JCC 2017 : Regard sur les films

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La 28e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) ont tenu leur promesse de retourner au cinéma militant d’antant comme l’a voulu et souhaité le directeur Nejid Ayed lors de la conférence de presse dès les premières heures de l’organisation des  JCC. C’est aussi le sentiment général qui se dégage à la fin des projections des films.

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Le public en majorité jeune ne se fait pas prier pour prendre d’assaut les salles de ciné chaque soir, au point qu’à la projection de certains films à caractère sexuel, on a pris le soin de l’interdire au moins de 18 ans. 

Un cinéma d’expression arabe et africaine a été aussi été donné à voir. Une empreinte que le plus vieux festival du continent (51 ans) a voulu garder. La compétition des films documentaires a été aussi restaurée.

Aux côtés de grands films qui ont déjà fait parler d’eux, comme « Félicité », Etalon d’or au FESPACO 2017, qui a encore fait salle comble et glané des prix, se trouvaient de nouvelles œuvres. Ce sont «Wallay » du Burkinabè Berni Goldbalt, «La Belle et la meute » de la Tunisienne Kaouther Ben Hania et « Vent du Nord » de Walid Mattar tous issus de l’atelier Takmil  des JCC 2016, qui soutient des projets de films africains et arabes en phase de post-production.

Le militantisme, l’engagement social se dévoile d’un film à un autre mais de façon générale, se dégage un militantisme humaniste, qui met l’humain  au centre, dans une fracture sociale qui va de plus en plus grandissante et fait fi du militantisme de la politique politicienne.

Les histoires de guerre vécues par les pays

Les grandes histoires qui ont marqué les pays d’Afrique et de l’Orient sont revécues à Carthage.  Le Tanit d’or de la fiction long métrage, « Le train du sel et du sucre » du Mozambicain Licinio Azevedo, ramène le spectateur en 1989 en pleine guerre civile entre le FRELIMO, au pouvoir depuis 1975 et la RENAMO, la résistance.

Ce film n’est cependant pas un film sur la guerre ni un film de guerre mais sur un convoi de wagon avec à son bord des femmes en majorité qui au péril de leur vie vont chercher du sucre et du sel, aliments devenus très rares. L’armée régulière veille au grain pour le voyage contre des rebelles tapis dans la brousse tout le long du trajet. Parmi eux, les bons et les mauvais. Le réalisateur, journaliste en son temps, a lui-même expérimenté ce voyage périlleux soumis aux attaques et aux sabotages du chemin de fer.

Le combat de la femme

Le combat de la femme est évoqué dans « Félicité », de Alain Gomis ainsi que «La belle et la meute »,  inspiré d’une histoire réelle qui s’est passée en Tunisie.

Elle parle d’une femme violée par des éléments de la police et qui refuse de se laisser intimider par ses bourreaux et réclame justice. Une histoire qu’il aurait été impossible de mettre au grand jour dans la Tunisie d’il y a quelques années, confie la réalisatrice Ben Hania dans une interview accordée dans la parution numéro 8 de « Awotélé ».

La douleur interne

Dans le documentaire « Gost Hunting» du Palestinien Raed Andoni, le réalisateur exhume la douleur des prisonniers comme lui qui ont séjourné dans un centre interrogatoire israélien en leur permettant de faire une mise en scène de leurs conditions de détention.

Des reconstitutions de scène qui s’avèrent thérapeutiques pour les uns et difficiles à revivre pour les autres. Mais Raed très doux, humaniste et compréhensif dans ses approches arrive à les mener jusqu’au bout et leur permette de se retrouver.

Les traditions

 Dans «Wallay », de Berni Goldbalt c’est un retour aux sources. Le Sud-africain John « Inexba » se saisira de l’excision considérée symbole de la virilité dans la tradition africaine pour poser la problématique de l’homosexualité. Il met en scène un maître initiateur homosexuel pour briser les tabous.

La religion, la foi

« SHeick Jackson », de l’Egyptien Amr Salama, met en scène la crise de foi d’un salafiste, grand fan de Michael Jackson, à l’annonce de son décès. Le prédicateur ultraconservateur  se remémore de son adolescence quand il adulait le roi de la pop et se redécouvre peu à peu et se rend compte qu’il est un être déchiré au fond entre les traditions islamiques et la culture occidentale à laquelle il n’arrive pas à échapper grâce à l’Internet. Le film pose avec subtilité la question de Cctte critique acerbe de l’intégrisme  dans les pays arabes.

La question de la foi est aussi abordée dans le court métrage, tanit d’or « Aya »  de Moufida Fedhila avec le port du voile, qui est cette fois questionné sous le regard d’une petite fille qui veut aussi rencontrer Dieu sous le voile. Alors que sa mère le porterait pour ne pas subir la colère des intégristes.

Les professionnels apprécient l’offre  cinématographique, des films dynamiques, une avancée au niveau technique.

Cependant, l’œil critique va plus loin.  « Il y  a une certaine différence dans le traitement du sujet dans la densité filmique des films. Ce que je remarque c’est qu’on est poétique, molle, je dirai, lent dans certains films, la manière de filmer certains sujets. Mais il y a un rythme très dense dans les films du Moyen Orient et quelque peu dans les pays anglophones.  On sent nettement cette différence d’un pays à l’autre en Afrique subsaharienne« , fait savoir Fatou KIné Sène, journaliste et critique de cinéma.

« Le train du sel et du sucre » aura su réunir toutes les sensibilités pour remporter le Tanit d’or de la 28e  édition.

Et selon le président du jury Michel Khleifi, c’est le film qui a regroupé beaucoup de travail cinématographique, un langage classique bien maîtrisé, une géographie humaine.

« Je trouve magnifique de voir ce genre de films en Afrique. Je ne suis pas critique du cinéma africain mais je trouve que si on continue comme ça, on sera tous heureux d’ici 5 ans », a-t-il conclu.

Revelyn SOME

Burkina24

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