Michel Kafando : « Le gouvernement actuel est condamné à avoir une justice pour les victimes »
Aujourd’hui 31 octobre 2016, « ce n’est pas un jour comme un autre » pour l’ancien Président de la Transition Michel Kafando qui a marqué de sa présence la cérémonie d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et du putsch manqué de septembre 2015. Et pas seulement. « M’ba Michel » a déclaré que le gouvernement actuel « est condamné à avoir une justice pour les victimes » de l’insurrection et du putsch manqué de septembre 2015.
A l’intérieur « une nouvelle conscience s’est développée »
Deux ans après, l’ancien Président de la Transition Michel Kafando qualifie l’insurrection et la résistance au putsch manqué de septembre 2015 de « mouvement tellement significatif » qui a permis d’aboutir à l’élection libre et transparente du 29 novembre 2015. Ce 31 octobre, commémoration de l’héroïsme d’« un peuple (qui) se soulève, dit non à un régime qui voulait l’inféoder en voulant lui appliquer de force une constitution, une prescription dont il ne veut pas » a-t-il expliqué, « ce n’est pas un jour comme un autre. C’est un jour nouveau pour le Burkina ».
Une fois de plus Michel Kafando réaffirme : « je le redis. Nous pouvons être fiers de cette insurrection, parce qu’à l’extérieur, j’en suis témoin. Je sais ce que les gens en pensent ». A l’intérieur aussi, dit-il « une nouvelle conscience s’est développée ». Tout ceci fait dire à Michel Kafando, que « plus jamais au Burkina Faso, personne ne va se lever et dire qu’il peut faire les choses en ne tenant pas compte de la justice, de l’équité, du fait que le peuple est conscient qu’à jamais tout le monde peut se lever s’il y a une injustice ».
Y a-t-il eu un changement significatif depuis l’insurrection ?
C’est oui pour Michel Kafando. Le simple fait, dit-il que de façon libre, claire « nous parlons aujourd’hui », prouve qu’il y a une mentalité nouvelle. « Cela est un changement fondamental. Il y a une transformation de la conscience nationale notamment du côté des jeunes. C’est déjà quelque chose », note-t-il. Pour couper court au doute, l’ancien Président de la Transition a indiqué que « plus jamais ici, les gens ne pourront se laisser dicter par des instructions, des impératifs qui ne vont pas dans le sens de leurs intérêts ». Et quand est-il du reste ? « Le reste, ça va suivre », a-t-il dit.
Le peuple s’impatiente pour la justice
« Ce n’est pas facile » de rendre justice, a dit Michel Kafando. Selon lui, si tout le monde s’impatiente, si tout le monde dit « il faut toute de suite que la justice s’applique », c’est parce que « pour la justice moderne, il faut un certain nombre de procédures ».
Prenant l’exemple du coup d’Etat manqué survenu à 4 mois de la fin de la Transition, il y a plus d’un an, l’ancien Président a indiqué que la lenteur est due au fait qu’il faut faire des enquêtes pour être « sûr » de ce qu’on va avancer. « Comprenez », s’est-il exclamé. Mais, dit-il, une chose est certaine. « Le gouvernement actuel est condamné à avoir une justice pour les victimes aussi bien de l’insurrection que pour le coup d’Etat ».
Il a en outre appelé à laisser les procédures suivre leur cours, car dit-il « l’essentiel, ce n’est pas d’aller très vite. C’est d’arriver à avoir une vraie justice qui rétablisse les gens dans leur droit, qui fasse que nous ne puissions plus jamais nous livrer à ce qui s’est passé ici au Burkina aussi bien sous l’ère du Président Compaoré que ce coup d’Etat que nous avons tous déploré ».
Oui Koueta
Burkina24
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