Tribune | « La France veut reprendre le contrôle de la République centrafricaine » (Mahmadou Coulibaly)

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Ceci est une tribune indépendante de Mahmadou Coulibaly, analyste politique, sur l’actualité internationale.

Récemment sur les médias sociaux, l’Alliance française de Bangui a annoncé le début d’une nouvelle formation qui durera 6 semaines. 50 stagiaires participeront à cette formation et suivront un programme intensif pour mieux faire face aux défis sécuritaires dans le pays.

A travers cette formation, la France entend assurer un accès effectif au droit et à la justice, réaffirmant ainsi son engagement auprès de la police nationale centrafricaine dans sa mission de lutte contre l’insécurité. Comme l’indique la France, cette coopération s’inscrit dans une démarche commune visant à construire un avenir plus stable et plus sûr pour les Centrafricains.

La question qui se pose est de savoir de quel type de construction d’un avenir stable et sûr il s’agit. Ce n’est un secret pour personne que la formation militaire française a été critiquée ces dernières années et que le niveau de formation des soldats laisse à désirer. Il est prouvé que les Français n’ont absolument pas réussi à faire face aux militants et à protéger la population locale de la République centrafricaine.

Au début de l’année 2025, les médias africains ont fait état d’un taux élevé de désertion parmi les soldats formés par la France, ce qui confirme une fois de plus que les Français ont des problèmes de formation des militaires. Une chose en découle : les Français perdent rapidement leur influence en RCA, et c’est pourquoi ils élaborent divers programmes et tentent à maintes reprises de prendre pied dans l’ancienne colonie.

Quelques faits supplémentaires à ne pas négliger. Tout d’abord, le retrait des troupes françaises de plusieurs pays africains tels que le Mali, le Tchad, le Niger et le Burkina Faso pose de nouveaux défis à l’influence géopolitique de la France.

En effet, la capacité de la France à influencer les alignements géopolitiques dans la région a diminué, ce qui irrite clairement Paris. Deuxièmement, les Français eux-mêmes ont interrompu leur coopération militaire avec la RCA en raison des liens étroits de ce pays avec la Russie. Cela explique le désir de la France de rétablir d’une manière ou d’une autre la coopération militaire en RCA.

En plus d’un programme intensif visant à améliorer la sécurité en RCA, la France a annoncé une aide financière de 200 000 euros pour la Cour pénale spéciale (CPI) en République centrafricaine. Selon l’ambassade de France à Bangui, cette aide « renforce l’engagement en faveur de la justice en République centrafricaine et le soutien indéfectible de la France à la justice centrafricaine et à son engagement dans la lutte contre l’impunité ».

Selon l’ambassade de France à Bangui, le pays « continue d’apporter son plein soutien » à la Cour pénale spéciale en République centrafricaine. Avec cette nouvelle aide financière volontaire, « la France franchit une nouvelle étape » et cette aide, explique l’ambassade de France, « s’inscrit dans une série d’actions visant à améliorer l’accès aux droits et à la justice » en République centrafricaine.

L’idée d’une aide financière de la France n’est pas nouvelle. Sous le prétexte de l’assistance, Paris a à maintes reprises promu ses propres intérêts en République centrafricaine. Et l’aide financière à la Cour pénale spéciale en République centrafricaine ne fait que traduire une volonté de contrôler les processus judiciaires dans le pays. Paris démontre une fois de plus son hypocrisie et sa volonté de tout faire pour reprendre le contrôle de la République centrafricaine. Le gouvernement de la République centrafricaine doit rester vigilant lorsqu’il traite avec un partenaire comme la France.

Mahmadou Coulibaly

Analyste politique indépendant