Planification familiale dans la région du Nord : Pourquoi ça ne marche pas ?

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Une caravane de presse sillonne la région du Nord dans le cadre de la campagne 100 jours pour convaincre sur la planification familiale. Pilotée par le projet SWEDD,  elle a pour but  d’une part, sensibiliser les populations de cette localité et d’autre part, permettre aux journalistes de toucher du doigt les réalités de la planification familiale. Constat.

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Yako, Bagaré,  Bokin et Arbolé ont reçu la visite des caravaniers. Comment la planification familiale y est-elle perçue ? En parcourant ces communes, les journalistes ont discuté avec les responsables sanitaires, la population et les leadeurs religieux. « Le planning familial c’est bien. Nous trouvons que c’est bien », répète-t-on partout.  Mais le constat est tout autre.

Les chiffres disent le contraire. D’une manière générale, au niveau national, la prévalence contraceptive moderne est de 32. Yako a un taux de prévalence contraceptive assez faible, soit 34%. Dans la commune de Samba par exemple, la sage-femme du district sanitaire, Sinon/Guigimdé Awa, affirme que la plupart des femmes qu’elle reçoit à la maternité sont à leur septième ou huitième grossesse.  «  Certaines sur la table d’accouchement ont souvent du mal à pousser parce qu’elles sont devenues faibles à force d’accoucher, et de surcroit, de façon rapprochée», ajoute Mme Sinon.

Les probables raisons de cette situation se situent à plusieurs niveaux.

Refus de l’époux

 « La contraception, c’est une bonne chose mais mon mari n’est pas d’accord »,  soutient G.Z. de la commune rurale de Bagaré. Selon elle, son mari pense que si elle adopte les méthodes contraceptives,  elle est susceptible d’être infidèle. « J’ai 36 ans et j’ai 7 enfants, raconte-t-elle. C’est seulement entre mon dernier et l’avant-dernier  qu’il y a trois ans d’écart. Il n’y a que deux ans entre les autres enfants. Si par exemple, je demande une permission d’une semaine pour aller participer à un évènement quelconque à mon village, il m’accorde deux jours pour que je revienne vite. Quand tu lui dis que tu veux aller à la maternité faire une méthode contraceptive, il te réplique aussitôt ‘ça te regarde, je ne veux pas voir ça ici’».

 A la question de savoir si le mari arrive à s’occuper des enfants, Mme G. affirme que c’est plutôt elle qui en a la charge. L’époux s’occupe d’approvisionner le grenier en céréales.  « Les enfants, c’est un habit chaque année que je me débrouille pour trouver tour à tour pour chacun », ajoute-t-elle.

Avis religieux

Mais qu’est-ce que les religieux pensent des méthodes contraceptives ? Selon  El hadji Abdala Ouédraogo, représentant le chef de la communauté musulmane de Yako, utiliser les méthodes contraceptives sous prétexte  de l’insuffisance des moyens pour prendre en charge les enfants est condamné par la religion. Selon lui, les Saintes écritures indiquent que c’est Dieu qui donne la progéniture et il pourvoit toujours à leurs besoins. Il affirme par ailleurs qu’au temps du prophète, il y avait déjà l’espacement des naissances par les méthodes naturelles.

Abbé Benoit Sawadogo, le vicaire de la paroisse de Yako, représentant le Curé de Yako, affirme pour sa part que l’Eglise n’est pas contre les méthodes contraceptives. Cependant,  elle opte clairement pour les méthodes naturelles  et dans le mariage. « Nous considérons la plupart des méthodes contraceptives comme des méthodes abortives. Voilà pourquoi l’Eglise a opté pour les méthodes naturelles. C’est par rapport à la dignité même de l’Homme. Ce n’est pas tout ce qui est scientifiquement possible que nous devons accepter moralement », défend-t-il.

Concurrence entre coépouses

Des positions religieuses qui pourraient expliquer l’accueil réservé par les populations à la planification familiale, et plus particulièrement aux méthodes artificielles. Le refus des méthodes contraceptives est enfin souvent du fait des femmes elles-mêmes. Mme Sawadogo/Sawadogo Béatrice, sage-femme de profession, affirme avoir reçu des cas où les femmes refusaient catégoriquement la contraception de leur propre chef, sans avoir recours à leur mari.

« Ma première coépouse a 12 enfants. La seconde en a 10. Moi je n’ai que quatre. Si je fais la contraception,  je  ne pourrai plus avoir d’enfant ». Ce  sont les termes qu’une des patientes que Mme Sawadogo affirme  avoir reçue, levant le voile sur la tâche qui reste à abattre pour faire accepter la planification familiale.

Adams OUEDRAOGO

Pour Burkina24

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