Législatives 2020 au Burkina Faso : Samiratou Ouédraogo, 23 ans et des ambitions politiques

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Etudiante en droit publique à l’Université Saint Thomas d’Aquin (USTA), Sibila Samiratou Ouédraogo est candidate titulaire et tête de liste nationale pour les élections législatives de novembre 2020 pour le compte du Mouvement servir et non se servir (SENS). En année de  master 1, elle a décidé de s’intéresser à la politique afin de faire bouger les lignes du Burkina Faso et surtout d’ouvrir les portes de l’Assemblée nationale à la jeunesse.

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Issue d’une famille modeste, Sibila Samiratou Ouédraogo commence son cursus scolaire à l’école primaire évangélique de Ouahigouya. Elle obtient son baccalauréat au collège Sainte-Marie de Ouahigouya et décide de s’intéresser à la politique pour ses études supérieures.

Elle est étudiante en année de master en option droit public fondamental à l’université Saint Thomas d’Aquin. Les métiers de la justice l’ont séduite. 

Elle nous confie « que la robe a toujours été une passion pour moi. Quand j’étais toute petite, la robe  me plaisait quand je vois cela à la télé et plus je grandissais plus je cherchais à comprendre ce qui se passe dans le droit ».

Coordonnatrice provinciale des femmes du mouvement SENS au Yatenga, tête de liste nationale du mouvement pour les législatives de 2020, elle avoue que son amour pour le droit et sa vocation pour la politique ont été aiguisés par les événements des 30 et 31 octobre 2014.

Une histoire d’amour entre la candidate de 23 ans et la politique…

Selon les propos de Sibila Samiratou Ouédraogo, la politique a toujours fait partie de ses ambitions.  Cependant, elle ne retrouvait pas son compte  au sein des partis politiques au Burkina Faso jusqu’à l’apparition du mouvement SENS. Avec ledit mouvement, elle dit trouver l’expression d’une démocratie directe.

 « J’ai toujours voulu faire de la politique mais jusqu’à ce que je sois dans SENS, je n’ai jamais été dans un parti politique. J’ai une vision idéologique de la politique et je voyais que la représentation que je me faisais dans la tête était vraiment meilleure par rapport à ce qui se constatait sur le terrain », a-t-elle expliqué.

SENS est un mouvement politique qui a été officiellement lancé en août 2020 à Ouagadougou. Ce mouvement politique est conçu autour de 3 principes qui sont « le panafricanisme, le Burkindlim, et le principe de rupture et de refondation ». A en croire les propos de l’étudiante, ces trois valeurs répondent à ses attentes pour un parti politique.

« Dans SENS, le pouvoir d’Etat n’est pas pour nous une finalité mais un moyen. Le Burkindlim c’est l’amour de la patrie, consommer et produire burkinabè. Se reconnaitre cette identité burkinabè et être fière de la porter (…). Le principe de rupture et de refondation part du fait que SENS veut déprofessionnaliser la politique, pousser les jeunes à s’intéresser à la chose. Pousser les jeunes à s’intéresser parce que nos devanciers ont donné l’impression que la politique n’intéresse que les grands alors que nous mêmes; à la plus petite échelle, on doit s’intéresser à la politique. C’est parce que justement à cette petite échelle, on ne fait pas le politique que les choses vont mal au Burkina. Nous on part d’un principe de développement à la base»

Sibila Samiratou Ouédraogo

Ce faisant, la politique, loin de paraitre pour un mythe, devrait intéresser chaque individu de la cité afin de construire une nation prospère selon le raisonnement de la candidate du mouvement SENS. Selon sa définition de la politique, il s’agit de s’y intéresser afin d’assainir la nation. « La politique, c’est pour ceux qui s’intéressent à la gestion de la cité. Ça n’a rien  à voir avec un mythe et tout un chacun a le devoir de s’intéresser à la gestion de son Etat », a-t-elle dit.

Elle a par ailleurs expliqué que la politique, loin d’être une alternative, devrait être l’affaire de tous. « S’engager en politique devrait en temps normal être  un devoir et non une alternative (…). C’est parce qu’on ne s’intéresse pas à la chose politique que ceux qui sont là-bas font ce qu’ils veulent. Si on s’intéressait à la politique, on aurait un regard sur ce qui se  passe et là, on pourrait mieux encadrer les choses », a-t-elle martelé.

Concernant les concepts auxquels elle désire s’attaquer après son accession à l’Assemblée nationale, la jeune fille a confié que ses ambitions sont grandes. Le foncier, l’attribution des marchés publics, le code des personnes et de la famille, telles seront ses batailles au sein de l’Assemblée nationale.

