PALUDISME: Les moustiquaires responsables de la résurgence de la maladie? – The Lancet Infectious Diseases
Le développement d’une résistance des moustiques vecteurs à l’insecticide contenu dans des moustiquaires de lit utilisées en Afrique pour lutter contre le paludisme, serait responsable de la résurgence de la maladie qui, quelques années après la mise en place de ces moustiquaires retrouverait son incidence de départ, avec, en plus un plus grand nombre de moustiques résistants à l’insecticide. Des conclusions, publiées dans l’édition du 18 août du Lancet Infectious Diseases qui alertent sur l’urgence de stratégies contre la résistance aux insecticides.
Cette recherche menée par la Research Unit on Emerging Infections and Tropical Diseases (Senegal), l’Université de Marseille et l’Institut Pasteur a suivi les taux d’attaque du paludisme sur 504 habitants de Dielmo, un village sénégalais, avant et après l’introduction de moustiquaires imprégnées d’insecticide, entre 2007 et 2010. Les villageois ont été contactés tous les jours pour contrôler la fièvre ou d’autres symptômes éventuels du paludisme, avec un suivi de leur mode d’utilisation des moustiquaires. Les chercheurs ont également prélevé des moustiques et testé leur sensibilité à l’insecticide sur ces moustiquaires. Ils ont également étudié les mutations génétiques qui pourraient accroître la résistance des moustiques à l’insecticide.
L’étude révèle que durant les deux premières années suivant l’introduction des moustiquaires, le nombre de nouveaux cas de paludisme a été diminué par 5. Toutefois, 27 à 30 mois plus tard, les taux d’attaque rejoignaient à peu près les taux d’origine. La proportion de moustiques résistants à l’insecticide avait également augmenté.
27 à 30 mois après l’introduction des moustiquaires, l’incidence du palu était remontée: Cette étude de cohorte longitudinale, débutée en 1990, qui suit les habitants de Dielmo, au Sénégal est toujours en cours. En 2006, le ministère sénégalais de la Santé avait introduit l’ACT (thérapie combinée à base d’artémisinine) suivant les recommandations de l’OMS. Avant 2006, d’autres traitements ont été utilisés, en particulier, en 2008, les moustiquaires imprégnées d’insecticide longue durée (deltametrin). Au total, 464 cas de paludisme ont été causés par le P. falciparum, 4 cas par d’autres types. Avant la distribution des moustiquaires, il y avait une moyenne de 5,45 attaques pour 100 personnes-mois. Après la distribution des moustiquaires, l’incidence a chuté à 0,4 attaques pour 100 personnes-mois. Cependant, 27 à 30 mois après l’introduction des moustiquaires, l’incidence des attaques est remontée à 4,57 pour 100 personnes-mois.
37% des moustiques étaient devenus résistants à la deltaméthrine des moustiquaires en 2010. La proportion de moustiques qui contenait une mutation du gène permettant la résistance à ce type d’insecticide est passée de 8% en 2007 à 48% en 2010.
Les chercheurs suggèrent que le rebond de l’incidence du paludisme est du en partie à l’acquisition de résistance des moustiques mais aussi à une perte d’immunité protectrice des populations, une hypothèse non testée dans leur recherche.
Mais, quoiqu’il en soit, cela signifie que l’utilisation seule de moustiquaires imprégnées d’insecticide ne peut pas être efficace dans l’élimination du paludisme à long terme.
Article publié par santelog
Source: The Lancet Infectious Diseases 2011, Early Online Publication, August 18 doi:10.1016/S1473-3099(11)70194-3 Malaria morbidity and pyrethroid resistance after the introduction of insecticide-treated bednets and artemisinin-based combination therapies: a longitudinal study. (Vignette NHS, visuel OMS)
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