Chronique de Ramadan : Jeûne et solidarité
La chronique de Ramadan est proposée par l’imam Alidou Ilboudo.
« O croyants ! Le jeûne vous a été prescrit comme il l’a été à ceux qui vous ont devancés ; ainsi vous atteindrez à la piété. » (Sourate II, verset 183)
Ramadan est le mois du jeûne, de la prière, de la lecture du coran et des invocations. C’est aussi le mois de la solidarité. Mieux, la solidarité est un des moyens efficaces de mise en œuvre des actes du jeûne pour atteindre la piété. En effet, l’abstention de la nourriture vise d’une part à éduquer le corps et à le purifier, mais d’autre part, en sautant un repas pour le partager.
L’esprit de partage fait partie intégralement de l’acte de jeûner. De façon primaire, on apprend dans la privation du boire et de manger que d’autres personnes sont en réalité en jeûne tout au log de l’année. On n’a pas besoin de se priver pour le savoir mais l’expérience, dit-on, vaut mieux que la science. Malheureusement, malgré cet enseignement, parfois les résultats ne sont pas atteints. C’est pourquoi de façon systématique, le partage a été greffé au jeûne à travers les situations suivantes :
-la rupture du jeûne : rompre le jeûne en partageant son plat est un moment fort du ramadan. Le prophète a élevé l’acte de donner de quoi rompre à un jeûneur en un acte d’adoration. Il a dit : « celui donne à rompre à un jeûneur, il a la récompense d’un jeûne sans diminuer le bénéfice du jeûneur. ». On comprend la tradition du Iftaar(rupture) qui est devenu célèbre à travers les siècles. Mieux, quand le prophète allait rompre chez quelqu’un avec es compagnons, il lui faisait des bénédictions. Il disait en substance : « les gens pieux ont mangé de votre pain, les anges ont prié pour vous et votre salaire est acquis auprès d’Allah »
-la compensation : le verset 184 de la sourate II, quand il dispense ceux qui supportent difficilement le jeûne, leur fait payer une compensation en nourriture. Et c’est ainsi pour la personne âgée, le malade chronique, la femme enceinte et celle qui allaite. Il s’agit pour chaque jour de jeûne manqué de payer une quantité de céréales à un indigent qui correspond à sa ration journalière. On estime la quantité à un moud, une mesure d’environ 1,5kg ou sa valeur en numéraires.
-l’expiation : l’expiation concerne les fautes graves ; parmi les manières de se racheter, il y a le fait de prendre en charge soixante indigents pour la journée.
-la zakat el fitr, l’aumône de la rupture : à la fin du mois de ramadan, chaque musulman doit payer l’impôt de la rupture qui est d’environ 2,5 kg de nourriture pour chaque membre de la famille, femme, homme, enfant ou adulte. Cette aumône est redistribuée aux personnes indigentes. C’est une des conditions de validité de notre jeûne car il est dit que le jeûne du croyant est suspendu entre ciel et terre tant que la zakat el fitr n’est pas payée.
En résumé, sur le plan institutionnel, tous ces enseignements visent à rapprocher le croyant de ses semblables. Dieu n’a que faire de notre boisson ou de notre nourriture. Il nous éduque plutôt à travers la privation du boire et du manger. Mais hélas, sommes-nous le plus souvent de bons apprenants ?
Malheureusement, non. Il est vrai qu’on s’abstient du boire et du manger la journée, mais est-ce que cela nous parle assez pour nous rendre indulgent face à la main du pauvre qu’il nous tend ? Notre plat de rupture trahit parfois notre effort de sobriété observé la journée et à voir nos poubelles pleines à craquer, le gaspillage prend le pas sur le partage.
Nous avons toujours des efforts à faire dans la réorganisation de la solidarité autour de ramadan. Il est vrai que les enseignements sont là, mais c’est la mise en œuvre qui pose problème le plus souvent. Et cette année, avec le Covid19, on voit toute la fragilité de la chaîne traditionnelle. Ce qui demande une réforme profonde pour répondre aux exigences du moment.
Ramadan a toujours été le mois de solidarité et au delà de la communauté musulmane, tous les parents, amis et connaissances, chacun y va de sa manière. La denrée la plus partagée est le sucre utilisée pour faire passer l’eau le soir venu. Dans l’imaginaire collectif de certains, tout se passe comme si on ne pouvait pas donner autre chose. Et pourtant, la finalité est d’aider son frère à combler un besoin, un manque.
En rappel pour conclure, le prophète était généreux selon les textes des hadiths. Il est dit qu’il ne refusait pas quelque chose qu’on lui demandait. Aicha(RA) rapporte qu’il « était encore plus généreux en ramadan plus que le vent qui souffle ». Il est un modèle pour le musulman qui doit manifester sa solidarité et partager. En ces temps difficiles où les restrictions sont exigées au niveau des regroupements, trouvons des mécanismes pour toucher les personnes vulnérables à assister. Depuis maintenant quelques années, nous avons aussi des personnes déplacées qui ont besoin de notre soutien. Nous jeûnons juste le mois de ramadan, eux jeûnent tout au long de l’année.
Surtout que la solidarité et le partage ne se limitent pas à un mois !
« Cherchez le paradis même si c’est en partageant la moitié dune datte » hadith.
Bon ramadan dans le respect des consignes dans la lutte contre le Covid19.
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