Me Benewendé Sankara : « Laissez à l’UNIR/PS sa manière d’être sankariste »

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L’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) a mis en place, le 15 juillet 2020, son équipe de campagne composée de 21 membres pour les élections couplées législatives et présidentielle du 22 novembre 2020. Spécifiquement sur la présidentielle, le parti dirigé par Me Benewendé Sankara a jeté son dévolu sur le président sortant, Roch Kaboré, candidat déclaré du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Dans cette interview accordée à Burkina 24 le vendredi 17 juillet 2020, Me Sankara revient, entre autres, sur les motivations de son parti à soutenir Roch Kaboré, dresse le bilan de la collaboration avec le MPP et déballe tout sur l’épisode du ‘’lenga’’ ou de la proposition de report des législatives par l’Assemblée nationale.

Burkina 24 (B24) : Les partis de la majorité présidentielle avec le vôtre en tête soutiennent la candidature de Roch Kaboré à la présidentielle de novembre 2020. Qu’est-ce que cela implique pour ces partis ?

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Me Benewendé Sankara (Me Sankara) : D’abord, les partis de l’APMP constituent un regroupement d’une alliance qui a à sa tête le MPP. Nous avons d’ailleurs, depuis l’entame du mandat du Président Roch Marc Christian Kaboré, eu à nous organiser avec une coordination et nous avons accompagné le chef de l’Etat dans son action politique dont le bilan sera donné et apprécié par notre peuple. C’est en faisant le bilan de son action et en tirant tous les enseignements que nous avons décidé, au sein de l’APMP, de lui renouveler notre confiance.

Nous sommes conscients que même s’il y a eu des insuffisances dans la gouvernance, aujourd’hui, il y a des fondements qui ont été créés pour renforcer la stabilité de notre pays qui connait des attaques terroristes, qui est en proie à la Covid-19 et il y a aussi la fronde sociale. Au regard de tous ces aspects, nous pensons que le Burkina Faso doit beaucoup plus travailler pour véritablement bâtir un pays où il fera bon vivre. De ce point de vue, l’UNIR/PS a estimé accompagner le président Roch Marc Christian Kaboré dans son action politique.

B24 : En clair, Me Benewendé Sankara ne sera pas candidat à la présidentielle de novembre 2020. Est-ce cela ?

Me Sankara : Tout à fait ! Nous avons déjà, au niveau du parti, pris une décision qui désigne le Président Roch Marc Christian Kaboré comme étant le candidat de l’UNIR/PS.

Lire 👉 Me Benewendé Sankara : « Nous soutenons sans réserve Roch Kaboré »

B24 : Il ressort, selon certaines informations, qu’après votre démission lors du congrès du parti, personne n’a voulu reprendre la tête de l’UNIR/PS. Confirmez-vous ce fait ?

Me Sankara : Non, pas parce qu’il n’y avait pas quelqu’un pour me succéder, mais je crois que si le congrès extraordinaire a voulu que je sois là, c’est parce qu’avec le secrétariat exécutif national issu du dernier congrès ordinaire qui a eu lieu en 2017, le congrès extraordinaire a pensé qu’il fallait attendre le prochain congrès ordinaire qui aura lieu en 2021 pour procéder au renouvellement de tous les organes. Ça c’est le premier argument.

Le deuxième argument, c’est que nous sommes pratiquement dans une période de campagne puisqu’il faut aller aux élections à bonne date, le 22 novembre 2020. Dans ce contexte, les congressistes ont pensé que je devais faire un sacrifice supplémentaire pour accompagner le parti dans cet exercice. Pour moi, la relève est assurée et même constituée, mais il faut permettre aussi au parti, dans ses structures, de discuter en toute transparence, en toute démocratie interne.

Alliance MPP et UNIR/PS : « Nous sommes des allies, pas des aliénés » (Me Sankara)
Alliance MPP et UNIR/PS : « Nous sommes des alliés, pas des aliénés » (Me Sankara)

B24 : Depuis, vous êtes le visage du sankarisme aux différentes présidentielles. Avec ce soutien accordé à Roch Kaboré, d’aucuns n’hésitent pas à parler d’une mort politique pour l’UNIR/PS. Qu’en dites-vous ?

