« Sankara est vivant, celui qui veut douter qu’il doute! » Sams’K le Jah

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Vingt cinq ans après l’assassinat de Thomas Sankara, les doutes subsistent sur la tombe du capitaine « supposé » enterré au cimetière de Dagnoën. Et Sams’K Le Jah martèle que tant qu’il n’aura pas la preuve formelle que l’homme gît là, il ne manifestera rien de particulier à la date anniversaire de son décès. Dans cet entretien à deux jours du 15 octobre, il pousse le doute jusqu’à ses limites, mais surtout nous présente une autre dimension de l’homme qui lui fait dire que Sankara est vivant. 

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Burkina24 (B24): Bientôt les §Burkinabé vont commémorer les 25 ans de l’assassinat de Thomas Sankara. Qui est Thomas Sankara pour vous ?

Sams’K le Jah (Sams’K): Thomas Sankara, pour moi et même pour la jeunesse, la génération consciente, représente un guide, la lumière qui dans les ténèbres essaie de nous éclairer et de nous orienter. Pour moi  Thomas   Sankara c’est tout ce symbole-là. Je n’ai pas eu la chance de connaitre Jésus-Christ ou Mohamed mais j’ai eu le bonheur de connaitre Thomas Sankara. Tout être humain avec un sens positif, recherche des repères dans sa vie, certains dans la Bible et d’autres dans le Coran. J’ai trouvé mes repères dans ces deux livres mais Thomas Sankara a ajouté des éléments à ce repère. Sankara pour moi est une dimension que  je ne peux pas vous expliquer, c’est au-delà du simple individu qu’on voit. Il est quelque part mon père spirituel.

B24: Alors quel sens donnez-vous à cette commémoration ?

Sams’K: Bon !25 ans de lâche assassinat de Thomas Sankara…(silence de méditation). Moi par principe, je n’aime pas commémorer les décès. Moi, je suis plus focalisé sur le 21 décembre, qui est la date anniversaire de naissance de Thomas Sankara. On s’est toujours focalisé sur le 15 octobre. Or on  ne nous a jamais montré le corps de Thomas Sankara. Donc il n’y a aucune preuve qu’il est mort. On  va penser que je suis fou, mais moi je suis africaniste et en Afrique, on ne fait le deuil que quand on voit le corps. On ne nous a jamais montré le corps de Sankara.

On nous montre une tombe et moi je veux qu’on nous prouve avec des tests ADN et des tests scientifiques que Thomas Sankara repose dans ce cimetière. Quand je pense à la cruauté de ceux qui ont remplacé Sankara au pouvoir, c’est-à-dire les rectificateurs, je me dis qu’il faut se poser trop de questions, il faut avoir des doutes sur tout ce qu’on nous a dit après. Pour moi le jour on pourra nous montrer que Sankara réside au cimetière de Dagnoen, je vais commencer à faire quelque chose le 15 Octobre. Pour moi la date du 15 octobre, s’apparente un peu au jour où Judas a trahi Jésus pour prendre de l’argent. Moi je suis dans une dynamique positive et je ne vais pas m’accrocher  à des sciences des disciples de Satan.

Non non non. Le 15 octobre c’est leur signe à eux. La preuve, il y a une certaine jeunesse qui s’apprête à fêter les 25 ans d’arriver de Blaise Compaoré au pouvoir après l’assassinat de son frère. Il y en a qui ont condamné  ces jeunes. Moi je dis qu’il ne faut pas les condamné. Ce sont des jeunes qui peut-être ont raté des épisodes de notre histoire. Et comme ceux qui étaient avec Sankar ont peur de parler, il y a beaucoup de jeunes aujourd’hui qui ne savent pas certaines choses.

B24: Justement à propos de la jeunesse, vous qui côtoyer les jeunes n’avez-vous pas l’impression que pour eux, Sankara c’est du passé?

