Issouf OUATTARA : « Nous pouvons construire ces drones au niveau local »

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Issouf OUATTARA est un étudiant-Ingénieur aérospatial. Il travaille présentement sur les systèmes de Contrôle d’Attitude et d’Orbite des satellites. D’origine Burkinabè, il vit à Taïwan dans le cadre des études. Dans cette interview, nous portons notre intérêt sur la seconde édition du CONSEQUENTIAM dont il est en charge de l’organisation. Cet événement majeur rassemble la communauté estudiantine burkinabè de l’île de Formose, communément appelée Taïwan. 

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Burkina24 : Présentez-nous le concept du CONSEQUENTIAM.

Issouf Ouattara : CONSEQUENTIAM a été initié en 2014 par Moise Convolbo Doctorant en Informatique à Taiwan. C’est une conférence annuelle qui regroupe de nombreux participants pour échanger des idées et proposer des solutions concrètes sur un domaine spécifique. Les thèmes concernent particulièrement les problèmes que rencontre l’Afrique en général et le Burkina en particulier.

Pour cette année, nous avons par exemple des thèmes couvrant les domaines de la santé publique, l’application des technologies de l’information et de la communication au développement du monde rural, l’emploi des jeunes et de la gente féminine, l’entreprenariat, le changement des mentalités, l’économie et bien d’autres. L’objectif est de motiver les uns et les autres à partager les idées et connaissances et aussi une invite à la collaboration et le « faire ensemble et avançons ensemble ».

Burkina24 : Quels sont les éléments qui ont motivé cette initiative ?

Issouf Ouattara : CONSEQUENTIAM est née d’un constat. Les jeunes Burkinabè de manière générale ont toujours eu ce label de « Travailleurs ». Nous le constatons dans la diaspora également. Ceux présents à Taiwan étudient dans des domaines variés. Et chacun dans son domaine d’étude est motivé à apporter sa touche dans le développement de son pays.

C’est ce sentiment qui anime aussi les Burkinabè vivant dans d’autres pays. Nous pensons que cette diversité de compétences et cette motivation pour une Afrique meilleure ont besoin d’être mieux canalisées pour avoir un impact important. C’est ainsi qu’est née CONSEQUENTIAM pour servir d’un espace de partage et de croisement des idées de développement durable.

Burkina24 : A cette deuxième édition de Consequentiam, quels en sont les acquis ?

Issouf Ouattara : La première session de CONSEQUENTIAM fut un succès dans l’ensemble. Elle a connu la participation d’une trentaine d’étudiants burkinabè dont plus d’une dizaine de présentateurs d’idées innovatrices pour le Burkina.

Beaucoup de personnes nous ont approché pour encourager cette initiative qui a permis à certains de partager leurs idées mais à tout le monde d’apprendre quelque chose de nouveau. Pour les organisateurs, l’expérience que nous avons acquise nous permettra de mieux organiser les éditions à venir.

Photo de quelques présentateurs lors de CONSEQUENTIAM 2014.
Photo de quelques présentateurs lors de CONSEQUENTIAM 2014.

Burkina24 : Y-a-t-il des participants d’autres Nationalités africaines ?

Issouf Ouattara : Oui, nous avons eu lors de la première édition des participants d’autres nationalités dans l’audience. C’est également la raison pour laquelle nous avons voulu leur permettre de participer activement en fournissant les informations en Anglais.

Burkina24 : Y-a-t-il des innovations prévues pour cette seconde édition du Consequentiam ?

Issouf Ouattara : Evidemment ! Après la première édition, nous avons reçu des suggestions pour améliorer les éditions à venir. Par exemple, à partir de cette édition qui aura lieu le 5 décembre 2015 à Taipei, les thèmes traités seront résumés dans un manuel qui sera mis à la disposition du public et notamment nos dirigeants.

