Opinion : « Tonton Ablassé Ouédraogo, ce n’est pas arrivé »
Ceci est une réponse de Souleymane Ouédraogo, militant du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à Ablassé Ouédraogo, président du Faso Autrement, qui avait récemment adressé une lettre ouverte au Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré.
« Il apparait difficile qu’en dehors des partis regroupés acceptés de toutes et de tous, le président du Faso ait le temps matériel d’accorder une audience au moindre clin d’œil à chacun des centaines de responsables politiques ».
Tonton, dans votre livraison du jeudi 28 juillet 2016 dont « Le Pays N°6151 », les journaux burkinabè ont publié votre lettre ouverte au président du Faso, Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré. J’ai lu avec intérêt ledit document où vous estimez, en substance, que « sept mois après votre installation au pouvoir, tous les signaux sont au rouge ». Après une lecture » Mouta-mouta » (…), un certain nombre de réflexions m’anime. J’ai donc décidé de les partager avec vous.
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Commençons, si vous le voulez bien, par quelques observations de forme. Ainsi, on peut remarquer votre recours aux proverbes du terroir comme outil de rhétorique. Ainsi, vous affirmez d’une part : « soussoag Na Yii Neeré Guetta Zomin ». Ce que vous traduisez (de façon bien approximative, il faut le reconnaître) par : « les résultats du travail collectif se déterminent dans la qualité des préparatifs. » D’autre part, vous prétendez que : « Zamb Noag Guel Paa Wéked Yé ».
En français, vous nous demandez d’entendre que : « La tricherie ne produit jamais de fruits ». Si parler en proverbes n’est pas mauvais en soi (bien au contraire), il se révèle malheureusement de ce qui précède que vous semblez être un véritable analphabète de votre propre langue, le mooré. En effet, on pourrait, par indulgence, vous concéder d’avoir francisé la transcription des textes originaux pour en faciliter la lecture pour les non moréphones.
Mais là où le bât blesse, c’est cet abus des majuscules en début de mots. De quelle règle de grammaire tirez-vous cette pratique bien insolite, Tonton? Le constat à ce niveau est donc des plus amers pour quelqu’un comme vous qui aimez à vous présenter urbi et orbi comme un Mossi du Centre, fils de cultivateur.
Comment se fait-il donc que vous vous mettiez, paradoxalement, à parler et surtout à écrire votre propre langue de façon si vernaculaire ? Ainsi, il s’avère que vous Ablassé Ouédraogo, permettez-moi maintenant de vous appeler par votre nom, vous êtes en train de massacrer, oui d’assassiner l’écriture du Mooré. Drôle donc de « mossissité » que la vôtre ! Maître Pacéré, au secours contre les assassins!
Il est également difficile de passer sous silence cette coquille historique que charriez dans votre texte. En effet, vous rapportez en style indirect, donc infidèle, des propos que le président du Faso vous aurait tenus lors d’un entretien qu’il vous a accordé, en ces termes : « nous avons convenu de nous revoir rapidement pour échanger sur la situation nationale, puisque considérant que votre victoire était celle du chef de file de l’opposition politique, comme vous l’aviez souligné».
Le président du Faso étant unanimement reconnu comme un homme ouvert, accessible à tous, on peut ne pas remettre en cause la véracité dudit entretien. Mais nous émettons plus que des doutes sur la fidélité de votre compte-rendu. En effet, à l’époque des faits, c’est-à-dire après l’insurrection populaire, l’opposition politique s’était, à juste titre d’ailleurs, muée en cadre de concertation des partis politiques de l’ex-CFOP.
On se souvient d’ailleurs que les membres de cette structure avaient convenu, de commun accord, qu’en cas de second tour à l’élection présidentielle de novembre 2015, les autres soutiendraient celui des leurs le mieux classé. Il est que suite au coup K.O du candidat Kaboré, cette clause s’est avérée inutile.
C’est certainement à ce cadre que vous faites allusion avec, il faut le reconnaitre, quelques problèmes d’ordre amnésique. Sinon pour votre gouverne de rapporteur, on peut rappeler ces propos tenus par Dr Salifou Diallo lors de l’investiture de Roch Marc Christian Kaboré comme candidat du MPP : « cette candidature est celle de la jeunesse contre le chômage. Cette candidature est celle des femmes contre la pauvreté. Cette candidature est également celle des forces progressistes contre le libéralisme et le néolibéralisme… »
On peut s’étonner également de vos récriminations contre le président du Faso qui tarderait à vous recevoir. Ces propos peuvent étonner plus d’un, car, premièrement, vous reconnaissez avoir déjà été reçu par le chef de l’Etat.
En second lieu, les Burkinabè gardent encore fraichement en mémoire la récente audience que le locataire de Kosyam a accordée au CFOP reconstitué. Toute chose qui suscite la question fondamentale suivante : Le Faso autrement est-il oui ou non membre du CFOP ?
En effet, avec la centaine de partis politiques que compte le Burkina, il apparait difficile qu’en dehors des regroupés acceptés de toutes et de tous, le président du Faso ait le temps matériel d’accorder une audience au moindre clin d’œil de chaque responsable politique dont certains comme vous ne disposent pas ou prou de légitimité au sein du peuple.
