Harouna Kaboré : « 8-Mars 2021 : Au début était la femme… »

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Ceci est une tribune de Harouna Kaboré, à l’occasion du 8-Mars.

Aujourd’hui 8 mars 2021, le monde entier célèbre la journée mondiale de la femme. Notre pays, depuis plusieurs décennies, a donné une dimension particulière à cette célébration en déclarant chômée et payée cette journée dédiée aux droits des femmes.  

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Je voudrais ici, joindre ma modeste voix à celle des plus hautes autorités du pays pour souhaiter à nos mères, à nos épouses, à nos filles, à nos amies, à nos collègues, à ces braves combattantes aussi bien au Burkina Faso, en Afrique qu’à travers le monde, une bonne célébration de la fête de 8-Mars. Puisse cette journée être pour chacune de vous, mais aussi pour nous les hommes, un moment de joie, de gaieté, d’introspection, de réflexion et de projection vers un avenir plus paisible, plus radieux, dans lequel vous vivrez en parfaite concorde avec les hommes, vos pères, vos époux, vos enfants, vos compagnons de tous les jours.

En ce moment précis, j’ai une pensée émue pour toutes nos mères, qui ont bravé toutes sortes d’obstacles, et subi diverses humiliations et privations pour nous donner, ainsi qu’à l’ensemble de leur progéniture un minimum de dignité. Comment en ce jour si spécial, oublier toutes ces femmes qui de jour comme de nuit travaillent de façon harassante afin d’éviter à leur famille les affres de la faim, de la misère et de la pauvreté ?

Comment ne pas relever qu’aujourd’hui comme hier, les femmes sont les véritables piliers de nos cellules familiales ? A quoi ressemble et ressemblerait une famille dans laquelle ne vit aucune femme ? Que serait notre vie ici-bas, s’il n’y avait pas de femme à nos côtés ? Ne devrais-je pas dire plutôt qu’il n’y aura même pas de vie sans la femme ?

Comment ne pas avoir un profond respect pour cet être, « vaste et complexe conglomérat de douleurs et de joies, de solitude dans l’abandon, et cependant berceau créateur de l’immense humanité, cet être de souffrance, de frustration et d’humiliation, et pourtant, source intarissable de félicité pour chacun de nous ; lieu incomparable de toute affection, aiguillon des courages même les plus inattendus ; cet être dit faible mais incroyable force inspiratrice des voies qui mènent à l’honneur » ?

Oui, femme, je suis convaincu de la véracité de ce propos du Président Thomas Sankara. Je suis d’autant plus convaincu par sa réflexion sur la femme, contenue dans son mythique discours du 8 mars 1987, quand il affirme que « rien de complet, rien de décisif, rien de durable ne pourra se faire dans notre pays tant que cette importante partie de nous-mêmes sera maintenue dans cet assujettissement imposé durant des siècles par les différents systèmes d’exploitation ». Il y a donc nécessité de poursuivre la réflexion afin que la femme, qu’elle soit issue de la ville ou du milieu rural puisse occuper sa place, toute sa place dans nos sociétés.

La victoire est certaine à condition que…

Femmes d’ici et d’ailleurs, je vous rends un hommage mérité et je vous exhorte à poursuivre votre ascension sociale, votre libération définitive, tout en vous appuyant sur la partie saine de notre histoire et sur les valeurs sociétales qui ont toujours constitué le ciment pour la stabilité de nos sociétés.

Le combat pour votre libération est long, le chemin est plein d’embuches, mais la victoire est certaine à condition que vous poursuiviez la longue marche vers la libération, entamée par vos devancières. Continuez à vous distinguer par votre travail, par le sérieux et la qualité de vos prestations, laissez-vous guider par les valeurs de solidarité, de compassion, de courage, de respect, de loyauté et surtout par votre instinct maternel, votre esprit patriotique et votre intérêt pour le bien commun.

Vous avez toujours su à chacune des étapes de la vie socio-politique de vos communautés, de vos nations, jouer de grands rôles, souvent sans grand bruit, en toute discrétion mais avec forte conviction. Peut-on parler de la grandeur de Daniel Ouezzin Coulibaly sans faire allusion à sa tendre moitié, Célestine ? Peut-on aujourd’hui évoquer l’imminent Pr Joseph Ki Zerbo sans parler de sa brave épouse Jacqueline ? Comment parler de cette grande figure politique qu’est Thomas Sankara sans évoquer sa veuve Mariam Sankara ? L’histoire du pays Mossé n’est-elle pas liée à la bravoure de cette amazone appelée princesse Yennega ?

 L’histoire de la princesse Guimbi Ouattara dans l’ouest du Burkina Faso nous rappelle si besoin, que les femmes ont toujours été présentes dans la construction de nos Nations. Hier comme aujourd’hui. Peut-on évoquer le Christ, sans parler de Marie, sa mère ? La grandeur du prophète Mohamed (paix et salut sur lui), il la doit aussi en partie à la présence à ses côtés de ses épouses dont Aïcha et Khadîdja.