« SENS a identifié un certain nombre de lois sur lesquelles nous allons travailler. Quand on prend par exemple la loi sur le foncier, nous voulons faire en sorte que ceux qui prônent la promotion immobilière vendent des maisons et non des terrains (…). Ensuite, au niveau de l’exécution des marchés publics, on remarque que la mauvaise exécution des marchés publics n’est pas sanctionnée pénalement et pour nous ,c’est peut-être la raison pour laquelle les gens se permettent de faire ce qu’ils veulent lorsqu’on leur donne des marchés publics. On pense qu’il serait mieux de déterminer un quota de marchés qui seraient accordés à ces entreprises pour permettre aux entreprises jeunes d’évoluer (…). Concernant le code des personnes et de la famille, nous estimons que nous avons une culture à laquelle nous devons nous reconnaitre. Par exemple, lorsque vous vous mariez à la mosquée, à l’église ou vous vous mariez selon les coutumes, tant que vous n’êtes pas allés à la mairie, on ne vous reconnait pas, vous avez toujours le statut de célibataire. Au-delà même de venir d’ailleurs, c’est comme si on dénigrait ce qui nous appartenait au profit de ce qui est venu d’ailleurs (…). On veut légaliser le mariage traditionnel. Il faudrait encadrer le financement réservé aux nouveaux partis politiques et en faire l’économie pour les femmes et les jeunes, en vue de leur insertion politique».

Sibila Samiratou Ouédraogo

Politique et étude, la candidate de 23 ans aux législatives confie que ces deux volets vont de pair, surtout pour son orientation professionnelle. Elle a expliqué que loin d’être une perturbation pour ces études, cela lui permet de mettre en pratique ce qu’elle apprend en théorie à l’université. « La finalité d’un étudiant qui a fait le droit c’est la politique. Surtout pour la branche que j’ai prise (le droit public fondamental). C’est essentiel », a-t-elle lancé avec un sourire.

Toujours voilée, elle nous confie que le voile n’a pas d’impact sur la lutte qu’elle a fait sienne. Elle explique que l’on sert son Etat de par ses convictions et non pour ses croyances religieuses.  Après tout, le Burkina Faso est un pays laïc.

« Personnellement moi je porte le voile parce que je me trouve coquette avec et il se trouve aussi que c’est en adéquation avec mes convictions religieuses. Donc ça me fait un plus. Cela ne veut pas dire que je suis candidate des musulmans ou que les chrétiens ne sont pas pris en compte dans ma lutte. Cela n’a vraiment rien à voir avec l’Islam (…). Je ne suis pas là pour représenter l’Islam, je suis là pour servir mon Etat et je pense que pour servir le Burkina Faso, on n’a pas besoin de porter une croix, un voile ou d’être musulman ou chrétien », a-t-elle lancé comme pour faire passer le message à tous.

Politique, famille et social…

Par rapport à sa candidature, elle avoue que les avis sont mitigés, « d’un côté il y a ceux qui félicitent et admirent et de l’autre il y a ceux qui disent que tu es une femme et que la politique ce n’est pas évident ». Cependant, elle bénéficie du soutien de sa famille. Ce qui lui donne du souffle  dans sa lutte.

A cet effet, nous avons rencontré son « papi » qui a suivi ses premiers pas dans la politique et qui a vu naitre en elle cet amour pour la gestion de la cité. Propriétaire d’un atelier de couture, Rasmané Zoungrana a expliqué être ravi quand il a appris « les nobles ambitions » que nourrissait sa petite fille. « Elle est encore petite mais ce n’est pas la corpulence ou la beauté qui fait l’homme. C’est l’intelligence. Voilà pourquoi je suis pour (…). Pour la suite je lui demande d’être prudente sur ce qu’elle fait »,  a-t-il souhaité.

Le grand-père de la prétendante à la députation

Hanifatou Yasmine Bissiri, camarade de classe de la candidate aux législatives pour le  mouvement SENS, a confié que l’amour que porte Samiratou Ouédraogo à la politique est très contagieux et suscite une grande admiration. « Pour moi c’est un réel privilège d’être son amie et je suis convaincue qu’elle peut le faire. Cela lui vient et je suis sûre qu’elle a toutes les capacités pour mener cette lutte », a-t-elle dit avec un sourire aux lèvres.

« C’est nous qui devons définir le système et non le système qui doit nous définir …»

A l’endroit de la jeunesse, Samiratou Ouédraaogo a lancé un message fort. Elle invite les jeunes à se départir de cet esprit de « je n’aime pas la politique, ou la politique c’est pour les grands » afin qu’ensemble ils puissent impacter positivement la vie de la nation.

 « Je trouve qu’il faut prendre le taureau par les cornes (…). Mais si le système politique ne vous plait, pas changez-le. Pourquoi être là à critiquer et à ne rien faire ? Mettez la main à la pâte (…).  C’est nous qui devons définir le système et non lui qui doit nous définir car nous sommes la mesure de toute chose au Burkina», a-t-elle lancé avec grande conviction.

Du reste, elle envisage poursuivre dans la politique et se voit comme « celle qui doit ouvrir les portes de l’assemblée nationale à la jeunesse ». Et si ce n’est le cas pour ces législatives, « le combat continue », a-t-elle dit.

La quête pour les législatives a été enclenchée et selon ses dires, ce n’est qu’une étape dans le processus de changement que prévoit le mouvement SENS.

Corine GUISSOU (stagiaire)

Burkina24

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