Raymond Dagba dit Papi : « Amado Traoré président…il y aura conflit d’intérêts »

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Ancien directeur sportif  du Rail Club du Kadiogo (RCK), Raymond Dagba dit Papi a décidé de soutenir Lazare Banssé au détriment de son ancien collaborateur Amado Traoré. Il explique ce choix et sa vision du football burkinabè.

Burkina 24 : En 2016, vous étiez un soutien de Amado Traoré. Cette année vous ne l’accompagnez pas pour sa candidature à l’élection du président de la Fédération burkinabè de football. Pourquoi ?

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Raymond Dagba dit Papi (RD) : Amado est un grand-frère à moi sur le plan social. Nous sommes très proches. Sur le plan sportif aussi, nous avons travaillé ensemble pour la renaissance du RCK avec tout ce que vous avez connu comme titre de champion.

J’ai beaucoup travaillé avec ce monsieur avec qui j’ai de bonnes relations et beaucoup de respect. Je pense aussi que ce respect est partagé avec beaucoup d’humilité. En 2016, pour répondre à votre question, j’avais connaissance de sa vision sur le sport et le football. Il était toujours PCA (NDLR. président du conseil d’administration) du RCK.

B24 : Donc, juste parce que Amado Traoré n’est pas du RCK, vous avez décidé de ne pas l’accompagner ?

R.D : Non ! J’ai dit que je n’ai pas eu connaissance de son projet sportif et de sa vision cette année. En 2016, j’avais connaissance et j’avais pris position bien que je ne sois pas dans son plan.

B24 : Pourtant, vous avez réalisé de bonnes choses ensemble. Est-ce qu’un duo Dagba-Traoré n’aurait pas pu produire quelque chose de bon quand on sait que le président sortant Sita Sangaré n’est pas candidat ?

R.D : C’est une question qu’il faut poser au candidat (ndlr Amado Traoré). Comme je vous l’ai dit, sur le plan social, j’ai toujours été très proche du président Amado Traoré. Lui aussi pareil. Nous avons fait de très bonnes choses ensemble. Nous avons réalisé la renaissance du Rail club du Kadiogo avec une nouvelle vision, un nouveau dynamisme. Mais il n’a pas, peut-être, daigné me faire part de sa vision sportive et de sa candidature. Je ne prends pas ça en mal. C’est le côté sportif.

Sur le côté social, nous avons du respect l’un pour l’autre. Peut-être que cela aurait pu être un bon duo. Ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, je suis avec monsieur Banssé que je connais depuis 25 ans. C’est un ami. C’est un monsieur que je connais très bien. C’est un monsieur pondéré pour qui j’ai beaucoup de respect et qui respecte aussi les autres. J’ai accepté travailler avec lui parce qu’il m’a appelé. Il m’a fait part de sa position, de sa vision sur l’après président Sangaré. J’ai accepté de l’accompagner.

Raymond Dagba dit avoir répondu à l’appel de Lazare Banssé

B24 : Lorsque vous avez appris que Amado Traoré était candidat, est-ce que vous l’avez approché pour l’accompagner puisque vous êtes amis et vous vous respectez ?

R.D : Je l’ai fait. Je lui avais déjà demandé en 2016 lors de la présentation du trophée Sabot d’or dont il était le parrain. Cette nuit-là, nous avons échangé. Il m’a fait savoir qu’il fallait accompagner le colonel Sita Sangaré dans son deuxième mandat.

Le lendemain, le président Sita, pendant qu’il était à Bobo, m’a appelé pour l’accompagner à la fédération, connaissant ma vision et mon dynamisme. J’étais content et je l’ai remercié. Arrivé à Houndé ou à Boromo, il m’a rappelé encore pour dire de ne pas oublier qu’on devait se voir pour travailler ensemble. (…).

Le lundi, j’ai pris le soin d’appeler Amado Traoré pour lui dire que j’allais accompagner le président Sita. A ma grande surprise, il m’a dit qu’il était candidat. J’ai rappelé le président Sita pour lui dire qu’avec tout le respect que j’ai pour lui, que je ne pourrai pas l’accompagner parce que mon président est candidat.

Il m’a dit qu’il a appris cela, qu’il avait beaucoup de respect pour moi et qu’il me remercie pour ma loyauté. Je suis allé voir Amado, il m’a fait connaître sa vision sportive. J’ai accepté l’accompagner bien que je ne sois pas parmi les membres de son bureau. Cela s’est produit avec l’apport d’un grand frère dont je préfère taire le nom.

«Quel que soit l’enjeu, le football restera un jeu»

B24 : Vous êtes aujourd’hui avec Lazare Banssé. Qu’est-ce qui vous a amené à l’accompagner… le projet ou vos relations ?

