« Les médias publics sont la propriété du peuple burkinabè »
Ceci est une déclaration conjointe du SYNATIC et de l’AJB sur la situation à la RTB.
Le dimanche 05 novembre 2017, les téléspectateurs de la RTB/ Télévision, notamment ceux fidèles à l’émission « Sur la brèche » ont subi un grand préjudice. Fixé à l’avance à coups de bande annonce, le rendez-vous du ministre de la Culture et du Tourisme démissionnaire du gouvernement Paul Kaba Thiéba avec les téléspectateurs n’a pas eu lieu. L’émotion suscitée par l’incident montre à souhait que le peuple burkinabè s’est senti lésé dans cette affaire.
Le comble, c’est que ni la direction de la RTB/ Télévision, ni la direction générale n’ont daigné fournir la moindre explication au public.
L’Association des journalistes du Burkina (AJB) et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) dénoncent cette attitude non professionnelle des responsables de la RTB qui rappelle les pratiques des autorités sous l’ère Compaoré, l’immixtion grossière dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information dénaturant souvent le contenu des reportages.
Cette pratique rétrograde intervient à la veille du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP) qui se tient du 08 au 11 novembre 2017.
Nous saluons la démarche des journalistes de la rédaction qui ont suppléé à cette défaillance de la hiérarchie de la RTB, en investiguant sur cette affaire, dans l’optique de fournir des explications aux téléspectateurs.
Nous prenons acte des dénégations du ministre Rémis Fulgance Dandjinou en charge de la Communication. Nous n’en sommes du reste pas surpris, car il vous souviendra que notre déclaration conjointe du 20 juillet 2016 dénonçant des pratiques rétrogrades du même genre avait été reçue de la même manière par le ministre porte-parole du gouvernement. Et pourtant !
Nous rappelons à toutes fins utiles que les médias publics sont la propriété du peuple burkinabè.
Nous tenons à souligner que les silences coupables face aux agissements opaques contribuent à nourrir les rancœurs contre les travailleurs des médias publics.
L’AJB et le SYNATIC se sont toujours insurgés contre l’immixtion de l’exécutif dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information dans les médias publics, toute chose qui expose les travailleurs à la vindicte populaire.
Dans notre déclaration conjointe du 20 juillet 2016, nous rappelions ceci : « ‘’L’attaque des locaux de la Télévision nationale lors des manifestations des 30 et 31 octobre 2014 n’est rien d’autre que la conséquence directe de ces pratiques d’une autre époque visant à dénaturer le contenu des reportages au sein des médias publics’’, déclarait le Bureau National du SYNATIC lors de la première assemblée générale du syndicat après l’insurrection, le 12 novembre 2014. Le SYNATIC soulignait avec force, à l’époque, que les mêmes causes produisent les mêmes effets et invitait alors les travailleurs des médias à rester vigilants et mobilisés ».
L’AJB et le SYNATIC fidèles aux principes selon lesquels, « les entreprises de radiodiffusions sonores et télévisuelles doivent garantir l’honnêteté, l’indépendance et le pluralisme de l’information ainsi que l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion dans le respect du principe d’égalité de traitement » (article 33 de la loi 059 portant régime juridique de la radiodiffusion) :
- Apportons notre soutien à l’animateur de l’émission « Sur la brèche », Jérémi Sié Koulibaly qui a refusé de se soumettre au « plan B » que la direction de la Télévision du Burkina a tenté de lui imposer ;
- Manifestons notre solidarité aux journalistes de la rédaction et à l’ensemble des travailleurs de la RTB/ Télévision, ainsi qu’à tous les travailleurs des médias publics ;
- Dénonçons la censure à priori exercée contre Tahirou Barry ;
- Condamnons les agissements rétrogrades du directeur de la RTB/ Télévision et du ministre en charge de la Communication ;
- Exigeons des explications de l’ensemble des instigateurs de cette tentative de remise en cause des acquis de l’Insurrection populaire dans les médias ;
- Exigeons que les fautifs répondent de leurs actes ;
- Invitons les travailleurs des médias publics à être des remparts contre la forfaiture d’où qu’elle vienne ;
- Invitons les travailleurs des médias à rester mobilisés et à l’écoute pour tout mot d’ordre que commanderait l’évolution de la situation.
NON à la caporalisation des médias publics !
NON à la remise en cause des acquis de l’Insurrection populaire dans les médias !
En avant pour le respect des règles d’éthique et de déontologie, gage de professionnalisme dans les médias !
Fait à Ouagadougou, le 07 novembre 2017
Pour le Bureau de l’AJB
Le Président
Guézouma SANOGO
Pour le Bureau du SYNATIC
Le Secrétaire général
Siriki DRAME
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