Burkina Faso : Le festival « Mouï kolgo » pour valoriser le « consommons local »

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S’il y a un élément qui apporte une couleur et un goût spécial au riz (Mouï, en mooré) dans la cuisine burkinabè, c’est le soumbala (Kolgo, en mooré). Et le riz au soumbala fait désormais parti du quotidien des Burkinabè. Jean Pierre Tapsoba, originaire de Ouagadougou précisément Tanghin-Dassouri, a décidé de promouvoir le soumabala à travers le festival « Mouï Kolgo ». Ce rendez-vous gastronomique est prévu se tenir du 11 au 14 février 2021 à l’Espace Morène à Ouagadougou. Jean Pierre Tapsoba explique les contours et le bien-fondé du festival dans cette interview accordée à Burkina24, le mardi 12 janvier 2021.

Burkina 24 (B24) : D’où vient l’idée du festival Mouï Kolgo ?

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Jean Pierre Tapsoba (J.P. Tapsoba) : Dès le bas âge, quand on était au village, pour tout un chacun qui connait bien le soumbala, tu peux le préparer naturellement sans avoir beaucoup d’ingrédients et juste avec le tô couché ou le riz couché. Il suffit de piler, mettre de l’eau et un peu de sel seulement et ça passe. Donc, c’est dans cette optique que nous nous sommes dit, pourquoi ne pas exploiter le soumbala qui est une de notre identité culturelle ?

Au Burkina Faso, partout dans les quatre coins du pays, le soumbala est apprécié. Le soumbala est consommé. Nous voulons donc donner de la valeur au soumbala. Et bien sûr, le soumbala bien apprécié, ça s’accompagne avec le riz local. C’est pour cela que nous avons décidé de valoriser le riz soumbala ou mouï kolgo.

B24 : Est-ce un festival centré uniquement sur le « mouï kolgo » ou d’autres choses sont prévues ?

J.P. Tapsoba : Comme je le disais, ça ne sera pas centreésur le Mouï kolgo, mais l’accent sera mis sur le soumbala. Parce qu’on peut sauter le poulet avec le soumbala, on peut faire le poisson avec le soumbala. Comme les Bobolais aussi aiment ce qu’on appelle le « chiitoumou » (chenille des karités), on peut sauter ça avec le soumbala.

Toute nourriture burkinabè peut  s’accompagner avec le soumbala. Peu importe même si c’est de l’extérieur, le soumbala ça accompagne. Vous voyez même les Sénégalais ici, s’ils font leur riz, ils ajoutent un peu le soumbala. Donc ça veut dire que c’est un produit bien apprécié et nous devons mettre la valeur sur ça. Sinon toutes les nourritures seront accompagnées du soumbala.

B24 : Dites-nous si vous rencontrez des difficultés dans l’organisation ?

J.P. Tapsoba : C’est la première fois que nous tentons d’organiser le festival Mouï kolgo. Mais franchement, ce n’est pas facile. Trouver des partenaires ou des sponsors, ce n’est pas facile. Parce que les gens, ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent pas, mais au Burkina, j’ai compris qu’on n’aime pas ce qui est en première position, mais on aime celui qui est premier.

Ce qui est en première position, ils sont réticents. Ils ne veulent pas accompagner. Ils ont des doutes et se disent : est-ce que lui là ce n’est pas un plaisantin ? Malgré qu’on ait tous les papiers nécessaires, c’est difficile, c’est très très difficile de trouver des partenaires et des sponsors.

B24 : Mais de partenaires, vous en avez eu quand même ?

J.P. Tapsoba : Actuellement, franchement, si c’est côté partenariat, concernant les influenceurs sur les réseaux sociaux franchement, ils ont décidé de m’accompagner par leurs services. Mais ce qui est du financement, actuellement je suis à mes fonds propres.

B24 : Pour participer à ce festival, quelles sont les conditions pour un restaurateur ?

J.P. Tapsoba : Pour un restaurateur qui veut y prendre part, il n’y a pas de distinction, pourvu que tu acceptes valoriser le Soumbala, pourvu que tu acceptes préparer un plat avec le soumbala, un plat que tout le monde apprécie.

B24 : Des Burkinabè estiment qu’il y a trop de festivals où l’on mange et qu’il faudrait plus de festivals sur la technologie. Qu’en pensez-vous ?

J.P. Tapsoba : Ça aussi c’est vrai. Mais il ne faut pas oublier qu’en termes de technologie, c’est très bien, mais ça ne vient pas de chez nous. Mais il faut d’abord cultiver l’identité, faire promouvoir l’identité de là où tu viens, là où on connait la valeur.

Mais c’est bien, c’est une bonne initiative, je vois que dans les années à venir, c’est ce qu’on va faire. On peut bien sûr commander le riz à travers nos partenaires qui sont dans ce domaine. Donc nous encourageons tous ceux qui ont ces genres d’idées, mais nous aussi on va faire des partenariats avec ces personnes pour exporter notre culture.

B24 : Combien de participants attendez-vous pour cette édition du festival ?

J.P. Tapsoba : Pour cette édition, il faut dire que nous avons au moins des stands que nous avons mis à la disposition des restaurateurs, des exposants et aussi aux promoteurs de maquis. Au total 50 stands. Comme c’est une première édition, nous avons mis 50 stands, donc ça sera réparti entre les maquis et les exposants. Et nous avons touché un peu les restaurants qui font la promotion du soumbala et du riz local.

B24 : Ces stands seront-ils payants ?

J.P. Tapsoba : C’est payant pour les stands et les maquis, mais pour les stands comme ça vient de chez nous, nous allons réduire le coût au maximum pour qu’ils puissent s’en sortir et promouvoir.

B24 : Une idée sur le prix ?

J.P. Tapsoba : Une idée, le stand d’un restaurant sera à 30 000 francs CFA pour les 4 jours et pour les maquis 50 000 francs CFA. C’est ce qu’on a prévu.

B24 : Quel appel avez-vous à l’endroit des autorités et de la population ?

J.P. Tapsoba : D’abord, il faut que je dise à tous les Burkinabè que nous avons tous les moyens nécessaires, nous avons toutes les ressources nécessaires pour vivre dignement burkinabè. Donc, à tous les Burkinabè, consommons local ! A tous les Burkinabè, valorisons notre culture ! Il ne faut pas oublier là d’où nous venons ! En mooré, on dit toujours « Bayir ka lobg nin kugr yé » (on ne tourne pas dos à sa terre natale). Donc ce qui vient de chez nous, il faut l’apprécier d’abord avant ce qui vient de l’extérieur. Il faut donc se rappeler toujours qu’on est Burkinabè et il faut vivre toujours burkinabè !

Propos recueillis par Akim KY (Stagiaire)

Burkina 24

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