Forêt classée de Kua : Entre le Burkina et la Chine, qui décide ?

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Le 24 mai 2018, soit vint quatre (24) ans après la rupture d’avec la République populaire de Chine pour se tourner vers Taiwan, le choix était fait au regard de « l’évolution du monde et des défis socio-économiques actuels de notre pays et de notre région » qui recommandaient au Burkina Faso de « reconsidérer sa position », de se retourner à nouveau vers la Chine continentale. Depuis lors, les manettes sont détenues par Pékin qui décide de l’orientation de (presque) tout.

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Avec Pékin (qui arrive presque toujours à ses fins sauf avec les USA avec Donald Trump à la Maison Blanche qui veut le rendre encore plus grand), tout va à une vitesse exponentielle. Peu à peu, Taiwan a perdu ses soutiens africains dont il ne lui reste plus qu’un (Swaziland devenu Eswatini) depuis l’annonce de la reprise des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la Chine le 24 mai 2018.

« On était exclus des projets intégrateurs ou en tout cas, on gênait la réalisation de projets intégrateurs qui dans la plupart sont financés en totalité ou en partie par la République populaire de Chine », justifiait, fin mai 2018, le chef de la diplomatie burkinabè. En effet, Pékin conditionnait son soutien à l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel par ces retrouvailles.

« Pas de financement » à cette organisation sous-régionale qui compte sur ses partenaires occidentaux et asiatiques avant de projeter ses troupes sur le front de la lutte contre le terrorisme qui plombe le développement. Le seul obstacle majeur à l’ambition de la deuxième économie mondiale de mettre les pieds dans la sous-région ouest-africaine venait ainsi d’être franchie.  Depuis lors, le reste du calendrier est dicté par la Chine.

Forêt classée de Kua: Mais qui décide ?

Le chemin vers l’exploitation du manganèse de Tambao se retrouvait ainsi sans obstacle majeur. Notamment suite à l’éjection de la société Pan African Minerals (PAM) de l’australo-roumain Frank Timis avec laquelle l’Etat burkinabè était aux prises depuis mars 2015. Dans sa démarche pour trouver un nouveau partenaire pour l’exploitation des réserves de manganèse estimées à près de 55 millions de tonnes, le Burkina avait été conforté par une ordonnance de la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale de Paris.

Le 11 mai 2018, celle-ci donnait carte blanche au Burkina Faso, défendu par les cabinets SCPA Kam et Somé du Burkina Faso et les cabinets parisiens Kevin Grossman et Clay Arbitration office, pour résilier le permis minier avec les filiales Pan African Burkina et Pan African Tambao.

Voie libre pour l’empire du milieu à qui pratiquement rien ne résiste. Et Pékin entend bien s’en assurer. Exemple, le problématique déclassement annoncé de la forêt classée de Kua pour y construire un hôpital. Tout donne l’impression que c’est la mairie de Bobo-Dioulasso qui tient mordicus à la construction du centre hospitalier universitaire sur le site de la forêt classée de Kua (objet d’une étude en 1998 dans le cadre de l’obtention d’un DESS en gestion des systèmes agro-sylvo-pastoraux). A en croire le chef du gouvernement, l’édile a proposé trois ou quatre sites sur lesquels « il y a eu des problèmes ». Christophe Dabiré ajoutera: « un des sites que nous avons proposés n’était pas loin de là où les Chinois ont décidé d’implanter l’hôpital, c’est-à-dire la forêt ».

Pékin a décidé de laisser parler son cœur (à commencer par l’accueil d’étudiants en provenance de Taiwan et qui « seront exemptés de frais de scolarité, auront un logement gratuit, des subsides pour vivre, (et) seront assurés ») et ne compte pas être contrarié dans ses plans. Le message est passé.

Après l’échec du maire de la capitale économique de convaincre de la justesse du choix du site, l’exécutif avec à sa tête le Premier ministre est passé à une étape supérieure le jeudi 16 mai devant la représentation nationale. Il est allé y donner du poids aux « engagements de la part de la République populaire de Chine de reboiser de 16 hectares et même l’étendre à 30 hectares ».

Et pour boucler la boucle, Christophe Joseph Marie Dabiré a annoncé les couleurs de la manche à suivre : « mettre toutes les formes pour que la population accepte cet investissement sans penser que nous sommes en train de remettre en cause la protection de l’environnement ».

Lapsus ?

Lapsus ou pas, le chef de l’exécutif, après avoir tenu à « confesser que le gouvernement a mal communiqué », a déclaré : « les Chinois nous ont dit que si nous sommes d’accord, même les arbres qui sont dans le site qu’ils ont choisi, qu’ils vont les déterrer et aller les replanter dans la forêt classée ». Tout y est.

Les Burkinabè devront donc se plier aux exigences du donateur s’ils veulent de cet hôpital moderne, un investissement subventionné de 35 milliards de francs CFA, avec sa capacité d’accueil estimée à un peu plus de 500 lits. Mais comme dit  un peu plus haut, les mots « stratégies » et « tactiques » ne sont pas inconnus de Pékin qui ne néglige aucun aspect avant de se lancer dans une opération.

Venu pour parler de « coopération pragmatique » en mars, reçu par le Président du Faso, Yezhou Guo, vice-ministre du développement international, un des nombreux envoyés spéciaux du nouveau partenaire, qui ne manque pas de faire part de sa générosité, en était venu à parler d’arbres, de forêts. « Pour lui, rapporte la présidence du Faso, ’’ ce sont les arbres qui poussent lentement qui sont les plus solides’’ ».

Mais, comme il l’ajoutera, « nous n’avons pas de pétrole et suffisamment de forêts, mais avec nos propres ressources, mains et notre intelligence, nous pouvons avoir un meilleur avenir ». Parlant d’avenir, l’exécutif burkinabè acceptera-t-il ce que ce député a qualifié de «terrorisme environnemental » ? Ou le principe de la domination de la main qui donne va-t-il s’appliquer ?

La Rédaction

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