Covid-19 au Burkina Faso : Où sont passés les masques des Ouagalais ?

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Un jour, en ballade dans la Capitale burkinabè, l’idée de dénombrer les personnes portant un masque nous effleure l’esprit. Distance Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tengandogo – Siège de Burkina24. Nous empruntons ainsi, plusieurs fois, cette route longue d’environ six kilomètres pour avoir une idée sur ceux et celles qui ont le nez et la bouche protégés contre la propagation du Covid-19. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à Ouagadougou, les cache-nez se font de plus en plus rares en circulation. Constat !

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Tout commence le 11 mai 2020 lorsque nous enfourchons notre motocyclette revenant du quartier Nagrin. Nous décidons de dénombrer les Ouagavillois qui enfilent leurs masques. Le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tengandoko constitue notre point de départ. Nous progressons jusqu’au siège de Burkina24 sis dans les environs de l’avenue Kwamé N’krumah. Nous constatons que certains Ouagalais ont effectivement souscrit à l’« appel » des autorités sanitaires. Mais pas tous !

Pour ce premier jour, nous comptabilisons plus de 850 personnes entre le CHU de Tengandogo et le siège de Burkina 24, dont plus de 500 femmes et environ 300 hommes portant un cache-nez.

Ces chiffres sont d’ailleurs ressortis dans le rapport quotidien livré par le Comité national de gestion de la crise de la pandémie de COVID-19. Ce rapport fait savoir qu’en matière de contamination, les hommes sont les plus touchés que les femmes. En guise d’exemple, à la date du 25 avril 2020, 380 hommes ont été infectés contre 252 femmes.

« J’ai été obligée encore de payer un masque afin de pouvoir me renseigner à l’Université Aube Nouvelle »

« J’ai oublié mon cache-nez à la maison. J’ai l’habitude de le porter. Mais franchement aujourd’hui, je n’ai pas eu le temps de le prendre. Sinon, j’en ai plus de huit, chez moi », affirme Moussa Tindano, agent de liaison dans une structure privée.

Pourtant au temps fort du début de la pandémie au « Pays des Hommes intègres », les Ouagalais, de toutes les couches sociales confondues, s’offraient un masque et le portaient régulièrement. Beaucoup ont remarqué que cette mesure était en vogue. Chacun s’adaptait avec toutes sortes de masques, arguant souvent la qualité du tissu, sa couleur, sa marque, etc.

Mais force est de constater que d’un coup, les masques semblent avoir été rangés. Leur port semble plus en plus délaissé notamment par les habitants de Ouagadougou.

« Je reviens de la ville. Je suis allée pour régler mes factures d’électricité. Une fois sur place, on m’a fait savoir que sans masque, je ne peux pas avoir accès au guichet. Et que le port du cache-nez est une condition sine qua non pour pouvoir payer la facture. J’ai donc été obligée d’aller payer encore un cache-nez avant de revenir régler ma facture d’électricité. Même le lundi 14 septembre, j’ai été obligée encore de payer un masque afin de pouvoir me renseigner à l’Université Aube Nouvelle. J’ai plus de cinq cache-nez à la maison », révèle Monique Ouédraogo, ménagère frisant la cinquantaine.

Beaucoup portent désormais le masque seulement lorsqu’ils en sont contraints, ou doivent se rendre dans un lieu public où le port du cache-nez est obligatoire. D’autres pouvant se retrouver avec une dizaine de masques inutilisés et gardés chez eux à la maison, à l’image de Moussa Tindano et de dame Ouédraogo.

107 personnes en masques, dont 70 hommes et 37 femmes…

Les conséquences du délaissement du port de masque commencent ainsi à se faire ressentir. Le bilan dressé par le Comité national de gestion de la crise de la pandémie de COVID-19 à la date du 12 septembre 2020 fait état de 193 cas, tous issus de transmission communautaire.

Trois mois après notre premier « sondage », nous tentons d’actualiser nos données. Du CHU Tengandogo au siège de B24 toujours, nous dénombrons 107 personnes en masques, dont 70 hommes et 37 femmes à la date du 28 août 2020.

Nonobstant ce constat, les hommes restent toujours les plus touchés par la pandémie au Burkina Faso. Selon le Comité national de gestion de la crise de la pandémie de COVID-19, du 9 mars au 12 septembre 2020, sur les 1.717 cas totaux de Covid-19 qu’enregistre le pays, 1.149 représente le nombre d’hommes infectés contre 568 femmes.

De 850 personnes en masques en avril à 72 en septembre…

Ce mardi 15 septembre 2020, nous nous soumettons au même exercice. Le résultat est interpellateur. En effet, de l’hôpital de Tendandogo à B24, nous totalisons 72 personnes en masques dont 43 hommes et 29 femmes. Un chiffre en baisse, par rapport aux autres jours.

Ce relâchement fait craindre une montée des cas, comme le montre le bilan à la date du 12 septembre dernier. Et cet abandon concerne toutes les autres mesures barrières décrétées par les autorités.

Plusieurs Burkinabè continuent de se demander si le coronavirus existe réellement. L’utilisation du gel hydro-alcoolique tombée dans les oubliettes ; des lave-mains devenus décoratifs dans certains milieux ; des personnes continuent de se serrer les mains ; la distanciation physique semble davantage se distancier des citoyens…

Bref ! « L’heure est grave », lâche Jean-Luc Traoré, jeune commerçant, stationné à des feux tricolores, et se pressant d’aller livrer une commande de marchandises. Lui porte un cache-nez fait à base de Faso Danfani.

En rappel, le 27 avril 2020, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, le gouvernement burkinabè et les autorités sanitaires ont décidé, en dépit des autres mesures barrières, de rendre le port du masque dans les lieux publics obligatoire, sous peine d’une amende de 5 000 francs CFA. Le respect de cette décision par les populations n’est pas effectif dans plusieurs recoins de la ville.

Willy SAGBE

Burkina 24 

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