Me Sankara : Qu’ils m’établissent le certificat de décès. En tout cas, je ne crois pas. Nous parlons de renaissance et pour nous, plus que jamais, le sankarisme en tant que vision politique, en tant que combat est vivace, se porte très bien et à chaque fois, je dis que nous ne sommes pas en alliance comme des aliénés. Nous sommes des alliés, nous ne sommes pas des aliénés. Ce qui veut dire qu’une alliance avec le MPP, au contraire, c’est dans l’exercice du pouvoir d’Etat par les socio-démocrates, faire en sorte que les valeurs que nous défendons à l’UNIR/PS soient prises en compte. Je crois que si on était seul à l’UNIR/PS, on n’aurait pas pu faire bouger un certain nombre de nos ambitions, de nos aspirations.

Sous le président Roch Marc Christian Kaboré, les sankaristes ont été les plus écoutés. Au gouvernement de Monsieur Roch Marc Christian Kaboré, il y a des sankaristes qui sont de formation politique ou qui le sont même à titre particulier. Je prends l’exemple de Sy Cherrif (actuel ministre de la défense, ndlr). Vous connaissez son histoire, sa ligne politique. Il y a bien d’autres qui sont même du MPP et qui se réclament sankaristes. Quand on parle de l’UNIR/PS, les gens oublient que nous sommes un parti politique d’obédience sankariste à l’instar de plus d’une dizaine d’autres partis qui se disent sankaristes. Je ne sais pas ce que ça vaut, mais à l’UNIR/PS, nous avons nos choix, nos options, nos amis, nos alliés, nous avons nos adversaires et nous avons nos ennemis. Le MPP pour nous, c’est un allié. Un allié sûr avec lequel nous avons fait l’insurrection.

N’oubliez pas aussi qu’il y a des sankaristes qui sont dans l’opposition organisée, formelle, légale, tout comme il y a aussi des gens qui se disent sankaristes et qui sont dans l’opposition ténébreuse, noire, cynique, malicieuse. Donc, chacun y va avec sa manière.

Laissez à l’UNIR/PS sa manière d’être sankariste. C’est notre façon de vivre le sankarisme et de nous assumer et aujourd’hui, il y a des acquis que nous pouvons montrer, comme le mémorial. C’est ce régime qui a permis cela. Le chef de l’Etat a, lui-même, soutenu le mémorial Thomas Sankara. Si vous prenez le dossier du Président Thomas Sankara, ça a commencé à avancer. Il y a d’autres dossiers emblématiques comme celui de Norbert Zongo, de Dabo Boukary, etc.

Donc, vous comprenez que nous ne sommes pas des imbéciles politiques à l’UNIR/PS. Ce qui nous intéresse, c’est d’arriver à bon port. Ce sont nos objectifs politiques qui nous intéressent. Tout le reste-là, celui qui veut être plus sankariste que Thomas Sankara lui-même, c’est son droit que nous ne contestons pas. Mais nous, nous assumons le peu de sankarisme que nous avons.

B24 : Au début de la collaboration avec le MPP, vous aviez des objectifs. Après cinq ans, quel bilan dressez-vous ?

Me Sankara : Le premier bilan que nous avons tiré, c’est au niveau de la gouvernance à laquelle nous avons participée et dont nous sommes aussi comptables que le MPP. [La suite dans cette vidéo]

Vidéo – Quand Me Sankara demande « une seconde chance » pour Roch Kaboré

Burkina 24

B24 : A l’Assemblée nationale, il y a eu cet épisode de la proposition de report des législatives. Succinctement, expliquez-nous ce qui s’est passé.

Me Sankara : (Rires) je crois que cette question est plutôt adressée au Président de l’Assemblée nationale.

