Mariage des enfants au Burkina: Une campagne pour susciter le débat

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Selon la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), tout être humain âgé de moins de dix-huit (18) ans est considéré comme un enfant. Le mariage des filles avant cet âge est taxé de « mariage d’enfants ». Dans le cadre de lutter contre cette pratique, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a lancé une campagne dénommée « Ne m’appelez pas madame ». Burkina24 a rencontré le spécialiste de la protection de l’enfant à l’UNICEF, Désiré Yaméogo, pour comprendre davantage.

Burkina24 (B24)  : D’où est venue l’idée de cette campagne « Ne m’appelez pas madame » ?

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Désiré Yaméogo  (DY) : La campagne « Ne m’appelez pas madame » est axée sur une problématique qui est le mariage des enfants. Le phénomène du mariage des enfants est assez crucial au Burkina Faso et a des conséquences néfastes sur la santé, le développement, sur l’épanouissement des filles et des femmes en particulier.

C’est face à cette situation qu’on s’est dit que la pratique persiste. On a estimé qu’il était bon de mettre la question sur l’agenda public pour en parler et de sensibiliser au maximum la population pour une prise de conscience des effets néfastes du phénomène, de réduire et voire l’abandonner.

B24 : Quelle est la situation actuelle du mariage des enfants au Burkina Faso ?

DY : En termes d’ampleur, au Burkina Faso,  52% des femmes sont mariées avant l’âge de 18 ans et 10% avant 15 ans. Même si c’est une seule fille, pour nous, c’est vraiment beaucoup vu les dégâts causés. Une fille, mariée et qui est en union qui doit gérer un foyer. Et quand survient la grossesse avec tout le processus d’accouchement jusqu’à la gestion des enfants et elle-même étant enfant, c’est vraiment très compliqué. Et s’il y a jusqu’à 10%, pour nous c’est énorme.

B24 : Comment peut-on expliquer les causes du phénomène ?

DY : Il y a certaines dispositions socioculturelles dans certaines régions qui favorisent le phénomène du mariage des enfants. Par exemple, dans la région de l’Est avec le phénomène du rapt, où pour être homme il faut « mériter » sa femme en l’enlevant de façon brutale et en la séquestrant pour pouvoir la marier.

C’est une question de mentalité. Dans le Sahel, la population a peur d’une grossesse au sein de la famille. Le fait de ne pas avoir à gérer sa propre fille qui a une grossesse dans la famille, on la donne en mariage pour être sûr qu’elle ne portera pas de grossesse chez ses parents. Selon eux, il est préférable qu’elle voit ses premières menstrues chez son mari.

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Autres chose, ce sont les détresses multiples au sein des familles, notamment en milieu rural. A cause de la pauvreté, les gens préfèrent se « débarrasser de leur fille » qui sera une bouche en moins à nourrir. Egalement, les gens n’ont pas beaucoup confiance à l’éducation tel que cela se fait actuellement avec le contenu du système éducatif classique qui est en inadéquation avec l’offre d’emploi et la création de revenu.

Certains parents n’ont pas envie que leur fille reste à l’école jusqu’à l’université, étant  entendu que l’école produit des chômeurs. Globalement, voici les raisons que les gens avancent pour expliquer le mariage d’enfant, bien que ces raisons ne tiennent pas, compte tenu des dégâts sur les filles et les femmes.

B24 : En quoi va consister la campagne « Ne m’appelez pas madame » ?

DY : Il y a une toute une série de visuels sur la campagne. Des tee-shirts, des affiches, des interviews avec la presse, une caravane pour sillonner les villes et quelques régions pour faire passer des messages, des structures associatives pour relayer l’information et créer le débat au sein des communautés.

La campagne connaîtra des pics le 16 juin qui concerne la journée des droits de l’enfant, le 11 octobre avec la journée de la jeune fille et le 20 novembre avec l’anniversaire des questions des droits des enfants. Ces journées seront des occasions pour renforcer les messages de la campagne.

B24 : Peut-on faire un petit bilan de la campagne ?

DY : On a des visites dans nos bureaux avec des présentations des cas. Ça montre que les gens commencent à écouter le message. Lorsqu’on fait ces types de campagnes, c’est pour favoriser le signalement des cas. Des cas commencent à se signaler, même si nous ne nous occupons pas du traitement direct des cas individuels.

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L’UNICEF le réfère au service approprié notamment le service de l’action sociale pour la gestion du cas. L’objectif est de mettre la question du mariage des enfants sur l’agenda public pour créer le débat. La campagne se déroule bien.

B24 : Avez-vous un appel à lancer ?

DY : L’appel que j’ai à lancer, c’est que chacun sache que donner une fille en mariage précocement avant 18 ans est quelque chose de néfaste pour sa santé, pour son développement et celui de son entourage, pour l’épanouissement global de la famille et de la communauté.

Lorsque la femme se marie précocement, de 15 ans à la ménopause, elle peut faire beaucoup d’enfants. Et ce sont des problèmes liés à la démographie qui ont des conséquences sur le développement du pays. Si on arrivait à réduire le phénomène, cela va permettre une grande maîtrise de la population et une meilleure réponse aux questions sociales.

Propos recueillis par Jules César KABORE

Burkina 24

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