C’est d’ailleurs le lieu de lever l’équivoque entre des suggestions que tout citoyen peut faire aux dirigeants du pays et les programmes politiques. En effet, de tous les projets politiques que les différents candidats à l’élection présidentielle de novembre 2015 ont déroulés devant l’électorat, c’est bel et bien celui de Roch Marc Christian Kaboré qui a, librement, été choisi par ce peuple souverain. Il serait donc inconcevable qu’un lamentable perdant comme vous, à la faveur de l’esprit de dialogue et du consensus du président élu, en vienne à vouloir se transformer en donneurs de leçons tirées de sa feuille de chou.
Votre attitude est d’autant plus discutable que vos professions de foi sont déjà, largement et mieux prises en compte par le programme quinquennal du président du Faso intitulé : « Bâtir, avec le peuple, un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice ». Monsieur Ouédraogo, prenez le temps de le lire ou de le relire, ça vous peut beaucoup vous aider.
De toute façon, vous reconnaissez avoir eu droit à un entretien, attendez donc votre prochain tour. Cela tant plus que nous sommes 16 millions de Burkinabè à vouloir voir notre président à tous. C’est d’ailleurs cette impatience petite bourgeoise qui vous joue de vilains tours puisqu’elle vous amène à voir tout en noir dans ce pays. A moins de croire qu’en sept mois, le président Kaboré peut résoudre, comme d’un coup de baguette magique, l’ensemble des problèmes qui se posent au Burkina Faso depuis plus de soixante ans.
D’ailleurs, la situation du Burkina Faso est loin d’être un cas isolé en Afrique et dans le monde. Même des pays dits développés sont en proie à l’insécurité, au chômage, à la maladie, à la problématique de l’éducation, etc. sous cet angle, hommes politiques, OSC et autres leaders d’opinion sont d’accord sur le diagnostic. Mais face à la rareté des ressources pour y parer, le rythme, les stratégies de résolutions peuvent diverger. Donc contrairement à vos insinuations, vous êtes loin d’être un messie en la matière. On peut même penser qu’en tant qu’homme politique pourtant sensé être proche du peuple, il y a par exemple longtemps que vous avez rendu visite au moindre CSPS. En effet, vous auriez, par exemple, constaté l’effectivité de la gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et des services prénataux.
Passons sous silence d’autres vastes et nombreux programmes en marche. Mais nous vous concédons qu’il n’y a pas plus aveugle que celui qui, mû par des desseins inavoués et inavouables, refuse de voir le moindre signe de développement pointer à l’horizon. A moins que vous vouliez nous faire croire que, sans vous aux affaires, il faut le déluge. Or nous, nous avons la faiblesse de penser qu’à l’appel du progrès pour le bien-être des Burkinabè, tout le monde, à quelque poste que ce soit, devrait répondre présent.
Pour terminer, il convient de vous féliciter d’évoquer une préoccupation essentielle qui agit comme le liant de notre société. Il s’agit « du vivre-ensemble ». Malheureusement, vous êtes l’un des contre-exemples types en la matière. En effet, que dire d’autre quand, à longueur de journées, vous vous plaisez à vous définir comme un Mossi du Centre, par ailleurs musulman, fils de cultivateur.
Franchement, sur cette question et sur bien d’autres, le président du Faso gagnerait à chercher conseils ailleurs. C’est peut-être bien votre comportement si discutable et vos propos attentatoires à l’unité et la cohésion nationales qui contribuent aussi à ce que le président du Faso ne soit pas on ne peut plus prompt à vous recevoir à recevoir d’individus à polémiques comme.
Néanmoins, ce qui rassure tout le monde dans cette situation, c’est que les Burkinabè sont devenus difficiles à berner, de telle sorte que la meilleure façon d’accéder au pouvoir dans ce pays des Hommes intègres, c’est d’attendre, démocratiquement, son tour. Tout le reste étant voué à l’échec.
Et pour y arriver, il faut se départir de la politique de la cigale et aller à l’école de la fourmi laborieuse. Sinon on est, comme vous, condamné à perdurer sur la longue liste des politiciens poisseux qui en lieu et place d’une véritable autocratique bienfaitrice pour leurs actions futures, passent le temps à crier au poisseux.
En tout, ce n’est pas à nous de vous rappeler votre double et cuisant échec aux élections présidentielle et législatives, sans oublier le fait que votre parti n’enregistre aucun maire au sortir des municipales de mai dernier. Donc pour sortir de cette véritable galère politique, se livrer éternellement à des « ablasseries » et tirer à boulets rouges sur le pouvoir peut paraitre bien, mais dans un pays où nul n’est plus dupe, ce n’est pas arrivé.
A moins que, conscient d’une quelconque incapacité à construire un parti viable pour la conquête démocratique, vous vous soyez résigné à user de la courte échelle pour bénéficier de la « une » des médias, à savoir la critique facile et gratuite. Là aussi, le chemin parait bien parsemé d’embûches dont du …roc.
Nawaamalg Ouedraogo S.
Ingénieur Réseaux et systèmes Informatiques
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