R.D : D’abord. Je connais l’homme. C’est un monsieur pondéré, très sage. Je pense qu’il peut apporter un plus à notre football surtout à ce milieu sportif qui va pêle-mêle avec des injures comme si nous étions en politique.

Lazard est un manager qui pourrait rassembler tout le monde autour d’un idéal sportif. Il m’a fait appel depuis longtemps. Depuis le premier mandat de Sita, il avait des velléités pour être candidat. Vous savez que moi aussi, à l’époque, j’avais voulu être candidat.

Je m’étais aussi présenté (…). Il avait voulu être candidat. Il a désisté pour accompagner Sita comme conseiller. Quand il m’a approché, je l’ai demandé, quelle était la vision qu’il voulait présenter aux acteurs du football. Il m’a présenté sa vision. On a discuté pendant longtemps. J’ai accepté de l’accompagner.

B24 : Mais sur le plan sportif, qu’est-ce qui vous a séduit dans le programme de Lazare Banssé ?

R.D : Il y a en a beaucoup. D’abord, j’ai dit qu’il fallait assainir le milieu du football burkinabè. Il faut qu’on fasse la différence entre les clubs historiques et les centres de formation qui pullulent dans notre football dont l’intérêt, le but est de vendre des joueurs.

La naissance du football avec les pères fondateurs, c’était la distraction. Le public est là. Il supporte et nous nous trouvons face à ce qu’on appelle le jeu. Quel que soit l’enjeu, le football restera un jeu. Je ne vois pas aujourd’hui dans le football une entreprise qui doit recruter des talents et les vendre. Ce n’est pas une traite négrière. Je suis désolé !

Aujourd’hui, il n’y a que des centres de formation qui pullulent de tous les côtés. J’ai eu l’appel de tous les côtés, de plusieurs acteurs, d’anciens joueurs qui me demandent « Papi, pourquoi tu ne crées pas un centre de formation ». Je leur ai répondu tout simplement : « mon but, c’est la passion que draine ce sport-là. Je ne suis pas là pour gagner de l’argent à travers le football ». Vous comprenez ?

B24 : Mais aujourd’hui, le football est devenu du business…

R.D : Non. Faites la nuance. Une très grande nuance. Il faut que ce soit défini de façon très claire. Le football, quel que soit l’enjeu des pays, reste un jeu. Même au niveau professionnel, l’Afrique n’a pas atteint cela. Même au Burkina Faso. Imaginez, par exemple… Si cela continue, nous sommes en train d’aller vers la disparition totale des clubs historiques que sont l’EFO, l’ASFA Y, l’USO, le RCK, l’ASFB, Jeunesse (NDLR Jeunesse club de Bobo-Dioulasso), l’USFRAN…

B24 : Est-ce que ce n’est plutôt pas la faute de ces clubs que vous citez qui ne créent pas non plus de centres de formation en leur sein ?

R.D : C’est une politique de chaque association. Cela ne dépend pas de moi, ni de toi, ni de la fédération. A l’époque, dans tous les pays du monde, cela a presque existé. Prenez aujourd’hui les meilleurs clubs les plus titrés, est-ce que Al Ahly est devenu un club de formation où le but est de vendre les joueurs ? Je laisse le football amateur.

Je prends les équipes professionnelles comme le Real Madrid et le Barça, est-ce que leur entité est de former des joueurs et de les vendre ? Non. Le football d’abord, c’est le jeu. Nous jouons. Nous avons de la distraction autour des acteurs qui nous accompagnent et nous avons des mécènes et des sponsors qui nous accompagnent.

Aujourd’hui, nous avons une multitude de centres de formation dont l’objectif est nécessairement de vendre des joueurs. La plupart du temps, vous voyez que ce sont des entreprises qui appartiennent à une personne ou à un membre de sa famille. Il faut que cela s’arrête. Je suis d’accord que chacun peut le faire. Il faut que chacun accompagne ces clubs historiques pour la résurrection du football burkinabè.

Lorsque nous devons chercher de l’argent (il hésite), je suis d’accord, on peut le faire, mais il ne faut pas chercher l’association suprême qui est la fédération parce que, forcément, il y a conflit d’intérêts. Imaginez un seul instant que Amado Traoré soit président de la fédération burkinabè, c’est une possibilité… Si vous mettez des entraîneurs locaux. Ces entraineurs-là, quels sont les joueurs qu’ils vont aller sélectionner ? Ce sont les joueurs de ce centre de formation parce que le but du président, c’est de promouvoir et vendre ses joueurs. Sans même le dire, ces entraîneurs seront obligés d’aller prendre ses mêmes joueurs.

