Burkina – France : Roch Kaboré « peut-il rompre les accords qu’il a signés ? Non, il n’osera pas ! »

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Ceci est le point de vue du Chef de file de l’Opposition politique du Burkina Faso (CFOP-BF) relatif à la « convocation des chefs d’Etat du G5 sahel en France ».

Le 04 décembre dernier, le Président français Emmanuel MACRON a annoncé depuis Londres, par voie de presse, qu’il convoquait les présidents des cinq pays du G5 Sahel le 16 décembre prochain à Pau, dans le sud de la France. Ce, afin que ces derniers clarifient leur position sur la présence militaire française au Sahel, parce que des voix s’élèvent pour critiquer cette présence.

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Le contexte, la forme, et surtout le ton utilisé, font de cette convocation, empreinte de mépris, une insulte aux peuples des cinq pays concernés. C’est aussi une façon pour M. MACRON d’humilier les présidents de ces pays qui, incapables d’organiser le combat contre les groupes terroristes qui menacent leurs pouvoirs, sont obligés de se soumettre.

Notre Président, M. Roch Marc Christian KABORE, s’est empressé d’annoncer dès le lendemain qu’il irait en France pour répondre à cette convocation. Le comble c’est que tous les néo-panafricanistes du MPP, les socialistes anti–impérialistes des partis alliés et les sankaristes qui participent au Gouvernement, sont bouche-bée pendant que le Président du Faso s’en va à Canossa.
Comme le dit si bien un proverbe de chez nous, si tu es parenté à la chèvre, tes larmes ne cesseront jamais de couler au marché.

Quand le Président KABORE dit que ce sera l’occasion de se parler franchement, il oublie que ce n’est pas lui qui a pris l’initiative de la rencontre, mais que c’est MACRON qui l’a convoqué. Si lui il voulait discuter franchement avec MACRON, pourquoi n’a-t-il pas pris l’initiative de la rencontre, ne serait-ce qu’en sa qualité de Président du G5 Sahel? Depuis que le MPP est au pouvoir, à ce que l’on sache, il y a eu plusieurs rencontres avec les autorités françaises, que ce soit ici à Ouagadougou, ou à Paris à l’occasion de visites officielles. Est-ce donc à dire que pendant toutes ces rencontres, les deux parties ne se parlaient pas franchement ?

Et d’ailleurs, quelle franchise le Président KABORE peut-il avoir dans le contexte actuel avec la France sur la question du terrorisme ?

Peut-il rompre les accords qu’il a signés ? Non, il n’osera pas !

Peut-il, séance tenante, demander le départ des bases françaises de notre pays ? Non, il n’osera pas.
Comme le dit un proverbe burkinabè, quand un homme prend la posture d’un arbuste, il se fait brouter par des chèvres.

Le MPP et ses alliés financent des officines qui publient des messages anti impérialistes sur les réseaux sociaux, inventent des faux accords à renouveler, et prêtent à leur champion des postures nationalistes alors que tout le monde sait que le MPP est arrivé au pouvoir grâce au régime social-démocrate de François Hollande, sur recommandations de certains présidents de la sous-région, membres comme lui, de l’Internationale socialiste.

En politique comme dans la vie, en effet, on récolte toujours la honte si on part nuitamment signer des accords avec la France, et revenir jouer à l’anti-impérialiste le jour. L’heure de vérité a sonné et les masques vont tomber le 16 Décembre à Pau.

L’Opposition sait d’avance que là-bas, à Pau, nos dirigeants vont faire profil bas et s’excuser des critiques qui visent la France. Il y a de fortes chances que face à l’exaspération des autorités françaises, nos cinq chefs d’Etat réaffirment, peut-être même par écrit, leur souhait que la France reste, et prennent l’engagement, comme on le voit déjà au Mali, d’appeler leurs populations au calme. Le reste, toutes les autres promesses qui seront faites de part et d’autre, ce sera du verbiage pour sauver la face.

Si la France est présente dans le sahel, c’est en vertu du prolongement de sa politique de pré carré, initiée depuis les indépendances, dans le souci de se ménager une zone d’influence. A force d’avoir habitué ses anciennes colonies à se comporter comme des enfants immatures, et à force de favoriser l’accession au pouvoir d’affidés qu’elle juge plus dociles, la France se trouve en bute à des pays et à des dirigeants qui peinent à exercer leurs responsabilités dans cette période de tumultes.

Disons-le tout net, c’est l’échec lamentable du MPP face au terrorisme, qui nous vaut cette convocation humiliante de la France, à laquelle notre président défèrera comme s’il était un sous-préfet français. Depuis quatre ans que les forces du mal nous attaquent, nos dirigeants n’ont pu imaginer et encore moins mis en œuvre une stratégie intelligente pour contrer l’ennemi.

Malgré les budgets faramineux votés, malgré les nombreux changements de ministres de la défense et de la sécurité, notre situation sécuritaire a empiré depuis quatre ans. Nous présidons un G5 Sahel dont on se pose des questions sur l’utilité, et dont on cherche en vain le moindre résultat sur le terrain.
Seule notre capacité en tant que nation unie et réconciliée avec elle-même, notre capacité à organiser notre propre défense, peuvent nous permettre de venir à bout du terrorisme.

Nous n’avons pas le choix, car il est évident que la France ou les autres pays qui participent actuellement au théâtre des opérations ne seront pas là éternellement. Leurs budgets sont aussi limités et leurs opinions publiques n’accepteront pas le ballet incessant de cercueils qui ramènent des corps de soldats tombés pour des causes qu’elles ignorent.

Le MPP et ses alliés sont incapables d’insuffler un tel sursaut.

Adama SERE,

Porte-parole du CFOP le 10 décembre 2019

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