Burkina : « Blâme », la note du Balai Citoyen au gouvernement

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Le Balai citoyen, mouvement de la société civile,  a rencontré la presse, le 23 mai 2019, à Ouagadougou pour faire le point de la situation nationale et plus particulièrement, « éclairer l’opinion publique sur la position du Balai citoyen par rapport à l’actualité nationale ».

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Le Balai citoyen se dit préoccupé par la situation nationale du pays.

Sur le plan sécuritaire, le mouvement a relevé que, « l’année 2019 n’a été que le prolongement de 2018 », car la question sécuritaire figure toujours en bonne place parmi les nombreuses crises que traverse le pays, a rapporté Serge Bambara dit Smockey, porte-parole du Balai citoyen. Le terrorisme au Burkina « n’est plus une menace, mais une réalité », a-t-il affirmé. Pour lui, « les actes terroristes n’ont cessé de se multiplier et de se propager sur le territoire avec des formes de plus en plus violentes et diversifiées ».

Terrorisme

Face donc aux attaques qui ont eu lieu à Yirgou et Arbinda, le mouvement, à travers le porte-parole, interpelle autorités politiques et judiciaires, chacune en ce qui la concerne pour qu’elles « aient une gestion diligente et responsable des drames de Yirgou, Arbidan et autres cas similaires ».

Le porte-parole n’a donc pas manqué de saluer le succès de l’opération Otapuanu menée à l’Est du Burkina qui montre, dit-il que, « nous sommes à mesure de venir à bout du terrorisme et il espère que l’opération Ndofu actuellement en cours au Sahel aura le même succès ». Mais pour le  Balai citoyen, ces opérations doivent se mener, dans le « respect des droits humains ».

Grèves

Sur le plan social, il a fait savoir que le Burkina traverse une situation de crise, qu’il a qualifiée «de fronde sociale qui s’accentue depuis 2016 ». Et cette situation est liée toujours selon lui, « à un problème de gestion des crises dans la fonction publique ». Et si une note devait être attribuée au gouvernement par rapport à sa gestion, ce sera tout simplement « le blâme », a-t-il poursuivi.

 Aussi, le Balai Citoyen considère que, « la gestion de la crise au MINEFID, à la justice, à l’éducation à la santé et dans tous les autres corps de métier est scandaleuse ». Pour lui, le gouvernement est « dans l’incapacité de trouver des solutions justes, pérennes et durables » pour résoudre la crise sociale. Ce qui place le « pouvoir MPP dans les mêmes abimes que le régime du CDP », a-t-il affirmé.

Kua

La situation de grève à répétition il faut le dire « n’arrange pas le pays », a-t-il relevé. De ce fait le gouvernement « devrait avoir le temps, dans l’intérêt national, de mener un vrai dialogue avec les différents syndicats ». L’impression générale qui se dégage est que le gouvernement actuel « navigue au hasard », a-t-il avoué.

Le Balai citoyen « s’oppose et s’opposera énergiquement » à la question de déclassement de la forêt de Kua à Bobo-Dioulasso pour y construire un hôpital.

Blaise Compaoré

Maitre Hervé Kam, porte-parole du  mouvement,  a rappelé que  depuis 2016, le Balai citoyen a constaté qu’il y a « de graves déficits sur la question de la gouvernance ».  Mais, a-t-il regretté, « nous ne sommes pas le gouvernement et nous ne pouvons pas malheureusement faire plus que ce que nous pouvons et nous devons faire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ».

 Concernant le retour et la candidature de l’ancien Premier ministre Isaac Zida, Me Kam a indiqué que le Balai citoyen « ne pense rien du tout ». 

Pour ce qui est de  l’offre de service de Blaise Compaoré au président du Faso pour l’aider à faire face au terrorisme, le Balai citoyen, selon les propos de Me Kam, considère cela comme « une proposition indécente », car pour lui, « le peuple burkinabè attend de Blaise qu’il vienne justifier sur les crimes de sang et économiques qui, lui sont imputés », car chacun doit répondre de ses actes.

Amsétou OUEDRAOGO (stagiaire)

Burkina 24


L’intégralité de la déclaration du Balai Citoyen

Mesdames et messieurs les journalistes, le Balai Citoyen est fier de vous recevoir ce matin à son siège au quartier Wayalghin. En vous souhaitant la bienvenue dans nos locaux, nous vous remercions d’avoir fait ce déplacement ainsi que pour tout l’intérêt que vous avez toujours accordé à notre mouvement en dépit de vos occupations spécifiques et des préoccupations nationales qui sont les nôtres, à tous. Et ce sont justement ces préoccupations communes qui nous valent le rendez-vous de ce matin.

