Elections 2020 au Burkina Faso : Les premières conclusions de l’ONG S2L
Ceci est une déclaration de l’ONG Stand for Life and Liberty (S2L) sur les élections du 22 novembre 2020 au Burkina Faso.
A l’initiative de sa Coordination internationale, basée aux Etats-Unis, l’ONG Stand for Life and Liberty (S2L), dont la vocation est de promouvoir les droits humains, l’éducation et le développement en Afrique et dans le monde, a déployé des observateurs pour les élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020 au Burkina Faso et dans sa diaspora. Ladite mission a été accréditée par la Commission nationale électorale indépendante (CENI).
Au Burkina Faso, les observateurs composés de journalistes, d’enseignants, d’agents de la fonction publique, d’étudiants ont observé plus de 300 bureaux de vote dans les 12 régions. Dans la diaspora, les observateurs ont été dans les bureaux de vote ci-après:
- Etats-Unis (Washington, New York)
- Canada (Ottawa)
- Belgique (Bruxelles)
- Ghana (Accra)
- Sénégal (Dakar)
- Côte d’Ivoire (Abidjan, Bouaké)
- Mali (Bamako)
- Niger (Niamey)
- Togo (Lomé)
- Afrique du Sud (Johannesburg)
Conformément à la formation qu’ils ont reçue, quelques jours avant le scrutin en techniques d’observations électorales, les observateurs de l’ONG Stand for Life and Liberty (S2L) ont suivi de près les différentes étapes du scrutin du 22 novembre 2020 et jours suivants. Cette déclaration préliminaire est faite sur la base des principaux constats faits par les observateurs de notre mission.
De l’ouverture des bureaux de vote
Pour cette première phase du scrutin, chacun des observateurs de la mission a sillonné les bureaux de vote susceptibles d’être sous le feu des tensions politiques. A ce niveau, ils ont rapporté :
La majorité des bureaux de votes observés, ont ouvert avec des retards allant de 30 minutes à plus de 5 heures, à cause de l’arrivée tardive du matériel électoral et de certains membres du personnel électoral, des difficultés d’aménagement des bureaux de vote et de fermeture de certains pour cause d’insécurité.
En outre, certains électeurs étaient déboussolés du fait de la délocalisation de leur ancien bureau de vote, le non affichage des listes électorales dans leurs localités. En outre, d’autres électeurs ont voté uniquement pour les législatives dans certains bureaux de vote. Dans la province du Tuy, à Houndé, par exemple, à l’instar de plusieurs bureaux de vote, le manque d’encre, d’isoloirs, de procès verbaux ont été constaté. Ces insuffisances ont été comblées au fur et à mesure du déroulement du scrutin par la CENI.
Du déroulement des opérations de vote
Durant la journée électorale, les observateurs mobiles de l’ONG ont sillonné plus de 300 bureaux de vote à Ouahigouya, Bobo-Dioulasso, Kaya, Houndé, Banfora, Fada N’Gourma, Nouna, Ouagadougou, Koupèla, Koudougou, Boussé, pour ce qui concerne l’intérieur du Burkina Faso. Dans la diaspora, ce sont les Etats-Unis (Washington, New York), Canada (Ottawa), Belgique (Bruxelles), Ghana (Accra), Sénégal (Dakar), Côte d’Ivoire (Abidjan, Bouaké), Mali (Bamako), Niger (Niamey), Togo (Lomé), Afrique du Sud (Johannesburg)
Au niveau de ces différents bureaux de vote, nos observations sont les suivantes:
A l’intérieur du Burkina Faso, les mesures de protection face à la pandémie du coronavirus n’ont pas été respectées. Pas de port généralisé du masques, pas de distanciation sociale, pas de solution hydro alcoolique ou de savons pour se laver les mains à l’entrée des bureaux de vote.
L’environnement des bureaux de vote était calme dans la majeure partie. Un peu partout, les observateurs mobiles de Stand for Life and Liberty ont signalé une faible affluence devant les bureaux de vote dans la matinée électorale.
Les bureaux de vote n’étaient pas faciles d’accès pour les personnes vivant avec un handicap. Cependant, les personnes âgées, les femmes enceintes et les malades étaient toujours prioritaires devant la majorité des bureaux de vote visités par les observateurs de l’ONG. La sécurité était présente.
Les partis politiques en lice pour ce scrutin présidentiel étaient sous-représentés dans les bureaux couverts par les observateurs de l’ONG. Seuls les représentants des grands partis tels que le MPP, l’UPC, le CDP, étaient présents dans presque tous les bureaux de vote à l’intérieur du Burkina Faso. Dans la diaspora, ils se sont souvent retrouvés à être représenté par une même personne sous la bannière opposition.
Meilleure organisation dans la diaspora
Dans la diaspora, les électeurs ont voté uniquement pour l’élection présidentielle. Tous les bureaux de vote ont presque ouvert à l’heure. Mais les représentants des partis politiques ont soit été absents, ou sont arrivés en retard. A Bruxelles, par exemple, le représentant de l’UPC est arrivé à l’heure (6 h 00), celle du MPP (une femme) à 6h40, celui du CDP, 8h30 et celui de l’ADF-RDA à 11h38. Les gestes barrières ont été observés et le kit sanitaire de protection était disponible au Consulat du Burkina Faso à New York pour les électeurs.
Nos observateurs à l’étranger ont relevé une bonne organisation de l’élection dans la discipline, le respect et la transparence totale. Au Togo, au Sénégal, au Niger, au Ghana, en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud, nos observateurs, ayant l’expérience des élections dans ces pays, ont relevé la maturité démocratique et le sérieux avec lequel, la diaspora a pris part à ces élections organisées pour la première fois, hors du Burkina Faso.