Sams’K:  A celui qui croit que c’est du passé, je dit qu’il faut être dans une certaine dimension pour comprendre certaines choses. Vous avez suivi les suites du rapport de l’ASCE (Ndlr: Autorité Supérieure du Contrôle d’État) où le premier ministre actuel dit qu’il y a des gens qui seront sanctionnés, pour des histoires de détournements et autres. Ça nous rappelle qui?  Ça nous rappelle Thomas Sankara. Thomas Sankara avait déjà jeté les bases de la bonne gouvernance. En tant que président il a déclaré ses biens. Est-ce que Blaise Compaoré a déjà déclaré ses biens dans ce Burkina Faso?  Or il y a une loi qui lui dit de déclarer ses biens. Qu’il déclare ses biens. C’est la loi qui leur demande ça. Et on nous parle de bonne gouvernance. La bonne gouvernance c’est de gérer de façon claire le patrimoine national. Mais ce n’est pas le cas.

On voit des gens  qui hier n’étaient rien du tout, matériellement parlant, mais aujourd’hui ils sont des milliardaires. Ils ne sont pas des commerçants alors qu’ils nous expliquent comment ils ont fait pour gagner tous ces milliards. Donc tous ceux qui pensent que Sankara c’est du passé, physiquement oui. Mais les idées, comme il avait avant de mourir, « on ne tue pas les idées ». « Vous pouvez tuer le prophète mais vous ne pouvez pas arrêter la prophétie». Je pense que la jeunesse a besoin d’éducation.

Malheureusement rien n’est fait pour éduquer la jeunesse. C’est vraiment avec la douleur au cœur que je le dis: quand vous prenez nos télévisions, les programmes qui passent sur nos chaines de télé, ce sont généralement des programmes abrutir le peuple, pour endormir le peuple. Les choses conscientes ne peuvent pas passer sur nos télévisions. Malheureusement. La musique, aujourd’hui quelle est la musique qui connait le plus de promotion? C’est… c’est… vraiment… (sourire). Heureusement toute le jeunesse n’est pas idiote, toute la jeunesse n’est pas imbécile. Il des jeunes conscients. Il y  en a qui cherchent, il y en a qui veulent comprendre. C’est vers eux qu’on essai de maximiser la sensibilisation. Les gens veulent nous arracher le micro, on nous mettre telle ou telle pression. Mais on ne peut pas nous enlever les cadres de rencontres avec les jeunes.

B24: A vous écouter, faut-il conclure que le 15 octobres Sam’s K le Dja ne sera pas au cimetière ?

Sams’K: Je ne sais pas si je vais aller au cimetière. Souvent j’y accompagne des amis qui viennent de l’Occident et veulent voir la tombe de Sankara. La première fois où j’ai mis les pieds au cimetière de Dagnoen de moi-même, c’était en 2007. J’était membre du comité d’organisation pour marquer les 20 ans d’assassinat de Thomas Sankara.  Sinon je suis au Burkina depuis 1985, l’assassinat de Sankara, j’étais en classe de quatrième, mais je n’avais jamais mis les pieds au cimetière jusqu’en 2007. Et là aussi j’étais obligé. Parce que pour moi Sankara ne s’y trouve pas. Il faut qu’on me montre des preuves qu’il s’y trouve. Ça peut paraître fou, ça paraitre idiot, mais je le  préfère ainsi.

B24: On a l’impression que c’est à l’extérieur du Burkina que les gens se réfèrent plus à Sankara. Est-ce que selon toi, au Burkina, on n’arrive toujours pas à assumer l’héritage de Sankara? Et à qui la faute ?

Sams’K: A qui la faute? Attendez ! Quand quelqu’un dit qu’il est musulman, il est fier de le dire. La preuve, il y en a qui laissent pousser sa barbe et qui portent de grands boubous pour montrer qu’ils sont des musulmans. Il y en a qui sont chrétiens, ils ont des grandes croix, ils se promènent avec pour montrer jusqu’à quel point ils ont chrétiens. Moi j’aime Thomas Sankara, je le chante et je le dis partout. Ça m’a fermé des portes, mais j’assume. Je ne vais pas être un hypocrite. Les sentiments que j’ai et je les exprime. Il y en a qui me disent que c’est trop courageux. Ce n’est pas du courage. Vous aimez quelqu’un et vous ne pouvez pas lui exprimer votre amour!

