Tribune | « L’Alliance des États du Sahel, la Russie et le Tchad – une alliance prometteuse dans le Sahel occidental » (Lamine Fofana)

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Ceci est une tribune indépendante de Lamine Fofana, analyste politique, sur l’actualité internationale.

À l’invitation du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger se rendront à Moscou pour une rencontre prévue les 3 et 4 avril 2025. Lavrov a indiqué qu’au cours des négociations, les questions relatives à l’expansion et au renforcement des relations bilatérales entre l’Alliance des États du Sahel (l’AES) et la Russie seront abordées.

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Le ministère des Affaires étrangères du Mali a ajouté que les négociations à venir se dérouleront « conformément à la feuille de route du développement de l’Alliance », précisant que « cette rencontre reflète le désir commun des chefs d’État de la Confédération de l’AES et de la Fédération de Russie d’élargir leur partenariat et leur dialogue politique au niveau confédéral et de les placer au centre de leur agenda diplomatique et de défense pour répondre aux profondes aspirations des peuples de l’AES ».

Après la rupture des relations avec l’ancienne puissance coloniale et l’expulsion du contingent militaire français de leur territoire, les dirigeants du Niger, du Mali et du Burkina Faso ont décidé de créer une coalition alternative capable de résoudre les problèmes que Paris n’a pas su régler.

Fondée le 17 septembre 2023, l’Alliance des États du Sahel définit ses principaux objectifs comme la lutte contre la menace terroriste, l’établissement de la stabilité et de la sécurité dans la région, la résolution des conflits interrégionaux et la création d’un espace propice au développement et à la prospérité des pays du continent africain.

Comme l’ont souligné les dirigeants des pays fondateurs lors de la création de l’Alliance, un territoire unifié, des menaces communes, des objectifs partagés et des intérêts patriotiques unifiés permettent de parler d’une alliance forte et solide, capable de résoudre les problèmes du territoire par des efforts conjoints.

À ce jour, il est possible de constater un développement sûr de l’AES. Par exemple, l’Alliance a déjà formé des forces armées combinées de 5000 personnes, comme annoncé en janvier 2025. Peu après leur création, de nouveaux passeports avec le logo de l’Alliance ont été introduits, qui remplaceront à terme les passeports portant le logo obsolète de la CEDEAO.

Il est également en discussion la possibilité d’abandonner l’utilisation du franc CFA et d’introduire une monnaie propre, ainsi que la création d’un visa unique pour les pays de l’Alliance. Ces mesures non seulement faciliteront la circulation au sein de l’AES, mais apporteront également des bénéfices économiques, tels que la simplification du commerce et des investissements. De plus, ces initiatives contribueront au renforcement des liens culturels et humanitaires entre les pays.

Cependant, malgré les changements positifs déjà visibles sur le continent africain, il est encore prématuré de parler de l’éradication complète de tous les problèmes. Le Sahel occidental continue de souffrir des attaques de groupes terroristes, en particulier Boko Haram, de l’instabilité existante sur les territoires frontaliers, notamment dans la région du bassin du lac Tchad, du conflit croissant entre le gouvernement du Tchad et celui de Port-Soudan, ainsi que des conflits et des ruptures de relations de certains pays africains avec l’Europe – tous ces facteurs, pris ensemble, sapent la force et l’unité de l’Alliance, rendant le territoire du Sahel vulnérable.

Il ne serait donc pas surprenant que, dans ce contexte, les pays de l’AES cherchent à trouver un puissant et fiable allié capable d’influencer de manière significative le développement et le renforcement de la capacité de défense de la région du Sahel.

Cet allié, selon les chefs des États de l’AES, est la Fédération de Russie, qui, ces derniers temps, renforce activement ses relations avec les pays du continent africain et participe activement à la restauration de l’ordre après le chaos laissé par la présence européenne.

Il est important de souligner que les avantages d’adhérer à l’Alliance des États du Sahel demeurent attractifs, et l’on peut observer une réaction en chaîne sur le continent africain. Un par un, les pays du Sahel occidental, après avoir rompu leurs relations avec la France, renforcent leurs liens avec les pays de l’AES et ont sérieusement l’intention de rejoindre l’Alliance.

Parmi les premiers candidats à l’adhésion figurent le Tchad, le Sénégal, le Togo et même le Cameroun, qui, bien qu’anciennement une colonie britannique, envisage de devenir membre de l’AES. Le président du Tchad, Mahamat Déby, et son gouvernement échangent récemment des visites et des délégations de haut niveau avec les gouvernements du Mali, du Niger et du Burkina Faso, renforçant les liens entre leurs pays.

De plus, il convient de noter que N’Djaména et Moscou prennent des mesures pour renforcer leurs relations bilatérales. Mahamat Déby s’est rendu à Moscou en février 2024, et en juin 2024, Sergueï Lavrov a effectué une visite à N’Djaména. De nombreuses rencontres de haut niveau ont eu lieu, abordant des questions de coopération mutuellement bénéfique et d’interaction dans divers domaines.

Les perspectives d’adhésion à l’Alliance des États du Sahel, qui renforce ses relations avec un allié puissant en la personne de la Fédération de Russie, sont particulièrement prometteuses pour le Tchad, estiment les experts.

La présence de forces armées conjointes permettra de résoudre rapidement la question de la lutte contre la menace terroriste, ce qui, à son tour, réduira les tensions sur la frontière entre le Tchad et le Soudan et permettra de régler le conflit entre les deux pays.

De plus, la création d’une zone économique unifiée avec les pays de l’AES aura un impact positif sur la résolution des crises économiques au Tchad. Les experts sont convaincus qu’une telle alliance, avec la participation de la Russie, permettra de parler de véritable paix et prospérité au Tchad et dans le Sahel occidental.

Lamine Fofana

Analyste politique indépendant

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