Au nombre de ces préoccupations figure en bonne place la question sécuritaire. La menace terroriste, qui n’est plus vraiment une menace, mais plutôt une réalité, est devenue depuis au moins trois ans, la principale actualité et le défi majeur au Burkina Faso. Les actes terroristes n’ont cessé de se multiplier et de se propager sur le territoire national avec des formes de plus en plus violentes et diversifiées. La fin de l’année 2018 a été particulièrement meurtrière avec un mode opératoire des terroristes basé sur l’emploi d’engins explosifs. La nation a été endeuillée, nous avons perdu de braves soldats tombés pour la Patrie et pour que le Burkina Faso demeure. Et le Burkina Faso demeurera !

Le début de l’année 2019, au plan sécuritaire, n’a été que le prolongement de la fin de 2018 avec encore plus de victimes et l’emploi de nouvelles stratégies terroristes. Les assassinats ciblés de leaders communautaires (chef traditionnel et leader musulman) ont entrainé à Yirgou comme à Arbinda, le déclenchement d’une répression meurtrière menée par une partie de la population contre une autre partie. A Yirgou comme à Arbinda, nous avons vécu des drames sans noms, des glissements dangereux, lesquels drames restent encore jusqu’aujourd’hui des plaies ouvertes qu’il faut soigner définitivement pour ressouder le tissu social et préserver notre traditionnel vivre-ensemble. Nous n’avons pas le droit d’échouer dans cette œuvre d’unité nationale et c’est l’occasion pour nous d’interpeller les autorités politiques et judiciaires, chacune en ce qui la concerne, pour qu’elles aient une gestion diligente et responsable des drames de Yirgou, Arbinda et autres cas similaires.

Le Balai citoyen invite par ailleurs les autorités à mettre à la disposition de la justice tous les moyens nécessaires pour bien conduire son travail de recherche de la vérité aussi bien dans l’assassinat des leaders communautaires et des membres de leurs familles que des habitants de certains villages injustement pris à partie. Après ce qui s’est passé à Yigou et à Arbinda, les terroristes se sont attaqués récemment aux temples et églises avec l’assassinat d’un pasteur et d’un prêtre ainsi que de fidèles. Face à ces assassinats ciblés qui dévoilent les véritables intentions déstabilisatrices des terroristes, le Balai citoyen salue et encourage la coexistence religieuse pacifique qui est une réalité dans notre pays et qui a permis d’éviter le genre d’escalade de violences qu’on a connu à Yirgou et Arbinda.

En dépit des pertes en vies humaines que nous continuons d’enregistrer, le Balai Citoyen fait le constat que les BURKINABE résistent et sont résilients face à la barbarie que nous imposent les terroristes. Les opérations militaires, telles que Otapuanu dans les régions de l’Est et du Centre-Est ont montré que nous sommes en mesure de venir à bout des terroristes. Tout en saluant les succès de cette opération, nous appelons les autorités et les populations à ne point baisser la garde dans cette partie Est du pays, en dépit de l’annonce officielle de la fin de la phase active de l’opération. Au moment où nos soldats sont de plus en plus aguerris face au phénomène terroriste, nous souhaitons un succès encore plus éclatant à l’opération Ndofu actuellement en cours dans le Sahel et dans le Centre-Nord.

Nous rappelons toutefois que toute ces opérations doivent être menées dans le respect des droits humains et que la guerre contre le terrorisme ne peut se gagner que dans ce cadre-là.

Mesdames et messieurs les journalistes, les défis sont multiples pour notre pays. Si la sécurité en est le principal, elle n’occulte pas pour autant la fronde sociale qui s’accentue depuis 2016. Les syndicats de la santé viennent ainsi d’entamer une grève de 96h et menacent de durcir leur débrayage s’ils n’obtiennent pas de réponses satisfaisantes au terme de cette période. Comment ne pas s’alarmer quand on voit un secteur aussi vital que la santé qui connait de graves perturbations surtout qu’aucune solution (durable) ne se profile à l’horizon. Cette grève du secteur de la santé intervient au moment où le secteur de la justice connait une des plus graves crises de l’histoire moderne du Burkina Faso. La satisfaction des revendications des magistrats en 2016 n’a pas suffi pour garantir la sérénité au monde de la justice. Tour à tour, les Gardes de sécurité pénitentiaire et les greffiers sont allés en grève, occasionnant de graves dysfonctionnements dans la chaine judiciaire. A ce jour, l’activité judiciaire est entièrement bloquée, couronnant ainsi la paralysie qui, depuis les mois d’octobre et novembre 2018, touchait la chaîne pénale avec la non tenue des audiences pénales, l’impossibilité des parents des détenus de leur rendre visite et leur apporter d’éventuelles provisions, etc. Face à ce drame silencieux, le Balai citoyen appelle le Chef de l’Etat à user de ses prérogatives de garant de la justice pour trouver les solutions sans délai à ces dysfonctionnements d’une gravité extrême. La justice doit fonctionner, le Burkina doit redonner à l’Etat de droit ses droits pour être digne d’un Etat. 