B24 : Mais vous êtes vice-président de l’Assemblée nationale et député. Vous êtes sûrement au parfum de ce qui s’est passé…

Me Sankara : Bien-sûr ! En tant que député et vice-président ayant pris part à toutes les réunions y compris la plénière, je peux vous dire ce que j’en sais. [Dans cette vidéo, Me Sankara déballe tout]

Vidéo – Proposition de prorogation des mandats des députés : « Indécente », selon Me Sankara

Burkina 24

B24 : Parlant du dialogue politique, le Président du parti Le Faso Autrement, Ablassé Ouédraogo, insiste et demande à Roch Kaboré d’y mettre fin car ce serait selon lui, un dialogue « exclusif ». Il demande l’intégration de toutes les composantes de la société. Que pensez-vous de son appel ?

Me Sankara : Mon ami Dr Ablassé Ouédraogo a un problème personnel avec le chef de file de l’Opposition politique (CFOP), (Zéphirin Diabré, ndlr) qui ne veut pas l’admettre dans l’institution. Il ne faut pas qu’il transpose ça sur la vie de la nation. Le Faso Autrement est un parti politique supposé être au CFOP. Il a même fait la demande. Et le président Zéphirin Diabré, me semble-t-il, n’a pas agréé sa requête. Mais ça, ce n’est pas la faute à la majorité. Ce n’est pas la faute au dialogue politique. Ce n’est pas aussi la faute à la réconciliation. Et il (Ablassé Ouédraogo, ndlr) sait bien qu’au niveau du dialogue politique, la question de la réconciliation nationale est au centre des débats et ça fait l’objet d’une feuille de route.

Dans le discours du chef de l’Etat, il a été clair pour dire qu’il faut prendre toutes les composantes de la nation en compte. Il (Ablassé Ouédraogo, ndlr) est peut-être pressé, mais la réconciliation nationale ne se décrète pas. C’est un processus lié à l’histoire même du Burkina Faso. Repartez lire le rapport du Collège des sages, vous verrez que c’est une analyse profonde. Vous voyez ce que l’Appel de Manéga fait, vous voyez que Safiatou Lopez à un moment donné avait pris son bâton de pèlerin pour parler de la réconciliation nationale. Tout le monde est concerné. Mais il ne faut pas le faire comme si on pouvait le décréter. La réconciliation nationale a des principes de base. La vérité, la justice, la réconciliation, la sincérité des acteurs qui doivent se pardonner pour qu’on reparte sur de nouvelles bases.

Me Sankara : « Il faut donner une seconde chance à Roch Kaboré »
Me Sankara : « Que la querelle politique ne soit pas une querelle de division, mais une querelle qui se fait dans le fair-play comme dans le sport »

B24 : Les Burkinabè sont résolus à aller aux élections, quel appel avez-vous à l’endroit des populations et de la classe politique ?

Me Sankara : Mon appel, c’est d’abord que la liberté et la démocratie, c’est notre sueur et notre sang dans l’unité pour défendre la patrie face à ses adversaires et à ses ennemis. Aujourd’hui, le Burkina Faso est un pays qui aspire à la paix, à la stabilité des institutions. Mon appel est qu’on se donne d’abord la main. Maintenant, la politique, c’est la palabre des Burkinabè, chacun croyant qu’il a la meilleure idée de développement. Et, autour de cela, on choisit des hommes capables de porter des valeurs. Je pense que les Burkinabè ont toujours ce ressort et il faudrait que nous puissions donner cet exemple à toute l’Afrique que nous sommes un pays d’hommes et de femmes intègres.

Donnons-nous la main en toute fraternité, pour combattre le terrorisme qui est en train de nous diviser, combattre la maladie qui est en train de nous fragiliser. Que la querelle politique ne soit pas une querelle de division, mais une querelle qui se fait dans le fair-play comme dans le sport.

J’invite les Burkinabè à s’inscrire massivement, pour ceux qui ont la possibilité de s’enrôler et qu’on aille, le 22 novembre 2020, choisir ceux qui sont capables de tirer la barque, de tenir notre gouvernail.

Interview réalisée par Ignace Ismaël NABOLE

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Ignace Ismaël NABOLE

Journaliste reporter d'images (JRI).

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