Plus proche de nous, en Côte d’Ivoire, la reine Pokou n’a-t-elle pas sauvé le peuple Baoulé en sacrifiant son fils unique ? Au Niger la Sarraounia Mongou n’est-elle pas l’une des plus redoutables combattantes contre la pénétration coloniale ? En Afrique du Sud, Winnie Mandela, militante anti-apartheid n’a t’-elle pas toute sa vie durant, lutté pour le droit des noirs et des sud-africains en particulier ? Miriam Makeba n’a-t-elle mis sa douce et belle voix et son talent artistique au service de la lutte pour la libération de son peuple en proie à l’apartheid ? Et aux Etats-Unis, Rosa Park, cette première femme noire à oser s’asseoir sur les chaises d’un bus dans lequel les noirs n’avaient pas le droit de s’asseoir, n’a-t-elle pas dynamisé la lutte contre la ségrégation raciale dans ce pays ? La Kenyane Wangari Maathai n’a-t-elle pas remporté le prix Nobel de la paix grâce à son combat écologique ? Les femmes en sortant avec leurs spatules le 28 octobre 2014 n’ont-elles pas montré le chemin à suivre pour faire chuter le régime de Blaise Compaoré ? Bref, les exemples peuvent être multipliés pour montrer que lorsque les femmes décident de s’assumer et de prendre en main leur destin, plus rien ne peut les arrêter.

Supporter nos mères, encourager nos épouses, sauver nos filles.

Je voudrais saisir ici l’occasion pour saluer tout particulièrement ces braves femmes engagées dans les « brigades vertes » de nos villes avec pour objectif de rendre nos cadres de vie agréables. Chaque jour, entre 1h et 7h du matin, au moment où la plupart d’entre nous sommes dans les bras de Morphée, ces femmes, nos mères, se privant de sommeil, et risquant leur vie, prennent d’assaut les grandes artères de nos villes, afin de les rendre propres pour nous permettre de vivre dans un environnement sain.

Je pense en ce moment précis, à ces nombreuses femmes commerçantes des marchés et Yaars du Burkina, qui avec courage et détermination parcourent le Burkina Faso, la sous-région et le monde pour exercer leur métier. Je pense à ces agents de santé, aux enseignantes, aux chercheures, aux avocates, aux magistrates, aux femmes de médias et à toutes ces femmes dans les autres fonctions de la vie courante dont l’apport est inestimable à l’équilibre de nos sociétés ainsi qu’à leur développement.

Que dire de ces ‘’dolotières’’, des femmes qui animent le secteur de l’artisanat et de l’art (tisserands, peintres, potières, poétesses, musiciennes, comédiennes, écrivaines…), qui travaillent inlassablement pour garantir leur indépendance financière ? Vous méritez toute notre attention ainsi que le soutien des plus hautes autorités de nos pays.

Femmes des villages, femmes des campagnes, femmes déplacées internes qui avez fui les affres de l’insécurité, vous femmes, qui tenez les champs de coton, de maïs, de mil, de riz et de haricot, vous qui parcourez encore des kilomètres à la recherche de l’eau potable et du bois de chauffe, à toutes ces jeunes filles appelées malicieusement « bonnes », qui appuient nos épouses, nos mères et nos sœurs dans leurs tâches ménagères quotidiennes, je vous traduis toute mon admiration et mon soutien et vous souhaitent une bonne célébration du 8-Mars.

A ces filles mères abandonnées par certains hommes irresponsables, à toutes ces femmes victimes de violences physiques et verbales ainsi que de toutes les formes d’agressions et d’humiliations de la part de ceux qui sont sensés les protéger, séchez vos larmes, poursuivez votre combat pour la libération totale. Certains, comme d’habitude se dresseront contre vous, mais sachez que les hommes dans leur grande majorité, sont avec vous. Nous resterons à vos côtés, pour qu’ensemble main dans la main, nous nous acheminons vers un monde meilleur où vous occupez la place et toute la place qui vous revient de droit. Ensemble et avec les hommes, la célébration du 8-Mars devrait être aussi des moments de réflexions sur les grandes réformes à opérer dans nos pays pour parvenir à l’autonomisation réelle de la femme, aussi bien rurale que celle de la ville.

Aux hommes qui liront ce message, je nous exhorte à encore plus d’efforts pour supporter nos mères, pour encourager nos épouses, pour sauver nos filles. Ne les abandonnons pas toutes seules dans ce noble combat qu’elles mènent pour leur libération. Comme l’a si bien souligné le Président Roch Marc Christian Kaboré, « la lutte pour la consolidation des droits de la femme est permanente et c’est ensemble que le défi peut être relevé ». Aucun homme ne se sentira véritablement libre et heureux, tant que les femmes resteront assujetties, asservies, humiliées et dominées. Aucune femme ne sera heureuse et libre tant que son époux, son père ou son fils se sentira inconsidéré, humilié et déshonoré.

L’Homme et la femme sont faits pour vivre ensemble, pour se compléter et pour faire avancer la race humaine. Il n’y a point de concurrence ni de guerre possible entre les sexes, il n’y a pas non plus de rang, même si l’alphabet français a classé la femme (F) avant l’homme (H). La femme reste le berceau de l’Humanité, et donc au début de toute vie.

Vive la femme ;

Vive les droits de la femme ;

En avant pour la libération totale des Femmes.

Ouagadougou le 08 mars 2021

Harouna Kaboré (HK)

Un Citoyen du Renouveau

 

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