Presse burkinabè : Les interpellations de l’UNPIF

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Dans cette déclaration, l’Union de la presse indépendante du Faso (UNPIF) se prononce sur la situation de la presse.

L’Union de la presse indépendante du Faso (UNPIF) voudrait se prononcer à travers le présent communiqué de presse sur les faits marquants qui touchent la vie de la presse nationale en cette fin d’année 2017. Il s’agit notamment du 19è anniversaire de l’assassinat de notre confrère Norbert Zongo, des poursuites judiciaires de BRAKINA S.A contre la radio Horizon FM et des problèmes entre les entreprises de presse et les impôts.

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  • De l’assassinat de Norbert ZONGO

L’UNPIF note avec consternation qu’après 19 années, la justice burkinabè est toujours entre balbutiements et fuite en avant, loin de la lumière sur l’assassinat odieux de notre confrère et ses compagnons d’infortune morts calcinés le 13 décembre 1998 en rade de Sapouy. Partant du principe qu’il ne peut y avoir d’assassinat sans assassins, la disparition de Norbert ZONGO et de ses compagnons doit trouver une suite judiciaire qui rende réellement justice aux victimes, aux familles des disparus, à la corporation et à la société dans son ensemble en mettant la main sur les auteurs de ce crime abominable. La situation actuelle du dossier qui signe près de deux décennies d’impunité est à la fois inacceptable et injustifiable malgré, pour ne pas dire du fait, d’une part d’une très grande politisation et d’autre part des passions énormes que suscite à la fois l’horreur du crime et l’espoir d’une démocratie assassinée. 

L’UNPIF voudrait attirer l’attention de toutes les parties prenantes sur ces influences qui, si elles se justifiaient il y a quelques années, sont en train de devenir des boulets qui entravent la marche vers la vérité et la justice.  L’UNPIF a confiance en notre justice et est convaincu de sa capacité à trouver des solutions de droit à cette affaire et appelle à la laisser agir librement et pleinement. Les récentes évolutions à savoir la réouverture du dossier par le pouvoir de la Transition et l’interpellation de François COMPAORE par la justice française sont des pas importants qui militent en faveur d’avancées notables vers la vérité en ce sens que tout cela pourrait permettre de situer une fois pour toutes les responsabilités. L’Union estime que l’absence de justice et de vérité pour Norbert ZONGO depuis tant d’années n’est pas à l’honneur de notre justice encore moins de tous les gouvernements qui se sont succédés depuis 1998 à nos jours. C’est pourquoi, elle joint sa voix à celles de millions de démocrates au Burkina et partout ailleurs dans le monde pour réclamer, la lumière et toute la lumière dans cet assassinat.

Du procès intenté par BRAKINA S.A contre la Radio Horizon FM

La radio Horizon FM est citée à comparaitre pour diffamation par devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou le 18 décembre 2017 par la société Brasseries du Burkina Faso, BRAKINA S.A,  qui lui demande le versement de la somme de trois millions de francs CFA pour un préjudice qu’elle aurait subi du fait de commentaires et opinions émises sur certains de ses produits. En effet, la BRAKINA S.A a été nommément citée dans l’émission interactive « ÇA VA, ÇA NE VA PAS » du 20 octobre 2017 animée par Serge BALMA et le PDG de la Radio Monsieur Moustapha Laabli THIOMBIANO officiant en qualité de consultant. Au cours de ladite émission, les débats avaient porté sur les produits fabriqués au Burkina mais qui ne feraient pas la promotion du pays et se sont appesantis sur le cas de la bière produite par BRAKINA S.A dont l’emballage porte les couleurs bleu, blanc, rouge à l’instar du drapeau français. 

Monsieur THIOMBIANO Mustapha aurait dit en substance que la consommation dudit produit par les Burkinabè équivalait à « consommer » le drapeau français. Il aurait également laissé entendre que l’impérialisme se trouvait dans ces bouteilles de BRAKINA S.A et que la « consommation » du drapeau français était une honte. C’est sur ces entrefaites que l’idée d’un boycott de ces bouteilles par les consommateurs a été évoquée. Voilà ce qui n’a pas plu à la BRAKINA, ce qui est son droit, mais de là à intenter un procès il y a un pas qu’il nous semble inacceptable de franchir !

