Résultats des élections : « Au nom de l’intérêt national, n’osez pas ! »

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Ceci est l’opinion d’un citoyen. Il interpelle les différents candidats à la présidentielle sur l’attitude qu’ils doivent observer à la publication des résultats des élections.

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En ces temps qui sont les derniers, nous avons eu affaire à des analyses de type apocalyptique quant à l’avenir de notre nation. La dernière est celle du « frère » Christian Boglo. Le patriotisme aurait voulu cette entrevue reste lettre morte voire condamnée mais le faire sans observer une pause critique serait contreproductif.

L’intérêt de cet interview aussi pessimiste soit-il réside dans le fait qu’il nous pousse à réfléchir sur l’enjeu des consultions électorales prévues pour la fin de ce mois. Il est certes difficile de faire de la prospective sur l’état de la nation après l’annonce des résultats du scrutin mais deux scénarios peuvent être dessinés tout de même. Des élections transparentes et apaisées inaugureraient l’ère du renouveau que nous attendons tous et serait un exemple pour beaucoup d’autres peuples en quête de liberté à travers le monde. Le scénario contraire signifierait une descente aux enfers.

Après une période de transition à la démocratie marquée par l’incertitude et la douleur, nous avons tous foi en l’avenir de cette nation. Des épreuves, ce pays en a connu mais n’a jamais baissé les bras dans sa quête de la dignité et de la prospérité. Nous avons pu observer cela récemment lors du coup d’état du 17 septembre 2015, un coup d’état a fragilisé l’espoir du nouveau Burkina Faso post-insurrection.

Maintenant que nous avons à franchir la phase délicate de la transition en l’occurrence les élections présidentielles et législatives, il n’est pas inutile de rappeler notre responsabilité et obligation morale vis-à-vis de nos martyrs tombés pour sauver la république. A ces martyrs, nous leur disons ceci : « Nous ne vous trahirons pas. Sur les murs de la république seront gravés vos noms. Votre lutte sera enseignée à la postérité. » Ceux qui sont tombés se sont sacrifiés pour la génération à venir et cela commande honneur et respect.

Réussir ces élections, c’est aussi honorer les fils et les filles de ce pays qui se sont mobilisé pour prendre leur destin en main et surprendre le reste du monde en l’occurrence l’occident. Nous ne faisons pas des élections transparentes et apaisées la panacée dans notre quête du bonheur mais elles en sont une étape fondamentale.

Le Burkina nouveau dont nous rêvons ne sera une réalité que la nation reste stable. Nous sommes battus pour un nouveau contrat social; il serait regrettable que des gens se laissent manipuler par les candidats à la présidence. Le « frère » Christian Boglo parle de deux politiciens prêts à tout pour la conquête du pouvoir, nous, nous pensons que tout homme politique est potentiellement nuisible s’il n’est éclairé par la raison et mu la charité. La stabilité du territoire est un intérêt vital et commande notre vigilance pour le protéger.

Aussi, faut-il ajouter que notre insurrection ne saura inspirer tous ceux qui se battent encore pour se libérer des dictatures à travers le monde que s’il elle parvient à son terme. Il est communément admis que l’homme a peur du changement mais le nôtre doit inspirer et étonner.

Etonner car dans bon nombre de discours tenus et par l’occident et même par certains Africains, il ressort que l’Afrique n’est pas prête pour la démocratie et qu’il nous faut des despotes éclairés, la politique africaine étant caractérisée souvent par la violence. Nous ferons le test avec ces élections. Soit nous réussissons et l’occident parlera d’un exceptionnalisme burkinabè ou nous échouons et l’on dira : «  Ce n’était pas étonnant. » Sans faire le procès de qui que ce soit, marchons résolument vers une alternance pacifique. Nous sommes condamnés à réussir ces élections au regard du contexte national et sous-régional.

Des troubles postélectorales fragiliseront les fondations de la république. Il faudra faire face aux camps impliqués dans les troubles et cela nécessite énormément des moyens humains et financiers.

Nous envisageons un tel scénario non pas parce que nous prêchons une prophétie de malheur mais comme le mentionnions ultérieurement bon nombre d’hommes politiques sur le continent ont développé une culture de contestation des résultats si bien que des élections sans contestation seraient exceptionnelles, les opposants étant toujours convaincu que le parti présidentiel détient la machine de la fraude mais la situation reste différente dans notre pays au regard de l’inexistence d’un parti présidentiel dans la course vers Kossyam.

C’est l’occasion de rappeler la nécessité de l’impartialité à toutes les structures impliquées dans l’organisation des élections. Le contexte national est d’autant plus fragile que la réconciliation n’est pas encore effective.

A l’heure où nous traçons ces lignes, certains hommes politiques qui en temps normal devraient s’expliquer devant la justice ne sont plus sur le territoire national et d’autres avec des officiers sont dans cellules en attendant leurs procès. A cette fragilité s’ajoute une sous-région instable notamment avec la menace terroriste surtout en ces derniers temps avec l’attaque terroriste contre la brigade de gendarmerie de Samorougouan ayant coûté la vie à trois de nos vaillants gendarmes. AQMI, Boko Haram et les autres groupes terroristes verront une instabilité postélectorale au Burkina Faso comme du pain béni.

Au regard de tous ces éléments, nous disons ceci à tous les candidats à la présidence de la république : « Messieurs les candidats, n’osez pas. N’osez pas contester les résultats juste pour contester, ce jeu nous entrainera dans une descente aux enfers. ». Il est important de souligner que notre analyse est basée sur de l’hypothétique mais elle se veut une interpellation aux 14 qui comptent briguer la magistrature suprême.

Nous aurions voulu compter sur le sens élevé de la responsabilité des uns et des autres pour des élections pacifiques mais l’échec du premier pacte de bonne conduite doit interpeller. Aux 17 articles dudit pacte s’il est toujours en vigueur, on pourrait ajouter un article exigeant tout candidat aux présidentielles à un recours pacifique devant le conseil constitutionnel s’il avait des doutes sur la crédibilité du scrutin. Mais, nous préférons et souhaitons vivement qu’après l’annonce des résultats, les candidats passent un coup de téléphone à celui qui aura été désigné par le peuple pour le quinquennat à venir.

Lankoandé Wendyam Hervé,

Master 2 études stratégiques, Université Paris Nord

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