Commerce intracommunautaire : Des obstacles rencontrés par les femmes
Engagé pour l’autonomisation économique de la femme, le Groupe de recherche et d’analyse appliquées pour le développement (GRAAD) et l’association African Women Leaders (AWL) mettent à profit le 7 mars 2019, la veille de la journée dédiée à la cause de la gente féminine, pour réfléchir sur sa partition dans le secteur du commerce dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
A la date du 31 décembre 2016, la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Burkina Faso estimait à 66 000 unités la population d’entreprises actives. Plus de la moitié d’elles, soit (51 %), évolue dans le secteur du commerce. Le secteur des services concentre 30% des entreprises, celui de l’industrie, 12% et celui de l’artisanat, 7%.
« Pour que le commerce intracommunautaire bénéficie davantage à chaque femme dans les chaînes de valeur », le GRAAD et l’AWL ont souhaité aller au-delà de la fête en discutant des questions de genre avec un focus sur les freins à l’extension du chiffre d’affaires des femmes exerçant dans le secteur tertiaire, notamment la branche commerce.
Hien Sié est affecté au Secrétariat Permanent du Conseil National pour la Promotion du Genre (SP/CONAP Genre). Il apprécie favorablement l’initiative qui quitte le cadre un peu festif du 8-Mars pour aller vers des séances de réflexion, d’échanges, de partage d’expériences pour voir comment ensemble contribuer à l’épanouissement de la femme.
Les obstacles, ce n’est pas ce qui manque tout le long du parcours des femmes. Des « constats paradoxaux » faits par l’équipe du Dr Gountiéni D. Lankoandé, secrétaire exécutif du GRAAD, il ressort que certes, « il y a une bonne représentativité des femmes (45% de femmes contre 55% d’hommes) » sur la branche commerce, mais en termes de gains dans les mêmes activités comparées, « vous allez vous rendre compte que l’homme gagne deux fois plus que la femme ».
En effet, pointe Marie Hermann Coulibaly, présidente de l’African Woman Leaders (AWL), « les pesanteurs socio-économiques jouent un peu en défaveur » des femmes en couple pour qui « aller en-delà des frontières pour faire du commerce, c’est un peu difficile », vu qu’« il faut l’accord du mari qui n’est pas souvent partant pour que la femme puisse faire le commerce au-delà des frontières ».
L’Organisation mondiale du commerce créée il y a 24 ans, qui s’efforce de placer le commerce au centre des stratégies d’aide et de développement, voit dans cette branche du secteur tertiaire une occasion de sortir des millions de personnes de la pauvreté.
Les auteurs du rapport 2017 notent qu’« il reste beaucoup à faire pour que le commerce devienne un élément moteur de la création de richesse et de la réduction de la pauvreté pour les femmes », en ce sens que ces dernières rencontrent « plus d’obstacles que les hommes pour accéder aux marchés étrangers ».
Le faible niveau d’éducation est ici pointé du doigt. « Au Burkina Faso, le fait que les femmes ne soient pas alphabétisées, cela constitue également une difficulté pour elles dans la mesure où la grande majorité n’a pas les informations nécessaires sur les procédures douanières », dépeint Marie H. Coulibaly.
Au cours des échanges, certaines commerçantes qui mènent des activités commerciales intracommunautaires indiqueront payer des frais douaniers sur des produits de crue, qui sont pourtant « exonérés » au sein de l’espace UEMOA. La président de l’AWL pointe ici l’ignorance de ces femmes commerçantes qui ne savent ni lire, ni écrire et qui n’ont pas accès à l’information.
A un tournant où la création d’emplois pour les travailleurs qualifiés dans le domaine contribue ainsi à « accroître l’incitation à faire des études », peut-on lire dans le rapport 2017 de l’OMC, « les femmes, traditionnellement moins éduquées que les hommes, en profitent tout particulièrement ».
Présente à la rencontre de réflexion, la députée Rokia Rouamba, coordinatrice du réseau caucus genre à l’Assemblée nationale, a indiqué que le regroupement ne ménagera aucun effort pour venir à la rescousse des femmes afin de corriger cette inégalité.
Oui Koueta
Burkina24
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