A Johannesburg, la forte pluie du 22 novembre a empêché de nombreux burkinabé d’accomplir leur devoir citoyen.
Les agents électoraux faisaient leur travail sans la moindre restriction au niveau des bureaux de vote sillonnés par les observateurs de Stand for life and liberty (S2L) durant cette phase du scrutin au cours de la journée.
Parmi les plus de 300 bureaux de vote ayant reçu les observateurs de l’ONG Stand for Life and Liberty, tant à l’intérieur que dans la diaspora, aucun président de bureau de vote n’a rapporté avoir reçu une quelconque plainte formelle de la part des parties prenantes au processus électoral.
De la fermeture des bureaux de vote et du dépouillement
Les observateurs de l’ONG Stand for Life and Liberty ont assisté, chacun de leur côté, à la fermeture du bureau de vote témoin. Dans l’ensemble, ils rapportent que ces différents bureaux de vote ont effectivement fermé à 18 heures précises. A cette heure ci, il n’y avait plus d’électeurs en attente de voter dans la plupart des bureaux de vote. Toute personne présente dans le bureau de vote avant 18h a été autorisé à voter. Ceux qui sont arrivés en retard, n’ont pas pu le faire.
Quasiment, le dépouillement a eu lieu dans l’enceinte des différents bureaux de vote, en présence d’observateurs indépendants, des représentants présents des partis politiques et souvent sous haute surveillance. Là où les dépouillements ont effectivement eu lieu normalement, les bureaux ont été aménagés et éclairés de manière à faciliter l’opération. Partout, le nombre de bulletins contenus dans l’urne ont été comptés et correspondait effectivement au nombre d’électeurs ayant voté. Le dépouillement a eu lieu conformément aux procédures prévues à cet effet et, on n’a observé aucune ingérence extérieure dans le processus.
Les observateurs de l’ONG n’ont pas noté des activités de campagne aux environs des bureaux le jour du scrutin. Et les responsables de ceux-ci n’ont pas reçu de plaintes formelles à l’issue du dépouillement. C’est dire que les opérations de clôture et de dépouillement se sont très bien passées dans les bureaux témoins observés dans les régions, les provinces et les villes citées plus haut.
Des opérations de centralisation
Les observateurs de S2L ne se sont pas seulement contenté de veiller sur le déroulement du scrutin. Ils ont également observé le processus de centralisation des procès verbaux de vote pour s’assurer que tout se passe bien. A ce niveau, ils ont noté le retard dans l’acheminement des PV vers les Commissions communales de consolidation des résultats (CCCR) à l’intérieur du Burkina Faso. Dans la diaspora, le comptage et la consolidation des résultats ont été faits sur place. Les procès verbaux ont été dressés séance tenante. Les observateurs ont suivi un comptage manuel des bulletins de vote tant à l’intérieur que dans la diaspora.
Des recommandations
A la CENI
– Identifier sur les badges, les villes d’observation pour les observateurs indépendants tant à l’intérieur du pays que dans la diaspora ;
– Rendre disponible la prise en charge des différents acteurs des bureaux de vote dans les meilleurs délais ;
– Prendre les dispositions nécessaires pour acheminer au plus tôt tout le matériel électoral, en quantité suffisante à l’intérieur comme à l’extérieur du Burkina Faso ;
– Elaborer et faire signer un code de bonne conduite à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral en fonction de leur compétence (partis politiques, observateurs, délégués de bureaux de vote, etc.) ;
– Mettre à la disposition des observateurs indépendants, les informations relatives au processus électoral global avant, pendant et après les élections de façon claire et précise;
– Afficher la liste des bureaux de vote contenant toutes les informations nécessaires pour faciliter l’accès à ces bureaux par les électeurs ;
– Faciliter l’accès des observateurs indépendants à toutes les informations relatives au processus électoral et à l’accès aux bureaux de vote, avant, pendant et après les élections ;
– Publier les informations relatives au processus électoral sur le site web de l’institution et les actualiser ;
– Mettre les outils utiles au complet à la disposition des bureaux de vote : torches, lampes, encre indélébile, procès verbaux, kits hygiéniques afin de faciliter le déroulement du vote en temps de Covid 19 et le dépouillement qui s’opère généralement la nuit ;
Au Gouvernement
– Mettre à la disposition de la CENI, les moyens matériels et financiers nécessaires pour la bonne conduite du processus électoral tant à l’intérieur que dans la diaspora ;
– Prendre les dispositions sécuritaires nécessaires pour que la CENI puisse organiser les élections sur toute l’étendue du territoire national et dans la majeure partie des pays de la diaspora ;
Aux candidats et aux partis politiques
– Avoir des représentants dans tous les bureaux de vote tant à l’intérieur du Burkina que dans la diaspora ;
– Avoir des représentants ayant un bon niveau académique les permettant de comprendre et prendre part efficacement au processus électoral ;
-Former les représentants en matière de maîtrise du processus et du contrôle électoral ;
– Avoir recours aux voies légales de contestations des résultats et du contentieux électoral
Aux médias
- Equilibrer l’information surtout en période électorale en donnant la parole à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral
En conclusion, les élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020 ont connu des imperfections qui ont été jugulées progressivement par la CENI. Les irrégularités constatées ne remettent pas en cause la sincérité, la crédibilité, la transparence et la fiabilité du processus électoral.
Fait à Ouagadougou, le 25 novembre 2020
La Coordination nationale de l’ONG S2L-Burkina Faso
Vincent de Paul Kaboré
Le Coordonnateur national
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