Chers journalistes, tous ces fronts sociaux ont un dénominateur commun. Il s’agit de grèves pour l’application de textes déjà adoptés ou pour la mise en œuvre de protocoles d’accord adoptés de commun accord entre le gouvernement et les syndicats. Tous ces mouvements de grève se ressemblent dans leurs causes, leurs manifestations, le mode de gestion et les solutions proposées par le gouvernement. Elles révèlent tout simplement un problème de gouvernance globale qui caractérise le pouvoir de Roch Kaboré et de la majorité présidentielle menée par le MPP depuis leur avènement au pouvoir.

Le Président Kaboré avait annoncé la fin des résolutions au cas par cas des revendications syndicales. Il a dans ce sens créé le Haut Conseil pour le Dialogue Social (HCDS) et convoqué des assises nationales sur le système de rémunération des agents publics. A ce jour, le HCDS et les assises ont tous été des flops qui n’ont eu d’autres effets que de grever davantage le budget de l’Etat.

Si le Balai Citoyen doit attribuer une note au Gouvernement par rapport à sa gestion des crises dans la fonction publique, c’est tout simplement un BLAME. La gestion de la crise au MINEFID, à la Justice, à l’éducation, à la santé et dans tous les autres corps de métiers est scandaleuse. Le gouvernement dans ses fuites de responsabilité, l’absence de décision et le manque de courage politique s’est tellement délégitimé au point de rompre la confiance avec ses partenaires sociaux, les syndicats.  

L’incapacité du régime actuel à trouver des solutions justes, pérennes et durables à même de calmer le front social n’est que la conséquence de son échec sur le plan de la gouvernance. L’incapacité d’opérer une refondation dans la manière de gouverner a placé le pouvoir MPP dans les mêmes abîmes que le régime du CDP. Les rapports du REN-LAC, de l’ASCE/LC et de Transparency Internationale, trois structures de référence en matière de lutte contre la corruption, ont tous abouti à la même conclusion qu’il y a eu un regain de la corruption au Burkina Faso en 2018, comparativement aux trois années précédentes. Le dernier dossier en date est l’affaire d’exportation frauduleuse par la compagnie minière IAMGOLD.

Mesdames et messieurs les journalistes, la listes des préoccupations est si longue que nous ne pouvons pas les égrener toutes ici. Mais nous ne pourrons conclure sans nous intéresser à cet important sujet qui fait l’actualité depuis pratiquement un mois. Il s’agit du projet de déclassement partiel de la forêt de Kua dans la commune de Bobo-Dioulasso, pour y construire un hôpital avec le partenariat de la Chine. Alors que plusieurs sites dont un terrain à Borodougou non loin de Kua ont été proposés, le gouvernement comme hypnotisé par les partenaires chinois persiste à vouloir attenter à l’intégrité d’une forêt classée depuis 1936. Devant la représentation nationale, le Premier ministre ne s’est pas gêné de dire que ce sont les Chinois qui ont choisi le site de la forêt classée. Finalement, on se demande s’il s’agit bien d’un hôpital burkinabè qu’on veut construire pour le Burkina.  Une des préoccupations majeures de notre temps est la question de l’environnement. Sur ce terrain, il appartient en premier lieu au Gouvernement de donner un signal fort en matière de préservation de la faune et de la flore. Malheureusement, le Balai citoyen constate que pour le Gouvernement, on peut couper un arbre pour autant que l’on ait une raison. Ici, la raison semble être les caprices d’un « bailleur de fond ». C’est un très mauvais signal en matière de sauvegarde de l’environnement. C’est pourquoi, le Balai citoyen s’oppose et s’opposera énergiquement aux côtés de toutes les forces déjà mobilisées à cette aventure sans avenir. Porter atteinte de cette façon à l’environnement constitue un crime et un parjure de notre Constitution qui sacralise l’environnement dans son préambule en ces termes « CONSCIENT de la nécessité absolue de protéger l’environnement » ;

Mesdames et messieurs de la presse, voici les sujets pour lesquels nous souhaitions partager notre position et surtout attirer l’attention du Gouvernement sur les insuffisances graves et les risques que ceux-ci comportent. Nous restons disposés à répondre à toute question qui aurait un intérêt pour le pays. Nous vous remercions pour l’écoute attentive. Et avant de terminer, je voudrai souhaiter en mon nom propre et au nom de tous les cibals et cibelles, un bon mois de RAMADAN à tous les musulmans qui observent en ce moment le jeûne, l’un des piliers de la foi musulmane.

Je vous remercie.

Notre nombre est notre force !

Ensemble, on n’est jamais seul !

Pour le Balai Citoyen, la Coordination Nationale

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Rédaction B24

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