Echange du Président du Faso avec Bill Gates : « Merci Monsieur le Président….. »

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Ceci est une lettre ouverte du journaliste Emile Ouédraogo au Président du Faso.

Sur sa page Facebook, le Président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a publié un post relatif à un échange qu’il a eu avec Bill Gates, co-président de la Fondation Bill and Melinda Gates Fondation, le 14 juillet 2020. Selon ce post, ils ont « abordé la lutte contre le Coronavirus, la poliomyélite et la relance économique ».

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A travers cet écrit, il sied d’attirer l’attention de nos gouvernants et du peuple souverain du Faso, sur les risques encourus par ce partenariat qui risque de faire du Faso, un laboratoire d’expérimentation. Premier quiproquo : les Etats-Unis tiennent la tête du peloton dans le monde, en termes de nombre de malades du coronavirus (plus de 13 millions de cas avec 138 000 décès). Mais, la Fondation Bill et Melinda Gates a choisi de lutter contre cette maladie au Burkina Faso qui a un millier de cas. Cherchons l’erreur.

Le sort est jeté. Nous voici battant pavillon Bill Gates Fondation. L’information est venue du sommet de l’Etat burkinabé. En m’installant derrière mon clavier pour écrire cette missive au Président de tous les Burkinabé, donc le mien aussi, beaucoup m’ont dit, faisant allusion à la Fondation Bill et Melinda Gates : « fais attention car tu t’attaques à un gros morceau ». Que vaut ma minable vie comparée à celle de plus de 20 millions de Burkinabè qui risquent d’être des « cobayes médicaux » ? Bref…

De quoi s’agit-il ? Bill Gates Fondation «veut aider» le Burkina Faso. Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré donne les grandes lignes : « lutte contre le Coronavirus, la poliomyélite et la relance économique.» Nobles intentions. Allons, M. le Président, au-delà des intentions.

Il est clair que lorsque la maison brûle, on ne cherche pas à savoir la qualité de l’eau à utiliser pour l’éteindre. Mais, il sied avec les multiples controverses sur les pratiques de la Fondation Bill et Melinda Gates de porter des gants et de mettre des garde-fous en vue de protéger nos laborieuses populations. M. le Président. Faisons un petit jeu de croisement des informations sur les pratiques de cette fondation à travers le monde.

Kenya, Ouganda, Malawi…Sur les traces du philanthro-capitalisme

La Fondation Bill et Mélinda Gates est à ranger dans le cercle des philanthro-capitalistes. Par philanthro-capitalisme, il s’agit, à travers la générosité, de faire des affaires. A ce propos, malgré votre calendrier chargé, je vous invite, en toute humilité, Excellence M. le Président, à lire le livre enquête du journaliste-écrivain, Lionel Astruc intitulé « l’art de la fausse générosité : la fondation Bill et Mélinda Gates », aux éditions Actes Sud. Il démontre à souhait la face cachée de la fondation la plus puissante au monde et de la pseudo générosité de Bill Gates.

Entre 2011 et 2019, la fortune de Bill Gates est passée de 56 milliards à 96 milliards d’euros. En 8 ans, il a engrangé 40 milliards d’euros. Comment cela se fait-il ? « C’est un système de placement appelé « Trust » qui est un fonds d’investissement. Et, la Fondation est adossée à ce fonds d’investissement qui place de l’argent. Les dividendes de ce fonds d’investissement servent à alimenter la Fondation. » Jusque là, tout est « clean ». Mais là, où le bât blesse, c’est là où investit le trust de la Fondation.

La Fondation Bill & Melinda Gates détient des actions dans Airbus, BAE Systems et United Technologies, selon les formulaires IRS 990 du service des impôts américains. Ces entreprises figurent parmi les plus grands fabricants d’armes au monde. (source : https://www.alliancemagazine.org/analysis/conflict-interests-foundations-invest-arms-tobacco/).

Il serait de bon ton, M. le Président, que vous profitiez leur demander de nous fournir des armes pour lutter contre le terrorisme. Je passe sous silence les investissements dans les OGM avec Mosanto et compagnies, ainsi que la main-mise sur les laboratoires pharmaceutiques.

