Étudiants burkinabé en France: À la rencontre d’une communauté aux ambitions diverses mais aux difficultés communes

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©Burkina 24

A quelques jours de la rentrée universitaire en France, Burkina 24 est allé à la rencontre de cinq étudiants Burkinabè de différentes villes de France pour prendre le pouls de la préparation de cette rentrée et partager leur expérience d’étudiants burkinabé en France. A cœur ouvert, ils nous parlent des conditions de vie et d’études en France. De notre entretien, il ressort que ces étudiants sont confrontés généralement à de nombreuses difficultés liées à l’adaptation, au logement, etc. Mais avons noté fort heureusement que les étudiants Burkinabè, dans certaines villes, s’organisent en association afin d’accompagner et de faciliter l’insertion des nouveaux arrivants. Lisez plutôt…

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Le premier étudiant que nous avons rencontré est Diallo Boukary, étudiant en troisième année de licence en Sciences et Technologie à l’Université de Lorraine à Nancy.

Burkina 24 : Comment préparez-vous cette nouvelle année universitaire ?

DIALLO Boukary (DB) : La rentrée qui s’annonce, revêt pour moi un intérêt très particulier. En effet, étant donné que c’est la dernière année du 1er cycle universitaire, je me dois de redoubler d’efforts afin d’obtenir une bonne moyenne. C’est pourquoi j’essaye en ce moment de finir toutes les démarches administratives qui m’incombent afin de commencer les cours avec sérénité et quiétude.

Burkina 24 : Quelles sont les difficultés récurrentes auxquelles vous faites face ?

DB : Les problèmes rencontrés par les étudiants burkinabè ici en France dépendent de beaucoup de facteurs, notamment la ville dans laquelle ils se trouvent, le temps qu’ils ont fait ici, leurs moyens de subsistance. Dans les grandes villes par exemple, nos compatriotes rencontrent beaucoup de difficultés pour se loger. A cela il faut ajouter le stress des transports en communs, et le rythme infernal des métropoles. Dans les petites villes, si tous ces problèmes ne se posent pas, il faut tout de même souligner la quasi absence des activités rémunératrices. Moi pour ma part, je suis assez tranquille pour le moment, juste un peu soucieux du climat sociopolitique du pays.

KABRE Rassindzanga Aristide Karol, Master Droit Social mention Gestion des Ressources Humaines à l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense (Paris X) à PARIS

Burkina 24 : Quelles sont les conditions de vie et d’étude ici en France ?

KABRE Rassindzanga Aristide Karol (K.R.A.K) : Pour beaucoup de nos frères, les études en France sont d’une telle facilité qu’il serait inconcevable qu’un étudiant ayant quitté le Burkina y redouble. Cette vision doit être corrigée du fait que les études en France sont aussi difficiles qu’au Burkina Faso. Plusieurs raisons expliquent cet état de fait, notamment le temps d’adaptation au système académique Français et les méthodes d’étude qui demandent beaucoup plus de recherche. L’éloignement des parents peut donner à certains une sensation de liberté qui les conduit très rapidement à faire des erreurs. Au vue de cela nous pouvons légitimement affirmer que les conditions d’études en France sont difficiles et spécialement pour les non boursiers. Certains avantages sont octroyés aux étudiants par l’état Français notamment l’Aide Pour le Logement (APL), des réductions pour les transports etc. Malgré tout, il est difficile pour certains étudiants de joindre les deux bouts. Ce qui oblige beaucoup d’entre nous à chercher un travail parallèlement aux études. Ce qui est formateur. Mais la réalité est qu’il est difficile de trouver un travail qui s’adapte à notre emploi de temps et nous permette d’être assidu à tous les cours. On se retrouve ainsi avec des étudiants qui ne peuvent plus se consacrer entièrement à leurs études, mais se tuent à travailler pour payer leur loyer et autres factures.

L’état Burkinabè n’est pas sans reste dans les aides pour les étudiants mais celles-ci sont plus orientées vers les boursiers. Un geste pour les non boursiers ne serait pas de trop et cela permettra à ces étudiants de se consacrer à leurs études. Ce qui permettra également au Burkina d’avoir un nombre considérable diplômés.

Burkina 24 : Avez-vous de contact avec d’autres étudiants Burkinabè de votre ville ?

K.R.A.K: Pour ma part, je connais un certain nombre d’étudiants burkinabè sur paris, mais une association regroupant les étudiants de Paris, comme on peut en trouver dans d’autres villes, ne serait pas un luxe. Cela permettra de créer ou de consolider les liens entre nous.

Burkina 24 : Quels sont vos projets ? Comptez-vous rentrer ou continuer votre aventure française ?

