Opinion: Une vision du service public et suggestions pour une RTB en phase avec l’ère TIC

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Idrissa Diarra donne son opinion et ses suggestions sur les adaptations que devra faire la RTB-Télé à l’ère des TIC. 

« Au cours de la semaine dernière, le Ministère en charge de la communication a lancé un appel à candidature pour le recrutement d’un Directeur général, appelé à apporter une vision adéquate de service public en phase avec le contexte actuel de gouvernance, d’où l’intérêt d’ouvrir un débat sur ladite vision, pour le bénéfice de l’opinion publique et de notre maison commune.

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  1. Le monde du 21ème siècle est révolutionné avec les TIC et les moyens ultra-rapides de transports : l’information tardive n’a plus sa place 

La communication et plus précisément l’information est au cœur d’importants enjeux stratégiques. Cela lui vaut d’être qualifiée de « 4ème pouvoir. » Mais à voir de près, dans le contexte de la mondialisation impulsée par la « Révolution des TIC (Technologies de l’information et de la communication) » et un corollaire qui est l’avènement de la Télévision numérique de terre (TNT) ce rang semble sous-estimé dans la mesure où en réalité, les trois premiers pouvoirs de la transition au Burkina Faso plus précisément (Exécutif de la transition, CNT et Judiciaire), pour être effectifs, ont besoin inéluctablement de passer par l’information et plus généralement, de faire de la communication. A ce titre, qui, plus qu’une chaîne publique de radiodiffusion télévision serait-il appelé, voire légitime, pour diffuser les messages issus non seulement de la puissance publique, mais aussi de l’opinion publique ?

Les médias publics, censés jouer ce rôle de communication ou d’information sont à la fois comme un filtre et une vitrine de notre société, sélectionnant les évènements – politiques, sociaux, économiques, etc. – qui lui paraissent importants ou mieux, qui intéresseraient l’opinion consommatrice pour les mettre en exergue. Ils constituent ainsi toute une mémoire de notre société civile et politique et reflètent à la fois ce qui les intéresse. Abordant dans le même sens, la Représentante de la Banque Mondiale, Ellen Golstein affirme : « les médias constituent le levain permettant la vérification et l’évaluation permanente des activités du Gouvernement par la population.» (Sidwaya n° 5588, du 03 mai 2006, p. 21.)

Le contexte actuel de la transition en quête de rétablissement de l’autorité de l’Etat, de l’adhésion de l’opinion publique à la politique des autorités de la transition et visant une bonne organisation des élections générales à l’horizon 2015, résulte de l’insurrection populaire survenue les 30 et 31 octobre 2014 qui n’a pas épargné la RTB de saccages.

  1. Réticence précédente des autorités déchues à une expression émancipée des médias publics

Bien avant, le régime déchu aura montré d’une part, ses limites et d’autre part, sa faible, sinon son manque de volonté a apporter des réponse simples et adéquates à la volonté d’information saine, réelle et équilibrée dans le respect de l’éthique et de la déontologie du métier, exprimée à maintes reprises par l’opinion publique, non seulement de façon pacifique, mais aussi de façon violente, quand elle a pris pour cible, les symboles de la RTB.

Quand un événement digne d’intérêt pour l’information survient, naturellement par réflexe, les citoyens sont tentés de se ruer sur les 1ers canaux officiels de communication de l’Etat que sont entre autres, les radios et les télévisions publiques ! Si faute de satisfaire cette demande ces chaînes s’installent dans ce qu’il convient d’appeler de la manipulation, elles contribuent à aiguiser le courroux des citoyens et les désirs de destruction dirigés contre elles-mêmes. C’est pourquoi, peu de gens seraient étonnés, à commencer par le Syndicat national des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC), des scènes de foules remontées contre la maison commune, traduisant du même coup, l’insuffisance d’éducation civique pour de bon comportements citoyens qu’elle a manqué de dispenser auprès du public.

La faible, sinon le Manque de volonté du régime déchu, parce que les maux qui minent le secteur de la communication publique, notamment la RTB sont connus, via nombre de diagnostics déjà faits. Au delà des diagnostics posés dans la politique nationale de communication, du sondage fait tout récemment auprès du public par l’Institut national de la statistique et de la démographie, courant 2013 et commandité par le Ministère de la communication et la RTB, le SYNATIC a interpelé à plusieurs reprises et a aussi adressé un mémorandum –selon certaines sources – à la hiérarchie.