Ce sont des joutes de solution que nous proposons. Des CV partiels des présentateurs seront aussi mis sur le site web de CONSEQUENTIAM pour ainsi promouvoir leurs talents. Nous travaillons aussi pour faire en sorte que les personnes qui ne pourront pas faire le déplacement sur les lieux de CONSEQUENTIAM puissent suivre la conférence en live et y participer activement en posant des questions en ligne.

Nous travaillons avec des partenaires pour accompagner ceux qui ont des projets pratiques. Notre souhait est d’étendre CONSEQUENTIAM dans toute la diaspora burkinabè.

Burkina24 : Quels sont les retombés d’un tel événement sur l’Afrique en général et le Burkina Faso en particulier ?

Issouf Ouattara : Si vous avez remarqué, la devise de CONSEQUENTIAM est « One thousand and one ideas for Africa » (Mille et une idées pour l’Afrique). La majeure partie des thèmes traités concernent les défis que rencontre l’Afrique, puisse qu’on partage à peu près les mêmes problèmes sur le continent.

Les présentateurs, des jeunes et futurs leaders de l’Afrique, apportent des propositions de solutions à ses défis tout au long de leurs présentations. Il faut noter que ces propositions de solutions sont assez riches grâce aux expériences acquises aussi bien au Burkina et à l’extérieur.  Au-delà de ces propositions directes, nous souhaitons que le cadre de CONSEQUENTIAM puisse servir d’un cadre où les participants pourront mettre leurs idées ensemble pour aboutir à des startups.

« Nous pouvons construire ces drones au niveau local et à moindre coût en faisant appel aux compétences de nos ingénieurs en Informatique, en Aéronautique, en Mécanique et aussi nos Mathématiciens. »

Burkina24 : Pouvez-vous nous donner un exemple concret de solution proposée lors de l’édition précédente de CONSEQUENTIAM ?

Issouf Ouattara : Si ! Il faut dire que toutes les solutions proposées étaient très pratiques et s’attaquaient à des problèmes bien précis. Parmi ces solutions, il y a l’application civile des drones de petite taille pour combattre le grand banditisme.

Les faits nous démontrent aujourd’hui que le grand banditisme est un fléau très préoccupant au Burkina. Au-delà de nos populations qui perdent des sommes d’argent très importantes et même leurs vies, nos braves gendarmes, policiers, payent au prix de leur vie pour combattre ce fléau.

Une solution utilisant des drones munis de camera, et d’autres détecteurs comme les capteurs GPS a été proposée pour facilement poursuivre et mettre hors d’état de nuire ces malfaiteurs. Nous pouvons construire ces drones au niveau local et à moindre coût en faisant appel aux compétences de nos ingénieurs en Informatique, en Aéronautique, en Mécanique et aussi nos Mathématiciens. Cette solution, pas vraiment budgétivore peut devenir un programme national de recherche.

Burkina24 : Votre mot de fin.

Issouf Ouattara : Le comité d’organisation dont j’ai la charge a eu du soutien de la part de notre ambassade, qui n’a jamais ménagé aucun effort pour soutenir des initiatives pareilles au sein de la communauté ici à Taiwan.

Nos remerciements vont aussi à notre Association des Burkinabè de Taiwan, et à son Président Dr Placide SANKARA. Nous sommes encadrés par nos ainés aussi bien au Burkina que résidant à Taiwan. C’est donc vous montrer la portée de la chose et l’espoir qu’ont les uns et les autres de voir cette initiative grandir.

C’est en unissant nos forces que nous pourrons de manière significative contribuer au développement du Burkina et de l’Afrique. Nous avons le désir ardent de faire changer les choses et nous sommes convaincus que nous avons le potentiel pour le faire.

Toute personne qui aimerait en savoir plus sur CONSEQUENTIAM peut consulter le site web http://consequentiam.org/conseq/ .

Pour finir j’aimerais remercier Burkina24 pour cette occasion que vous nous offrez pour faire connaitre CONSEQUENTIAM au-delà de TAIWAN.

Entretien réalisé par Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU

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