Journée mondiale des toilettes : La défécation à l’air libre a encore la peau dure

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Le Burkina a célébré ce 19 novembre 2016, la Journée mondiale des toilettes. C’est Koalaga, dans la province de la Sissili, qui a abrité la cérémonie.

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Pour avoir participé au projet pilote et pour avoir « mis Fin à la Défécation à l’Air Libre (FDAL) » le village de Koalaga dans la province de la Sissili a abrité ce samedi 19 novembre 2016, la commémoration de la journée mondiale des toilettes. « Vous verrez très rapidement les bénéfices d’être devenu un village FDAL », a dit Anne Vincent, représentante résidente de l’UNICEF aux habitants du village.

« L’accès à l’assainissement n’est pas vraiment une priorité pour les ménages »

L’absence d’assainissement, a-t-elle indiqué, a un impact significatif sur nos vies et nos moyens d’existence. Les estimations lui donnent raison. Et pour cause, les maladies dues au manque d’assainissement entraînent une perte de productivité  pouvant atteindre 5% du PIB. Et pas seulement. Environs 803 enfants perdent la vie en raison d’un assainissement « inadéquat et l’eau insalubre ».

Anne Vincent, représentante résidente de l'UNICEF n'a pas hésité à faire des pas de danse sur la musique de Sana Bob dont l'un des passages parle de toilettes publiques : "Pisser c'est 25 francs et chier c'est 50 francs" © Burkina24
Anne Vincent, représentante résidente de l’UNICEF, n’a pas hésité à faire des pas de danse sur la musique de Sana Bob dont l’un des passages parle de toilettes publiques : « Pisser c’est 25 francs et chier c’est 50 francs » © Burkina24

« L’impact est énorme », analyse Anne Vincent de l’UNICEF. Le manque d’assainissement, a-t-elle dit, n’est pas « vraiment et uniquement un problème de pauvreté ». Elle s’explique. « Au Burkina, 14 des près de 20 millions d’habitants ont un téléphone portable. Pourtant sur 100 personnes, seulement 20 utilisent des latrines améliorées et 55 pratiquent la défécation à l’air libre ». Conclusion, dit-elle, « ce chiffre démontre que le faible accès à l’assainissement n’est pas dû à un manque de moyens » mais plutôt que « l’accès à l’assainissement n’est pas vraiment une priorité pour les ménages ».

Anne Vincent a sa petite idée pour que la tendance change. Elle estime que la solution n’est pas de faire le travail à la place des populations, « mais de leur faire comprendre pourquoi construire des latrines ». En raison des « résultats mitigés » produits par les approches d’antan, il est temps selon le ministre de l’eau et de l’assainissement, Niouga Ambroise Ouédraogo, de « donner aux populations le leadership dans toutes les actions de développement de leur communauté ». D’où le thème « Accès universel aux services durables d’assainissement : l’engagement communautaire, gage de réussite ».

« Vous allez monter sur l’arbre, le reste, vous allez vous débrouiller »

Pour convaincre ses concitoyens de la nécessité de creuser eux-mêmes leurs latrines, le ministre use de tous les atouts qu’il a à sa disposition. « Dans nos communautés – ne vous en faites pas, moi-même je suis un villageois – on creuse des puits. Un puits peut aller jusqu’à 25 mètres. On les creuse dans le village. Une latrine ne dépasse pas 2 mètres. On n’en creuse pas assez. Cela veut bien dire que l’approche communautaire est importante », analyse Niouga Ambroise Ouédraogo.

Les représentants de 11 villages, en plus de Koalaga, ont reçu des attestations faisant d'eux des villages FDAL
Les représentants de 11 villages, en plus de Koalaga, ont reçu des attestations faisant d’eux des villages FDAL

Si l’UNICEF appuie l’exécutif pour implémenter le projet pilote d’Assainissement total porté par les communautés (ATPC) « sans subvention dans 237 villages », explique Anne Vincent, c’est pour emmener les populations à prendre à bras le corps le problème de l’assainissement pour leur propre bien-être. Au Bénin, informe Anne Vincent, « l’approche a eu tellement de succès, que le gouvernement a formellement interdit aux bailleurs de fonds de subventionner les infrastructures familiales en milieu rural».

La pièce présentée par la Troupe théâtrale Le Progrès a été un des moments forts de la commémoration à Koalaga © Burkina24
La pièce présentée par la Troupe théâtrale Le Progrès a été un des moments forts de la commémoration à Koalaga © Burkina24

Vivement touché par ce cas précis qui traite de l’engagement communautaire, le ministre en plus de lire son discours s’est adressé sans détour aux habitants de Koalaga et celles environnantes venus prendre part à la commémoration de la Journée mondiale des toilettes. « Faisons tout pour avoir des latrines dans nos maisons », a-t-il dit, avant d’émettre le vœu que « l’exemple du village fasse tache d’huile ».

Aux villageois, qui attendent un peu d’aide ou tout de l’exécutif et de ses partenaires avant de s’y lancer, le ministre de l’eau et de l’assainissement a été on ne peut plus clair : « Les partenaires vont vous appuyer, mais ne vont pas vous prendre en charge à 100% pour l’éternité. Vous allez monter sur l’arbre, le reste, vous allez vous débrouiller ».

Oui Koueta

Burkina24   

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