La problématique de traitement de l’information avec professionnalisme est posée sans complaisance dans ces documents. Sont décriés entre autres, le déséquilibre, le travestissement de la réalité par l’impasse faite sur des faits déjà connus du citoyen lambda, le retard, les lourdeurs et l’attentisme dans le traitement de l’information, la routine, l’utilisation inappropriée du personnel, un rythme de fonctionnement peu performant par rapport aux multiples ressources et possibilité disponibles avec le « Révolution internet » ou « Révolution TIC ». Ces tares sont en total déphasage avec les attentes et espoirs immenses que les citoyens nourrissent pour une chaîne publique, qui est par excellence le symbole et en grande partie, la source de l’information officielle prioritairement.

  1. Les réformes possibles à faire

Comme réponse vigoureuse, sera-t-il nécessaire « d’inventer la roue », tant des maisons de radiodiffusion et de télévision emportant des succès dans le privé ici, tout comme chez certain pays voisin dans le public font légion. Dans le cadre de la ligne éditoriale propre au service public imputable à la RTB, il faut surtout traiter l’information de façon professionnelle, équilibrée, accessible, interactive, proactive, ouverte aux suggestions diverses (internes et externes) et motivante pour le personnel. Les thèmes traités gagneront à aborder des sujets de proximité dans lesquels les auditeurs et téléspectateurs se reconnaîtront de par leurs centres d’intérêt, pour être attrayants pour le public.

Toutes ces mesures et réformes obtiendront des résultats probants aisément en termes d’éducation citoyenne, d’information et de distraction et par-dessus tout, un regain de crédit de la RTB, si les autorités hiérarchiques elles-mêmes commencent par donner le bon exemple, en acceptant la liberté d’expression du personnel sans menaces de représailles et en stimulant l’expression du talent de chacun dans toute la diversité du personnel, pour une saine émulation.

Aussi, l’accent sur une organisation de base horizontale plus large avec des cellules (équipes de travail)  disposant d’une certaine autonomie de réflexion, au besoin, au détriment d’une certaine verticalité dans le rapport « inter-personnel », présente l’avantage de répondre facilement aux défis et exigences des urgences, des diligences, d’innovation, bref de dynamisme caractéristiques de notre temps, – inondé aujourd’hui par les TIC. Sans ces mesures et précautions proactives, la RTB prend le risque d’être non seulement à la traine des ses concurrents privés, mais aussi et surtout, des médias individuels privés (Cellulaire, Facebook, blog, Tweeter, e-mail, etc.).

Une telle architecture responsabilisant à la base des cellules dans une grande autonomie de fonctionnement, nécessite a priori, des mesures d’accompagnement notamment, une mise à niveau calibrée sur les nouveaux besoins, une disposition à s’adapter à l’évolution mondiale du contexte de l’information et de la communication, des formations et encadrements préalables pointus, et aussi un équipement massifs pour doter les structures de base de travail, d’un minimum vital de fonctionnement autonome.

Au-delà de ces propositions sommaires ci-dessus formulées, dans le contexte de dénouement de la crise qui a secoué le Burkina Faso cette année 2014, il m’est arrivé de publier nombre d’articles guidés par « la recherche d’une démocratie pluraliste renforcée et apaisée à l’horizon 2015 » – dont certains de grand intérêt pour ce sujet, sont particulièrement focalisés sur les TIC et la culture à savoir : 1) Démocratie impossible sans démocrates, sans culture démocratique : quels enseignements tirés de la diffusion des TIC : http://www.lefaso.net/spip.php?article59620&rubrique21 ;  2) Burkina : I. D. propose de créer un ministère en charge de la culture et des TIC : https://www.burkina24.com/2014/12/07/burkina-idrissa-diarra-propose-de-creer-un-ministere-en-charge-de-la-culture-et-des-tic/ .

Ouagadougou, le 15 décembre 2014.

Idrissa DIARRA

Géographe, politologue.
Membre-fondateur du Mouvement de la

Génération Consciente du Faso (MGC/F).

Mobile : (+226) 66 95 04 90

Courriel : [email protected]


  • in Lenine V., 1972 (1ère éd., 1902), Que faire ?, Edition de Moscou, Cité par Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, 2002, p. 92.
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