B24 : Vous pensez que Amado Traoré veut être président de la fédération pour pouvoir vendre ses joueurs… puisqu’il est avec Rahim Ouédraogo et Yacouba Ouédraogo qui ont des centres de formation?

R.D : Je suis en train de parler d’une plaie. Si on n’arrête pas cette plaie, ce sera très grave. Nous sommes en train de partir à la disparition des clubs historiques. Je le dis très bien. A l’époque, Zico qui est un ami très proche de moi, je lui ai dit qu’il ne devait pas quitter l’EFO pour aller créer un centre de formation. Il m’a dit « pourquoi ? ».

J’ai dit : « tu es une icône de l’Etoile filante de Ouagadougou. Tu y as fait ta carrière. Tu t’es battu toi seul, tu as gagné ta vie. Tu as eu même la chance de diriger l’Etoile, tu dois accompagner l’Etoile ». Est-ce que Zidane a eu besoin de créer un centre de formation ?

« On ne peut pas être juge et partie »

B24 : Les contextes ne sont-ils pas différents ?

R.D : Est-ce que Mohamed Al Khatib (NDLR Ancien footballeur tunisien) a eu besoin de créer un centre de formation pour concurrencer les clubs historiques ? Prenez l’exemple en Côte d’Ivoire, le président Zinsou (NDLR Ancien président de l’Africa) et le président Ouegnin (NDLR Actuel président de l’ASEC) n’ont jamais cherché à être présidents d’une fédération ? C’est parce qu’il y a des conflits d’intérêts. On ne peut pas être juge et partie. Imaginez un instant qu’on donne le ministère des Infrastructures au PDG d’une entreprise privée. Qu’est-ce qui va se passer ?

Il faut revoir la politique de formation.

B24 : Est-ce qu’on peut prendre un entraîneur et lui demander de ne pas recruter les joueurs de son club ?

R.D : Si tu prends le PDG d’une entreprise privée, tu le nommes ministre des Infrastructures, les marchés vont aller où ?

B24 : Là, ne faut-il pas lancer des appels d’offres ?

R.D : Attends, le ministre a une entreprise (silence). Si aujourd’hui, le président de la fédération burkinabè de football a un club formateur, un club dont l’identité est réelle : la formation, la promotion, la vitrine, la vente. Qu’est-ce qui va se passer ? Ce sera une vitrine pour mieux vendre, c’est forcément être sélectionné dans les clubs.

Si un entraîneur local est en équipe nationale, qu’est-ce qui va se passer ? Tous les entraîneurs vont aller vers les clubs de leur patron. Voilà pourquoi je dis qu’il y a un conflit d’intérêts. Il ne faut pas être juge et partie.

B24 : Je reviens encore sur la question. Est-ce ce n’est pas plutôt une démission des clubs traditionnels comme vous les appelez qui n’ont pas d’équipes de petites catégories, de centres de formation ?

R.D : Si, c’est une politique qu’on peut repenser.

B24 : Comment ?

R.D : Cela rentre dans le projet du candidat Banssé. Il faut revoir même ces clubs historiques. Il faut revoir la politique de formation. Il faut revoir la politique des centres de formation. C’est clair. C’est indéniable. Nous ne pouvons pas le faire seulement à la fédération. Il faut que le ministère des Sports même s’ingère.

Il faudrait que ces associations travaillent à avoir de vrais mécènes comme ce fut le cas lorsque Amado en tant que mécène a pris le Rail club du Kadiogo, il a investi. C’est vrai qu’il a eu des partenaires, mais il a investi. C’est lui qui a amené ses partenaires. Il a réalisé des résultats.

Au Rail club, nous avons monté une belle équipe. C’est ça qu’il faut. Maintenant, lorsque tu abandonnes le club et tu vas prendre un centre de formation, le but c’est quoi ? Ce n’est pas considérer le centre de formation comme le Rail club du Kadiogo. Il a toujours dit, lui-même, que le Rail club du Kadiogo, c’est son club de cœur. Mais en créant le club de Majestic, on ne se réfère pas à Amado Traoré.

Vous les acteurs du football, vous le savez. Quand on parle de Amado, on ne parle que du RCK. Ça ne passe pas pour moi. Comme je l’ai dit, je n’ai pas eu son projet sportif. Mais il connaît mes idées. Amado sait que je ne partage pas cette idée d’être un président de fédération et disposer d’un centre de formation.

«L’objectif réel des centres de formation, c’est la vente des joueurs »

B24 : Mais ces clubs ne portent plus l’étiquette « centre de formation ». Ils sont devenus des clubs.

