comité de rédaction du statut valorisant ont connu une suspension suite à une demande expresse de la partie gouvernementale en vue de recueillir l’avis du gouvernement sur les attentes de la Coordination Nationale des Syndicats de l’Education (CNSE). Le 30 novembre 2018, la CNSE recevait les réponses du gouvernement sur lesdites attentes aux environs de dix (10) heures et a promis qu’elle les analysera pour apporter sa réaction ultérieurement. Quelle ne fut sa surprise lorsque, quelques minutes plus tard, le contenu du document de la partie gouvernementale est étalé sur la place publique à travers une conférence de presse organisée sans en avoir soufflé mot à nos organisations qui venaient de quitter la table d’échanges où le gouvernement était représenté par quatre de ses Ministres. Cette façon constitue une attitude aux antipodes des principes de base d’une négociation et apparait comme une limite infranchissable dans les discussions.
Après une analyse approfondie desdites, la CNSE relève qu’elles reprennent exactement les mêmes éléments que la partie gouvernementale a défendus jusqu’à la date du 17 novembre 2018 au moment où elle a sollicité la suspension. Le seul aspect nouveau qui intervient est une proposition d’octroi d’une bonification d’échelon pour compter de janvier 2020 aux personnels qui seront frappés par la limite d’âge pour passer un examen ou concours professionnels à cette date. En somme, ces « nouvelles » propositions n’apportent pas les réponses que nous attendions sur :
- la nomenclature des emplois permettant une valorisation des personnels et non un saccage de leur carrière ;
- la nécessité de relèvement du niveau de recrutement à toutes les entrées des différents ordres pour prendre en compte à la fois le besoin d’amélioration de la qualité de l’éducation et celui des conditions de vie des personnels ;
- la prise en compte de façon objective et conséquente des personnels existants déjà dans les emplois et qui portent la revendication de statut valorisant.
En conséquence, la CNSE estime que cette proposition de statut ne contient pas des signes de valorisation attendus par les travailleurs de l’éducation et de la recherche. Plus troublant, pendant que le gouvernement nous donne un document sensé contenir ses propositions, Monsieur le Ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation fait circuler au même moment sur les réseaux sociaux un autre document et avec un contenu différent de celui transmis nos organisations.
Il est impérieux que le gouvernement prenne la pleine mesure de la situation et s’inscrive réellement dans une voie de dialogue plus franc avec la CNSE. Le retour de la confiance et d’un climat serein de travail dans le secteur de l’éducation et de la recherche passera nécessairement par cette option. Toute autre voie comme celle de recherche vaine de discrédit des organisations syndicales ou de menace des travailleurs comme le laisse présager le fameux communiqué en date du 03 décembre 2018 émanant du SG du MENA face aux revendications légitimes n’entrainera qu’un enveniment de la situation. Nous rappelons au gouvernement qu’il n’y a pas que les travailleurs qui ont des devoirs et obligations. Lorsqu’une autorité signe un document qui engage sa responsabilité et ses obligations vis-à-vis de partenaires, il a tout aussi le devoir de respecter correctement la parole donnée.
Excellence Monsieur le Premier ministre, à la signature du protocole d’accord le 27 Janvier 2018, la coordination avait émis le vœu que toutes les parties respectent leurs engagements pour donner un souffle nouveau à l’école burkinabè. A ce jour, la CNSE pense avoir rempli sa part du contrat. Les résultats scolaires de l’année 2017-2018 en témoignent. Par contre, elle constate que le gouvernement semble abuser de son sens élevé du devoir et de son esprit de sacrifice. Le constat sur la mise en œuvre du protocole ci-dessous le montre à souhait.
En effet, de nombreux engagements ne sont pas respectés malgré le dépassement de leur délai de mise en œuvre. Parmi ceux-ci, nous citerons :
- l’octroi d’une une bonification d’un échelon à tout le personnel du MENA pour compter du 1er janvier 2018, avec constatation de l’effet financier à partir du 30 septembre 2018 ;
- la création des emplois des administrateurs d’établissement et des personnels de laboratoire dans un délai de trois (03) mois, à compter de la date de signature du protocole ;
- la reconstitution de carrière des personnels des ex-garderies populaires dans un délai d’un mois, à compter de la date de signature du protocole, pour son règlement définitif ;
- l’allègement des procédures pour la réalisation des infrastructures scolaires et l’allocation de budget de fonctionnement des établissements scolaires ;
- la disponibilisation de conclusion d’une réflexion en vue de trouver une solution structurelle aux CEBNF dans un délai de trois (03) mois à compter de la date de signature du protocole ;
- l’application effective de la convention collective de l’enseignement privé laïc signée entre les organisations syndicales et l’UNEEPL, et son extension aux autres types d’enseignement privé ;
- la dotation du personnel en kit pédagogique pour compter de la rentrée scolaire en cours et la prise de mesures pour faciliter l’acquisition d’ordinateurs par les travailleurs de l’éducation et de la recherche ;
- le respect des effectifs dans les classes conformément aux normes nationales ;
Au niveau des engagements pour lesquels on note un début d’exécution, la mise en œuvre laisse transparaitre clairement une absence de volonté réelle de résolution correcte des préoccupations posées. A cet effet, les situations suivantes peuvent être citées :
