Procès du putsch : Le caporal Dah, « un agent double » selon la partie civile

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Le mardi 3 juillet 2018 le caporal Dah Sami passait à la barre pour répondre des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et dégradation volontaire aggravée de biens qui lui sont reprochés. Des récriminations qu’il dit ne pas reconnaître. Son interrogatoire s’est poursuivi le mercredi 4 juillet 2018. L’accusé a été aux côtés du général Diendéré pour assurer sa sécurité, selon ses dires, jusqu’à son arrestation le 21 septembre 2015.

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Le procès du Coup d’Etat de septembre 2015 suit son cours. Le caporal Dah Sami est le 4e inculpé à passer à la barre pour s’expliquer des griefs qui lui sont imputés. Ne les reconnaissant pas, le caporal retrace sa « vie » durant le coup d’Etat. Le 16 septembre 2015, il était dans une maison de l’ex première dame (Chantal Compaoré) à Koulouba. « A 13 h, le Sergent-chef Roger Koussoubé m’a appelé de venir au Palais ». Il s’est exécuté.

Arrivé au Palais, le temps de garer sa moto, « une voix » lui aurait intimé d’embarquer dans un véhicule dans lequel le caporal Dah a reconnu l’adjudant-chef Nébié Moussa et l’adjudant Ouékouri Kossè. Le véhicule qui était dans un cortège s’est arrêté « au pied de la présidence », raconte l’accusé qui précise qu’il est resté au niveau du véhicule sans accéder dans la salle où se tenait le Conseil des ministres. « Au pied de la présidence », pour dire l’entrée principale du bâtiment de la présidence, le caporal affirme avoir vu le Président Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida qui sortaient en compagnie de l’adjudant-chef Nébié Moussa et de l’adjudant Nion Jean Florent.

« C’est une chance pour moi d’assurer la sécurité du général »

A la suite de ces faits, le caporal indique avoir accompagné le sergent-chef Koussoubé chez le général Gilbert Diendéré. Après avoir ramené le général à Kossyam, il a été commis à la sécurité de celui-ci le 17 septembre jusqu’à son arrestation le 21 septembre 2015 quand il est allé à un rendez-vous où il devrait croiser un supérieur « loyaliste ». L’inculpé affirme n’avoir jamais été informé d’un quelconque coup d’Etat ni avec ses frères d’armes, ni à la télévision jusqu’à son arrestation. « Quand on te confie une mission de garder le général, je n’ai pas le temps de regarder la télé », dit-il avant de confier que « c’est une chance pour [lui] d’assurer la sécurité du général ». « C’est cette chance qui vous a envoyé ici », rétorque Me Yanogo de la partie civile.

Pendant l’interrogatoire du caporal Dah Sami dans la soirée du 3 juillet, les mots étaient devenus assez ‘’durs’’ entre l’accusé d’une part et les avocats de la défense et le ministère public d’autre part. Pour expliquer qu’il était injustement inculpé pour avoir exécuté des ordres donnés par un supérieur hiérarchique, l’accusé demande : « les gendarmes qui escortaient le général en moto, pourquoi ils ne sont pas devant vous aujourd’hui ? ». Sur ces entrefaites, le président du tribunal a suspendu la séance pour une reprise le lendemain afin de permettre à l’accusé et à son avocat, Me Arno Sempébré, de se concerter.

Le 4 juillet 2018, effectivement à la reprise de la séance, c’est un caporal Dah Sami plus calme qui se présente. La parole est donnée à la partie civile. Me Prosper Farama a alors demandé à l’accusé de définir ce que c’est qu’un ordre. « Tout ce qu’un supérieur me dit de faire, je vais l’exécuter », répond le caporal. L’avocat poursuit en revenant sur l’interpellation de la « voix » : « l’ordre venait d’un supérieur, d’un subordonné ou d’un fantôme ? Parce que si j’analyse, poursuit l’avocat, dans un cadre militaire, si une voix avait dit ‘’tuer’’, vous alliez tuer ? ». « Tuer et embarquer, c’est différent », lance rapidement le caporal.

« … si un supérieur me donne de l’argent, je vais prendre »

En tirant la conclusion de ce qui précède, Me Farama indique que « donc l’ordre ne s’exécute pas de façon mécanique ». Selon le conseil du caporal Dah, l’accusé n’a commis aucune faute. « Il a répondu à un appel, il est allé au Palais, il a embarqué dans un véhicule et il a assuré la sécurité du général », commente Me Sampébré.

Le caporal Dah, lors de l’interrogatoire, a reconnu avoir pris la somme de 500.000 F CFA avec le sergent-chef Koussoubé. « Je ne sais pas à quelle fin il m’a donné cet argent. Ce que j’ai fait de ça, ça n’engage que moi (…) Même si un autre supérieur me donne de l’argent, je vais prendre. C’est à lui de venir dire pourquoi il m’a donné l’argent », explique-t-il. Mais en aucun moment la date du « don » n’a été mentionnée.

Par ailleurs, le caporal n’a pas nié avoir eu des échanges de messages SMS avec un soldat « loyaliste ». Un aveu qui a suscité des commentaires de Me Séraphin Somé de la partie civile : « Le caporal (Dah) est un agent double. Avec l’argent, on peut tout faire. Le 21 (septembre 2015 – jour de son arrestation, ndlr), il ne s’est pas rendu à un rendez-vous. C’était une reddition. C’est un véritable agent double. Je le conseille de continuer dans cette stratégie, celle de tout nier. Elle va le sauver ».

A la suite du caporal Dah Sami, c’est le soldat de première classe Amadou Ly qui a été appelé à la barre. Il est poursuivi pour meurtre, coups et blessures volontaires et complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. 

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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