Au regard des faits, l’UNPIF s’étonne que de tels actes puissent être considérés comme des délits. C’est pourquoi elle s’interroge sur les motivations réelles de l’action de justice enclenchée par la BRAKINA contre l’organe de presse.

En tout état de cause, L’UNPIF considère qu’au plan professionnel, la radio Horizon FM n’a fait que son travail dans le souci de combler le droit à l’information des populations. Par ailleurs, le fait de donner la parole aux auditeurs et d’interagir avec eux participe pleinement de la manifestation de la liberté d’expression et de la presse. Il s’agit là d’un droit démocratique chèrement acquis pour lequel aucune tentative de violation et de restriction n’est tolérable.

La radio Horizon FM est donc poursuivie en justice pour avoir fait son métier d’information et d’éducation des populations et d’avoir permis à des citoyens d’exprimer librement leurs opinions comme cela leur est garanti par la constitution et tous les textes internationaux des droits de l’Homme. 

L’Union se tient fermement aux côtés des confrères de la radio Horizon FM et suivra cette affaire de près tout en se réservant le droit d’entreprendre toute action dans le sens de la défense et de la préservation de la liberté de la presse.

  • Des problèmes entre les médias et les impôts

L’UNPIF a constaté ces derniers temps la galère dans laquelle pataugent bon nombre d’organes de presse devenus des cibles des services des impôts qui leur font subir des tracasseries diverses à la limite du harcèlement dans le cadre de certaines missions telles que les contrôles.

Les entreprises de presse ne cessent de le redire, leur statut juridique et le rôle d’exécution de mission de service public de l’information qui leur incombe font d’elles des entreprises particulières.

Malheureusement, c’est sans relativisme aucun et sans tenir comptes des débats techniques toujours en cours entre les acteurs des médias et le ministère de l’économie et des finances, que les impôts exercent une pression incompréhensible sur les organes de presse en les traitant comme des entreprises classiques.

Les organes de presse comprennent les objectifs fixés aux services des impôts pour la mise en œuvre du PNDES et rappellent qu’ils entendent remplir leurs obligations en apportant leur part contributive au budget national en s’acquittant de leurs obligations fiscales, mais tiennent à souligner leur caractère spécifique. Cependant, de nos jours, les relations avec l’administration fiscale sont à la fois complexes et inadaptées avec des charges lourdes à porter dont les conséquences sont incalculables. Non seulement il y a des incompréhensions entre agents des impôts et patrons de presse mais tous ces problèmes mettent à rude épreuve le fonctionnement des organes de presse compromettant sérieusement la bonne réalisation de leur mission de service public et partant, le droit à l’information des citoyens.

En rappelle, les organes de presse vivent une situation déjà difficile avec les factures impayées de l’Etat dont le processus de paiement n’a pas permis jusque-là, malgré les multiples promesses du gouvernement, aux organes de presse de récupérer ne serait-ce qu’une part significative de ce qui leur est leur est dû. Certains médias ont même été volontairement ostracisés, ils n’ont encore reçu le moindre copeck, pour des raisons purement politiques.

La situation financière des organes est aussi dramatiquement empirée par la TNT dont l’immense retard de la mise en œuvre, sans motif pertinent, à contribuer à engendrer des préjudices bancaires supportés, la mort dans l’âme, par les promoteurs des chaînes de télévision. L’on se demande si finalement toutes ces difficultés : contrôles intempestifs des impôts, factures impayées de l’Etat, retard de la TNT, procès à la chaine, etc. ne participent pas d’un plan visant à mettre un certain nombre de médias sous l’éteignoir ou à en faire carrément disparaitre d’autres jugés trop critiques et indépendants.

L’Union fustige le dilettantisme du ministère de tutelle qui a conduit dans la situation actuelle où des organes de presse se trouvent précarisés et voués à un triste sort tantôt pour des considérations politiciennes de bas niveau et tantôt à cause d’un manque de volonté et de réalisme de la part du gouvernement de SEM Paul Kaba Thieba. Elle appelle l’Etat tout comme certaines officines à se ressaisir. Personne n’a réellement intérêt à la disparition d’une presse libre solide et crédible ! Dans tous les cas, l’UNPIF, et avec elle tous les acteurs soucieux de la paix et du développement de ce pays ne se laisseront pas faire.  A bon entendeur salut !

Fait à Ouagadougou le 13 décembre 2017

 Pour le Bureau intérimaire

  André Eugène Ilboudo

  • Président de l’Association des Médias Communautaires
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