Réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’UE et du G5 Sahel

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Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des cinq pays membres du G5Sahel ont rencontré, mardi 14 mai 2019, à Bruxelles, leurs homologues des 28 pays membres de l’Union européenne à la demande du Président du Faso, SEM Roch March Christian Kaboré, président en exercice du G5Sahel. Objectif, mobiliser davantage la communauté internationale au chevet du Sahel en proie au terrorisme et au sous-développement. 

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Cette rencontre qui s’est tenue au siège du Conseil européen a regroupé tous les ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l’Union européenne ainsi que leurs collègues de la Défense. Il s’agissait pour ces ministres de faire le point de la situation sécuritaire dans le Sahel avec leurs homologues du G5Sahel dont les pays sont fortement ébranlés par des attaques terroristes  multiformes.

La réunion visait également à faire l’état des lieux des actions de développement entamées par le G5Sahel à travers son secrétariat permanent et de re-mobiliser surtout la communauté internationale au regard de la dégradation continue de la situation sécuritaire et humanitaire dans le Sahel.

En tant que représentant du Président en exercice du G5Sahel, il revenait au chef de la diplomatie burkinabè, M. Alpha Barry de faire l’état des lieux dans le Sahel et il n’a pas fait dans la langue de bois.

«Le Sahel aujourd’hui c’est des dizaines de victimes dénombrées tous les mois. Des victimes d’embuscades, d’enlèvements, de tueries ciblées ou massives, d’attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés. Le Sahel aujourd’hui, c’est aussi, les attaques contre les écoles, à travers des incendies, des saccages de bâtiments ou des menaces proférées contre les enseignants. Les attaques contre les symboles de l’Etat, les pillages des marchés ou les vols de bétail… », a énuméré M. Barry détaillant les conséquences terribles que vivent les populations du Sahel du fait du terrorisme.

Ainsi, au Mali et au Burkina Faso réunis, on enregistre, détaille encore M. Barry, plus d’un demi-million d’enfants privés d’école, environ 150 mille personnes déplacées à l’intérieur du territoire burkinabé, 600 mille au Tchad. De part et d’autre des frontières, on dénombre des milliers de réfugiés qui viennent s’ajouter aux dizaines de maliens réfugiés au Burkina et en Mauritanie depuis 2012, a-t-il déploré notant les nombreuses pertes en vies humaines et les centaines de blessés.

Face à cette situation, M. Barry a rappelé les efforts déployés par les gouvernements des pays du G5Sahel sans parvenir à juguler l’hydre terroriste encore moins contenir les drames humains qu’elle charrie.

Outre l’engagement permanent des armées et des forces de sécurité nationales dans la lutte contre le terrorisme, les pays du G5Sahel ont constitué en 2017, une Force conjointe forte de 5000 hommes. Et depuis janvier 2019, la FC-G5S a mené jusqu’à sept opérations et planifie d’autres. Bon an mal an, a souligné le chef de la diplomatie burkinabè également ministre de la Coopération, les pays du G5Sahel consacrent entre 18 et 32% de leurs budgets aux questions de sécurité et de défense, ce qui est «énorme» pour leurs économies et « coûteux» pour leurs services sociaux de base «dont la part de budget se réduit considérablement d’année en année».

Les attentes

Devant l’ampleur de la situation, les pays du G5Sahel estiment qu’ils ne peuvent pas à eux seuls faire face à la situation. Ils en appellent à la solidarité et à la conscience internationale notamment des pays de l’UE.

«Face à toutes ces urgences et face à ces défis énormes (…) nous lançons un appel à l’Union européenne et à l’ensemble des partenaires, à davantage soutenir les efforts inestimables des Etats membres du G5 Sahel», a plaidé le ministre burkinabè au nom du Président du Faso, président en exercice du G5Sahel. Dans le détail de ces soutiens, Alpha Barry a cité entre autres, le respect des engagements financiers annoncés lors de la Conférence de haut niveau sur le Sahel tenue à Bruxelles le 23 février 2018 au cours de laquelle les partenaires s’étaient engager à financer la Force conjointe du G5Sahel à hauteur de 414 millions d’euros.

«Ce soutien devrait se traduire d’abord par une opérationnalisation complète de la Force conjointe le plus rapidement possible. Aujourd’hui, cette Force du G5 est sur pied. Mais nous sommes encore dans la phase d’équipement.  Nous espérons que d’ici la fin d’année 2019, grâce à vos efforts, la Force conjointe pourra atteindre sa pleine capacité opérationnelle», a lancé le ministre des Affaires étrangères également chargé de la coopération du Burkina.

Les pays du G5Sahel demandent aussi la révision de l’Accord technique entre la MINUSMA, la Mission des Nations Unies au Mali, l’Union européenne et la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) qui permet de soutenir les opérations de la FC-G5S sur le terrain.