K.R.A.K: Comme projet personnel, ayant fait une formation initiale en Gestion des Ressources humaines j’aimerais évoluer dans la fonction publique et par la suite créer une boite spécialisée dans le recrutement. J’ai pour optique de rentrer au Burkina pour être d’un apport dans le décollage de mon pays précisément, au niveau du droit du travail. Il faut souligner que les opportunités en France sont plus attractives que celles du Burkina, donc une ouverture plus grande dans le monde du travail encouragera beaucoup plus de jeune à rentrer au pays.

Sawadogo Nebyinga, Cycle Ingénieur en génie des systèmes mécaniques à l’Université technologique de Compiègne.

Burkina 24 : La qualité de la formation en France est-elle à la hauteur de vos attentes ?

Sawadogo Nebyinga (SN): Pour ma part, la qualité de ma formation est à la hauteur de mes attentes. La réputation de la formation en France n’est plus à faire et ne fait que se consolider au fil des années. Heureusement!

Burkina 24 : Quels conseils pouvez-vous donner à des étudiants Burkinabè qui envisagent de poursuivre leurs études en France ?

SN: Je leur conseille de très bien se renseigner avant de venir. Certes, la formation est sensée être de qualité mais comme partout, tous les établissements ne sont pas forcément digne de confiance. Aussi, venir avec un projet professionnel déjà pensé et défini peut faire toute la différence pour le bon déroulement des études en France.

Rachid KONATE, étudiant en droit à l’Université Montesquieu Bordeaux 4.

Burkina 24 : Bénéficiez-vous d’un accompagnement de la part d’une association ou de tout autre structure pour vos démarches ?

Rachid KONATE (RK) : Oui, nous avons la chance à Bordeaux de bénéficier d’une association dynamique qui s’occupe spécifiquement des problèmes estudiantins. Il s’agit de l’Association des Etudiants et Sympathisants Burkinabè (ASSESYB). Cette association, m’a permis notamment d’entrer en contact avec le CROUS afin d’obtenir une chambre en cité universitaire et ainsi faciliter mon intégration.

Burkina 24 : Avez-vous un appel à lancer aux autorités burkinabè et/ou françaises ?

RK : Tout ce que je peux lancer comme appel aux autorités burkinabè, c’est de renforcer les soutiens aux initiatives de jeunes pour leur permettre de trouver des alternatives au grand chômage qui les touchent particulièrement. Aussi, il pourrait y avoir une réflexion autour de grands projets cadres que le Burkina aimerait réaliser dans le futur. Une fois ces projets conçus, il serait bien d’investir en accordant des bourses aux jeunes étudiants méritants à charge pour eux de revenir travailler pendant un certain nombre d’années dans ce projet.

Concernant les autorités françaises, l’appel que je peux lancer c’est de rendre plus effectifs et plus transparents les dispositifs d’aide au retour des étudiants. Il pourrait être prévu au sein des différentes associations d’étudiants burkinabè des sessions de formation et de renseignements sur ces questions co-organisées par l’ambassade, les étudiants et les services de l’immigration. Il peut en ressortir un partenariat gagnant/gagnant.

Je compte exercer le métier d’avocat. J’aimerais m’installer en tant qu’avocat au Burkina. L’exercice de ce métier serait pour moi le couronnement de mes années d’études et d’efforts sans cesse renouvelés.

 

Yelena Pooda, Master « Systèmes de télécommunication et réseaux informatiques » à l’université Paul Sabatier de Toulouse.

Burkina 24 : Comment s’est passé votre adaptation ?

Yelena POODA (YP) : Au début, ça a été un peu difficile parce que je ne connaissais pas grand monde à Toulouse. De plus, le climat, le mode de fonctionnement et l’environnement social (…) du pays étant différents de ceux du Burkina, je me sentais un petit peu perdue. Cela dit, Toulouse est une ville assez agréable et grâce à l’accueil chaleureux des Toulousains, ainsi que des anciens burkinabè à Toulouse, j’ai pu m’intégrer assez rapidement.

 Burkina 24 : Quels conseils pouvez-vous donner à de nouveaux arrivants ?

YP : Je dirais aux nouveaux arrivants, de ne pas avoir peur, de s’accrocher et aussi de s’ouvrir à la richesse de cette nouvelle expérience. C’est sûr qu’arriver dans un environnement différent n’est pas chose facile, surtout sans sa famille mais il faut savoir couper le cordon ombilical. Dans tous les cas, ils pourront compter sur nous les anciens ; on sera là pour les aider de notre mieux. Cela, d’autant plus que nous aussi nous sommes passés par là et donc je suis sûre que pour eux aussi, ça se passera bien.

Burkina 24 : Quels sont vos projets ? Comptez-vous rentrer ou continuer votre aventure française ?

YP : Là, je viens d’entamer un Master (M1) en systèmes de télécommunication et réseaux informatiques. Je compte après le M2, rester quelques temps en France. Cela me permettra d’acquérir une certaine expertise que je pourrais plus tard valoriser également au Burkina Faso.

Mariam SIDIBE et Hubert COMPAORE

Correspondants de Burkina 24, Paris

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