Alors, comment les multinationales qui financent la Fondation parviennent à se « sucrer » sur le dos des pays pauvres à travers les dons ? C’est très simple. « Les entreprises qui sont dans les placements des trust de la Fondation Bill et Melinda Gates, sont celles qui bénéficient des dons de la Fondation. On donne de l’argent à une entreprise qui, en retour, rapportera de l’argent » selon le journaliste Lionel Astruc. Illustration : En 2014, Coca-cola bénéficie de 538 millions d’euros de placement de trust de la Fondation Bill et Melinda Gates. Dans le même temps, Coca-Cola bénéficie de programme consistant à former 50 000 agriculteurs au Kenya et en Ouganda pour les inciter à cultiver des fruits de la passion.

Ces fruits entrent dans la fabrication de la boisson coca-cola. L’Afrique est le laboratoire des OGM de cette fondation. Rob Horch, ancien responsable de Mosanto fait aujourd’hui partie de l’équipe de la Fondation. Elle est le cheval de Troie des OGM et de Mosanto en Afrique.

Excellence, dites-leur de construire des hôpitaux et des laboratoires de pointe pour nos chercheurs

Monsieur le Président, les trois domaines dont vous faites cas (lutte contre le coronavirus, la poliomyélite et la relance économique), trouveront une réelle solution si vous proposez à cette fondation de construire des hôpitaux et des laboratoires de pointe pour nos chercheurs.

Le Burkina Faso regorge des meilleurs chercheurs en Afrique au sein du CNRST. Au lieu de faire du Faso, un laboratoire d’expérimentation du vaccin contre le coronavirus, la poliomyélite ou d’autres recherches en vue d’avoir le brevet, l’aide de la Fondation Bill et Mélinda Gates doit nous aider à nous passer de leur aide dans le futur.

Albert Einstein disait : « Pour sortir d’un problème, on ne peut pas utiliser les mêmes modes de pensée qui ont servi à créer ce problème ». Bill Gates à lui seul est plus riche que 45 des 54 pays africains. Il est l’un des plus gros donateurs de l’OMS. Ceci explique-t-il cela ?

The Lancet, l’une des revues d’investigations les plus sérieuses au monde, a démontré que lorsque cette Fondation choisit de financer des programmes dans le monde et, particulièrement, en Afrique, elle finance ceux qui vont favoriser la création de marchés plutôt que de financer des programmes qui rendront les populations autonomes. La preuve est faite que lorsqu’il y a par exemple, un choix à faire entre 2 solutions médicales dont l’une est fabriquée par les chercheurs locaux et un vaccin fabriqué par une multinationale de l’extérieur, la Fondation Gates choisit de financer les maladies qui font appel à l’ouverture de marché et à la création de vaccin, donc la multinationale.

L’exemple de l’Artémisia dans la lutte contre le paludisme est là pour nous édifier. En décembre 2017, France TV, sur sa page Youtube démontre clairement comment Bill Gates et sa fondation, en 2016, promettent investir 4 milliards d’euros dans la fabrication d’un vaccin, tout en mettant la pression sur l’OMS afin qu’elle interdise l’utilisation de l’artémisia dans le traitement de la malaria.

Pendant ce temps, sur son blog, la Fondation mentionne l’artémisia annua (en réalité, il fait référence à la molécule) dans la fabrication de ce vaccin qui, jusqu’au jour, où j’écris ces lignes n’est pas encore disponible. Dois-je rappeler que les chercheurs Burkinabé sont bien avancés dans la recherche contre le paludisme ! Pourtant, la Fondation est l’un des premiers leviers financiers du géant pharmaceutique GSK dans le développement du premier vaccin anti-malaria. L’efficacité même de ce vaccin pose problème dans la mesure où les chercheurs parlent de 30%. Au passage, je tire mon chapeau à nos vaillants chercheurs qui ont trouvé le FACA qui permet de guérir de la drépanocytose. Une première dans le monde.

Ce qui se cache derrière ce partenariat

Monsieur le Président, la face cachée de ce partenariat est le projet futur de collecte de données sur les individus. Dans l’unique but de créer avec le concours de la Chine, un contrôle permanent sur nos vies. Mais, cela fera l’objet d’une autre analyse en temps opportun.

 A travers cette lettre ouverte, les enjeux sont grands face à l’un des hommes les plus puissants de la planète, de dénoncer les prédations. Les enfants et le peuple du Burkina Faso ne méritent pas d’être des cobayes de la Fondation Bill Gates, avec la bénédiction de la Chine à travers les programmes et les projets à venir.

J’ai humblement trempé ma plume dans la plaie, avec tous les risques encourus. Pour clore, méditons avec Nelson Mandela : « Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs ». Si vous travaillez à refléter les espoirs du peuple burkinabè, demain, il vous dira : « Merci M. le Président… ».

Daouda Emile OUEDRAOGO

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