- aucune mesure n’a été présentée jusque-là et qui permette de montrer une volonté de réaliser des infrastructures en nombre et dans les délais au regard des besoins de l’éducation. Plus grave, celles qui sont réalisées sont peu suivies. Elles présentent de ce fait une mauvaise qualité et partant posent des problèmes liés à la sécurité des élèves et de leurs éducateurs. L’un des cas emblématiques est celui du Lycée municipal de Bogodogo à Ouagadougou, pour ne prendre qu’un exemple des plus récents ;
- si l’octroi de bourse aux élèves a pu démarrer effectivement l’année scolaire 2017-2018, son exécution est émaillée d’un grand retard. En effet, les bénéficiaires n’ont perçu que seulement trois (3) mois de leur allocation pour toute l’année scolaire. Ils sont toujours en attente du paiement de leur dû pendant que les lauréats de l’année 2018-2019 ne sont pas encore connus, encore moins pris en compte en termes de paiement ;
- l’effectivité de la gratuité scolaire se traduisant entre autres par la réduction de frais de scolarité devant aboutir à leur suppression jusqu’au post-primaire est mise à mal par une mesure malicieusement baptisée « cotisation spéciale » instituée dans presque tous les établissements sous l’instigation des autorités en charge de l’éducation ;
- la dotation des écoles en manuels scolaires n’a pu fournir aux écoles les plus qu’environ 10 livres par classes ;
- la dotation en vivres elle, est émaillée par la livraison de denrées impropres à la consommation et pratiquement en fin d’année conduisant souvent à une distribution de vivres aux élèves qui partent en vacances au lieu de faire fonctionner des cantines pour les aider à assurer leur année scolaire. Certains établissements n’ont reçu en dotation que de l’huile ;
- en ce qui concerne la valorisation, l’harmonisation et l’octroi de l’indemnité spécifique à tous les personnels de l’éducation et de la recherche, de nombreux travailleurs attendent toujours d’être servis. En outre, certains personnels comme les agents d’appui à la recherche du CNRST ainsi que les moniteurs et encadreurs du préscolaire en sont exclus pour l’instant contrairement à l’esprit du protocole ;
- pour ce qui est de la gestion diligente et efficace des dossiers de carrière des personnels de l’éducation et de la recherche, il apparait qu’à ce jour, des travailleurs sortis des écoles de formation depuis fin juillet en l’occurrence l’IDS et l’ENS-UK sont toujours en attente de leur mandatement pour rejoindre leurs classes qui sont vides de leur absence depuis la rentrée ;
- l’apurement des avancements est loin d’être une réalité : des travailleurs n’ont pas encore bénéficié de leur avancement de 2016 et de toute évidence, les avancements de 2017 et 2018 ne sont pas encore à l’ordre du jour ;
Au regard de tout ce qui précède, et pour exiger un traitement diligent des différents points du protocole d’accord et la finalisation du statut valorisant, la CNSE vous informe des mesures suivantes qu’elle a prises pour compter du 17 décembre 2018 à partir de 24 heures et qu’elle appelle les travailleurs de l’éducation et de la recherche du public et du privé à observer :
- la suspension des évaluations (devoirs et compositions) au post-primaire et au secondaire ;
- la suspension des compositions (harmonisées ou non) au primaire ;
- la suspension des évaluations au préscolaire ;
- l’arrêt du traitement et la transmission du courrier (données statistiques, rapports trimestriels) ;
- Le non traitement des dossiers d’examen et concours au primaire, au post primaire et au secondaire (constitution, traitement et réception des dossiers du CEP, Entrée en sixième, BEPC, BEP, CAP, Entrée en seconde ou en BEP, Baccalauréat).
En tout état de cause, la CNSE se réserve le droit d’entreprendre d’autres actions qu’elle jugera utiles pour la mise en œuvre effective du protocole comme la Constitution lui en donne droit.
Tout en vous souhaitant une bonne réception de la présente, nous vous prions d’agréer Excellence Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre franche collaboration.
Ouagadougou, le 17 décembre 2018
Pour la Coordination
Le Coordonnateur
P/O Souleymane BADIEL
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Bonjour
Nous respectons les points de vue des uns et des autres. Cependant une interrogation pour nous autres du secteur privé.
Quand l’état sort pour fermer les écoles privées, qu’est ce que la CNSE fait pour nous ? Maintenant la CNSE veut le soutient du privé. Il faut reconnaître que c’est le privé qui tire l’économie d’un pays. Vive le privé
Je suis très triste et abattu en tant que parent d’élèves ,administrateur de l’éducation et burkinabè tout court. Je n’arrive pas à comprendre certains agissements de l’autorité qui a promis de régler la question liée au protocole avant fin septembre ,les agents ne conçoivent pas que le gouvernement soit incompétent à ce point de ne pouvoir rien honorer ,de plus je considère qu’en matière de dialogue le cabinet de Paul TIEBA se devait d’être avisé à moins que son conseiller spécial qui était très bruissant dans les mêmes syndicats ne soit seulement conseillers que pour le gain et les honneurs. De grâce ayons pitié de nos enfants.
Bonjour
Nous respectons les points de vue des uns et des autres. Cependant une interrogation pour nous autres du secteur privé.
Quand l’état sort pour fermer les écoles privées, qu’est ce que la CNSE fait pour nous ? Maintenant la CNSE veut le soutient du privé. Il faut reconnaître que c’est le privé qui tire l’économie d’un pays. Vive le privé
Je suis très triste et abattu en tant que parent d’élèves ,administrateur de l’éducation et burkinabè tout court. Je n’arrive pas à comprendre certains agissements de l’autorité qui a promis de régler la question liée au protocole avant fin septembre ,les agents ne conçoivent pas que le gouvernement soit incompétent à ce point de ne pouvoir rien honorer ,de plus je considère qu’en matière de dialogue le cabinet de Paul TIEBA se devait d’être avisé à moins que son conseiller spécial qui était très bruissant dans les mêmes syndicats ne soit seulement conseillers que pour le gain et les honneurs. De grâce ayons pitié de nos enfants.