Quand je chante Sankara mon président, je le dis: partout où tu vas on te parle de Sankara mais quand tu viens au Burkina, on ne veut pas te parler du Capitaine. Mais pourquoi? Son camarade, son frère et ami qui a pris le pouvoir après son assassinat, Blaise Compaoré, lui-même l’a dit. Il a fait de son ami un héros national. Même si ce héro national se retrouve enterré avec des chiens, où on va jeter des plumes de poulets. Pour moi, on veut défendre l’idéal de Sankara et on veut pérenniser le flambeau qu’il a allumé pour la génération consciente. Tuez Sankara et demain il y en aura mille et c’est ça qu’on doit garder. Si son meilleur ami qu’il a proclamé héro national peut être traité ainsi, il faut aller réfléchir.

On veut défendre l’image de Sankara, on veut défendre l’idéal de Sankara et on veut pérenniser le flambeau qu’il a allumé pour la génération consciente. « Tuer Sankara, demain il y en aura mille ». C’est ça qu’on doit garder. Ce n’est pas Thomas Sankara en tenue militaire, avec ses grand discours qu’il faut voir. Voilà par exemple ma sœur habillée en faso danfani, on ne lui a pas mis un pistolet à la tête pour qu’elle l’a porte. Mais elle est  très élégante. Moi je viens de manger du « koumbvaando » (Ndlr: met traditionnel fait à base de feuille d’aubergine). C’est  « roots ». Donc aujourd’hui pour nous, Sankara ce n’est pas le personnage politique. Sankara c’est le personnage culturel, c’est le personnage de référence qui dit que pour vivre libre et digne c’est de vivre africain. Chaque peuple a son identité et Cheick Anta Diop l’a si bien dit: « on ne peut pas se développer avec la culture de quelqu’un d’autre».

Donc qu’on le veuille ou non, le combat de Sankara, Cheick Anta Diop, Lumumba, Krumah Ahilé Hailé Selassié, et tous ces grands là, on va fouiller, on va monter, on va descendre. Tant qu’on ne va se concentrer sur ce qu’ils ont posé comme éléments de base nous jeunesse africaine, on va passer le temps à naviguer à vue. Quand on prend tous les États africains aujourd’hui, dites-moi quel est le président en qui la jeunesse veut s’identifier ? Il n’y en a pas. Tout un continent! Toute génération a besoin d’un leader. Mais il n’y en a pas. En ce moment vous voulez que la jeunesse fasse quoi? Elle va prendre tout ce qu’on lui donne.

B24: Un dernier mot?

Sams’K: Man! Sankara est vivant. Celui qui veut douter qu’il doute. Nous, on a de la conviction.

 

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Justin Yarga

Journaliste web qui teste des outils de Webjournalisme et datajournalisme, Media strategy consultant.

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8 commentaires

  1. h?? mw je s8 depos? mai sams k jsper ke ton combat va touche nous servir inchalla si je pouvai te dire combient de fois tes parole me marque l? mes on n est ensemble mon vieux p?re ne baise pa l? bras nous sommes derriere vous frenchema tu a parl? mn vieux pere vive l? revolution

  2. sams'K tu parles du mois d'octobre:oui o moment nous com?morions les 20 ans de l'assassinat de Sankara, tu nous arrache lucky dub? le18 octobre 2007 et encore affectueusement le Guide Kadhafi le 20 octobre 2011 oui octobre qu'est ce qu'on a fait pour m?riter tout ?ala. Mais comprend que les morts ne sont pas morts Birago Diop

  3. LE SOLEIL SE L?VE SANS FAIRE DE BRUIT, VRAIMENT POUR SANKARA EST TOUJOURS DANS L'UNIVERS, IL N'EST PAS AUSSI DIFFICILE DE TUER QUELQU'UN QUE DE LE REMPLACER

  4. Article tr?s int?ressant, mais rempli de fautes qui compliquent la compr?hension de certains passages…

  5. Bon article, mais attention, trop de fautes d?orthographe partout, il manque des lettres, etc. Attention ?a d?-cr?dibilise votre message.

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