« Le général (Diendéré) a instruit de faire un coup d’Etat » le 16 septembre 2015

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C’est bien la première fois, depuis le début de l’interrogatoire des accusés, que le Parquet et les avocats des parties civiles jettent des fleurs à un accusé. L’adjudant Jean Florent Nion a, par ses réponses, même provoqué « l’admiration » de Me Prosper Farama, avocat des parties civiles. Le troisième accusé à passer à la barre est poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline, meurtre et coups et blessures volontaires. A l’annonce des faits à lui reprochés, l’accusé dit reconnaître « partiellement » les faits. Une première dans le procès du Coup d’Etat de septembre 2015.

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Le mardi 3 juillet 2018, l’interrogatoire des accusés a débuté avec l’adjudant Jean Florent Nion, membre de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP), plus précisément au Groupement d’unité spéciale au moment des faits. En compagnie de ses avocats choisis Me Adrien Nion et Me Blaise Paridié, l’accusé s’est mis à table. « On ne m’a pas éduqué dans le mensonge. Ce que j’ai posé comme acte, je vais dire », a lancé l’adjudant Nion. Dans les faits, l’accusé explique avoir été réveillé par le major Eloi Badiel et le Sergent-chef Roger Koussoubé le 16 septembre 2015 alors qu’il se reposait après avoir assuré l’escorte du Président de la Transition.

« On est attaqué, je vous amène en lieu sûr »

« Ils étaient en face de moi. Ils m’ont dit que le général (Gilbert Diendéré) a instruit de faire un coup d’Etat. J’étais surpris et j’ai eu peur », raconte l’adjudant Jean Florent Nion. « Il fallait prendre la décision tout de suite », dit-il. Et pour ce faire, il aurait envoyé un SMS pour demander à rencontrer le général Diendéré à son domicile. « Le général m’a reçu. J’ai exposé le problème. Et quand j’ai fini, je n’ai pas entendu une réponse contraire à ce qu’on (Badiel et Koussoubé) m’a dit », poursuit l’accusé qui précise qu’à sa question de savoir si le général Diendéré confirme avoir « instruit un coup d’Etat ce jour », la réponse de son interlocuteur a été la suivante : « Ce n’est pas encore fait ? ».

De retour au Palais à Kossyam (résidence du président), l’adjudant Nion dit avoir vu un attroupement dans le hall et « j’ai soufflé dans l’oreille du major (Badiel) : l’information semble fiable. Le grand (Diendéré) est au courant ». Par la suite, témoigne l’inculpé, « j’ai enfilé ma tenue militaire et j’ai repris mon poste ». A son poste, poursuit l’adjudant, un véhicule a freiné et il est embarqué avec le sergent-chef Moussa Nébié dit Rambo et le sergent-chef Adama Diallo pour la présidence. « Il y avait d’autres soldats que je ne connaissais pas », précise l’accusé.

Ensemble, ils ont accédé à la salle où se tenait le Conseil des ministres. Dans cette salle, selon l’adjudant Nion, le sergent-chef Moussa Nébié a dit au Président Kafando : « on est attaqué, je vous amène en lieu sûr ». Les autorités se sont levées et le Premier ministre a suivi. En s’introduisant dans la salle du Conseil des ministres, « une voix » aurait instruit l’accusé, selon ses dires, d’interpeller les ministres Réné Bagoro et Augustin Loada. Ce qu’il a fait.

« Un commando, c’est un homme d’honneur »

Après les déclarations de l’adjudant Jean Florent Nion, celui-ci a reçu moult félicitations tant de la part du Parquet militaire que des avocats de la partie civile. Le parquet a ainsi loué la « franchise » de l’accusé qui semble être resté fidèle dans ses propos par rapport à ses déclarations durant l’instruction du dossier. « Un commando, c’est un homme d’honneur », exalte le ministère public à l’endroit de l’adjudant. « Je voudrais vous témoigner mon admiration personnelle (…). C’est ça l’attitude d’un homme a fortiori, un militaire », accole Me Farama. Son confère Me Guy Hervé Kam, de la partie civile, a sollicité le parquet pour éviter des désagréments à l’accusé quand il retournera en détention.

Des faits à lui reprochés, l’accusé les a reconnus « partiellement » notamment en ce qui concerne l’attentat à la sûreté de l’Etat. Pour se dédouaner, l’inculpé indique que même « si tu n’es pas d’accord avec quelque chose, ce n’est pas à tout moment que tu peux refuser. Si j’avais la possibilité de m’envoler, j’allais le faire ». Pour les autres, il les nie en bloc. « Je n’ai jamais tué quelqu’un. Je me suis limité à la présidence et il n’y a pas eu de mort à la présidence (…). Je n’ai jamais porté la main sur qui que ce soit », avance l’adjudant pour balayer de revers les autres faits d’accusations. « J’étais dans une mauvaise position au mauvais endroit. Si je n’étais pas de garde, peut-être que je ne serais pas là (à la barre) », commente l’inculpé.

Néanmoins, l’adjudant Jean Florent Nion reconnaît avoir tiré « en l’air » au carrefour de BF1 pour disperser des manifestants. Il reconnait également avoir été à l’hôtel Laïco pour rendre visite aux éléments précurseurs de la délégation du président sénégalais Macky Sall. Une autre fois dans le même hôtel, il atteste avoir exfiltré Roch Kaboré et Saran Sérémé avec l’aide de l’accusé Adama Diallo.

Lire 👉Procès du putsch : « Ma mission, c’était de rester dans le véhicule »

Tablant sur la « franchise » de l’accusé, les conseils de l’adjudant Nion espèrent que les éloges du parquet pèseront par la suite en faveur de leur client. Après l’adjudant Jean Florent Nion, c’est le caporal Dah Sami, poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et dégradation volontaire aggravée de biens qui a été appelé à la barre.

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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