Actuellement cet accord ne couvre que les interventions sur le territoire malien, donc de deux bataillons sur les sept de la FC-G5S.

Le G5Sahel réclame aussi le placement de sa force conjointe sous le chapitre 7 des Nations Unies, ce qui lui permettrait de bénéficier de financements pérennes du département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Mais les ministres du G5Sahel estiment surtout qu’il est quasiment impossible de résoudre la question du terrorisme dans leur région sans qu’une solution durable ne soit trouvée à la crise en Libye où les pays de l’UE, tous membres de l’OTAN, sont intervenus créant le chaos qui éclabousse aujourd’hui le Sahel. Pour le ministre Barry, il faut que la  communauté internationale affiche une position «claire» quant à la résolution de la crise en Libye, «sanctuaire d’incubation des terroristes et des criminels de tous ordres et donc le principal facteur de déstabilisation de (la) région» sahélienne.

Devant les menaces de contagion de plus en plus réelles des terroristes sur les côtes ouest-africaines avec l’enlèvement de deux touristes français au Bénin (libérés par une intervention franco-américano-bénino-burkinabè) suivi de l’assassinat de leur guide béninois, le représentant du Président en exercice du G5ahel a demandé à la mise sur pied d’une coalition internationale à l’instar de celle formée en Afghanistan et en Irak lorsque ces pays asiatiques faisaient face à l’hydre terroriste qui, visiblement, a trouvé un terreau d’éclosion au Sahel après avoir été chassée de ces territoires.

Ce n’est pas seulement en matière de sécurité que le G5Sahel demande du soutien, il demande aussi une concrétisation des appuis annoncés lors de la conférence de décembre 2018 à Nouakchott consacré au financement au Programme d’investissements prioritaires (PIP) que l’UE s’est engagée à soutenir à hauteur de 126 millions d’euros.

«Notre souhait, a dit Alpha Barry, est d’arriver à des décaissements rapides de l’aide annoncée pour tenir compte de l’impératif développement et sécurité au Sahel», a-t-il plaidé.

Droits de l’homme

Les ministres européens ont effectivement constaté que la situation décrite par leurs collègues sahéliens était dramatique pour les populations de la région. Ils ont relevé qu’elle se métastasait dangereusement vers le sud avec en sus l’apparition de conflits intercommunautaires doublée de la volonté des groupes terroristes de provoquer des conflits interreligieux. Ils se sont engagés à renforcer les efforts pour une opérationnalisation de la FC-G5S et ont demandé à ce qu’elle mette rapidement en place sa composante police et droits de l’Homme.

A ce niveau, certains européens ont insisté sur la nécessité de faire en sorte que les opérations militaires soient respectueuses du droit international humanitaire et des droits de l’Homme. Les Européens demandent aussi que les milices qui sont à l’origine de certaines exactions et l’exacerbation des conflits intercommunautaires soient désarmées et que les pays du G5Sahel mettent fin à l’impunité.

Sur la crise libyenne, les européens affirment en avoir discuté entre eux et promettent d’avoir une position claire et de mener une action coordonnée afin de rétablir la paix et la sécurité.

Certains pays ont indiqué qu’ils mettaient en œuvre les annonces qu’ils ont faites dans les différents foras consacrés au G5S et d’autres ont annoncé des aides nouvelles ou supplémentaires qu’ils sont en train d’apporter au G5Sahel ou à ses membres dans un cadre bilatéral.

A l’issue de la réunion, la Haute représentante de l’UE pour les Affaires extérieures et la politique sécuritaire Mme Féderica Mogherini a indiqué qu’elle sera à Ouagadougou en juillet dans le cadre de sa réunion ordinaire avec les ministres des Affaires étrangères du G5Sahel. Certainement qu’à cette occasion, des annonces concrètes pourraient être faites ; ce qui confirmera la place de l’UE comme principale partenaire aussi bien en termes d’appuis que de plaidoyer en faveur du G5Sahel depuis son lancement le 16 février 2014.

Peu avant le début de cette réunion, le chef de la diplomatie burkinabè avait rencontré Mme Mogherini lors d’une réunion bilatérale au cours de laquelle les deux parties ont échangé sur la situation sécuritaire du Burkina Faso et le soutien attendu de l’UE.

A la veille de cette ministérielle UE 28-G5sahel, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des cinq pays membres du G5Sahel s’étaient retrouvés à l’Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles pour une réunion de concertation au cours de laquelle ils ont harmonisé leurs positions. Outre le Secrétaire permanent du G5Sahel (SP/G5S) Maman Sambo Sidikou et le commandant de la Force Conjointe (FC-G5S), le général Hanena Ould Sidi, les ambassadeurs des cinq pays du G5Sahel en poste à Bruxelles ont également pris part à ces rencontres.

Romaric HIEN

Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles

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