R.D : Sous Tiemtarboum, il y a eu une loi qui avait été édictée et qui disait que les centres de formation ne participaient pas au championnat. Ils participaient, mais ils n’étaient pas notés. Nous avons eu ce cas avec Planète champion. Même quand, ils ont voulu participer à la dernière saison, on ne les a pas pris en compte dans les notifications.

Cela a fait que Ezri a accepté de fermer et partir. Vous créez votre centre de formation, si vous voulez, vous jouez les coupes et vous vendez vos joueurs. L’objectif réel des centres de formation, c’est la vente des joueurs. C’est une entreprise privée. Lorsqu’on confie la fédération a des entreprises privées, il y a conflit d’intérêts. Ça ne peut pas marcher.

On n’a même pas besoin de parler à un sélectionneur national. Si Amado Traoré est président de la fédération, la sélection des jeunes, que ce soit en cadet en junior, ils seront de son centre. On n’a même pas besoin de le dire. C’est pour cela que j’insiste, il y a conflit d’intérêts. Sinon, sur le plan social, ce monsieur est formidable.

B24 : Mais quand on prend les équipes de petites catégories actuelles, les joueurs sont issus de Salitas FC, Rahimo, Majestic, KOZAF…

R.D : Mais là, le président de la fédération n’est pas issu de ces centres de formation. Le président le faisait de façon objective. Il n’a pas une pression sur lui pour dire que je dois forcément mettre en vitrine un joueur d’un centre parce que c’est son président. Il n’en a pas besoin. L’entraîneur fera son choix de façon objective en fonction du talent des joueurs sur le terrain.

B24 : Quand Salitas réalise ses performances en compétitions africaines, n’est-ce pas parce qu’il est un centre de formation ?

R.D : Je n’ai pas dit que je suis contre les centres de formation. Je suis même d’accord qu’il y ait des centres de formation qui seront pourvoyeurs des clubs nantis, historiques pour amener notre championnat encore plus haut. Mais lorsqu’un propriétaire d’un centre de formation veut être candidat pour le poste de président de la fédération, il y a un conflit d’intérêts.

B24 : Quel est le point de vue de Lazare Banssé par rapport à ce conflit d’intérêts ?

R.D : Lazard est pour la promotion des jeunes, des joueurs et de la formation. Lazare a beaucoup de respect pour Sita. Je profite de l’occasion pour le remercier. Ce monsieur nous a amenés à un niveau du football qu’on a jamais atteint. Il faut le reconnaitre. Je parle des séniors. En 2013, nous avons joué une finale de la coupe d’Afrique des nations. C’est inédit. Deux ans après, nous avons encore joué la demi-finale. Nous étions troisièmes.

Sur le côté social, nul n’est parfait sur terre. Mais côté sportif, je n’ai rien à dire sur monsieur Sita. Il a assaini notre sport avec les subventions. C’est sous son mandat que nous avons vu Salitas arrivé à un certain haut niveau. Le club a même joué les compétitions africaines comme Rahimo. Jamais il n’y a eu de problème entre le président de la fédération et un propriétaire d’un centre de formation. C’est ça aussi le management d’un président.

B24 : Lazard Banssé est considéré comme un candidat par défaut. Sa candidature a surpris et d’ailleurs il n’est pas soutenu au sein de son club alors que vous dites qu’il a pensé à être candidat depuis longtemps. Comment peut-on expliquer qu’il ne soit pas soutenu par l’EFO ?

R.D : Il faut que les gens soient clairs. Par respect pour Sita Sangaré avec qui il a été très proche, Lazard Banssé, mon champion, a attendu pendant un temps, lorsque Sita a décidé de ne pas être candidat, pour sortir. Je respecte, l’association sportive de l’Etoile filante avec son président Boukaré Sawadogo qui avait déjà donné sa parole à Amado Traoré avant que Lazard ne présente sa candidature.

Il n’a fait que respecter sa parole. Rarement, les gens respectent leur parole. Ce que je n’ai pas aimé chez lui, c’est sa sortie médiatique sur le sujet parce que quoi qu’on dise, ils sont du même club, de la même famille, c’est l’Etoile filante. Lazard a fait le premier pas en tant que grand frère. Il est allé le voir pour lui dire qu’il sera candidat, il y a un respect qu’il doit lui porter (…). Ce cas est en train de diviser l’Etoile filante. Les supporters ont failli se boxer (…).

B24 : Au sein du camp Sangaré, il y a eu des dissensions après l’annonce de la candidature de Lazard Bansé, il y a eu Laurent Blaise Kaboré qui a pris sa route. Bertrand Kaboré également. Tout cela ne fait-il pas désordre ?

R.D : Pourquoi ? Chacun a le droit de légitimer ou de légaliser ses ambitions. Laurent Blaise Kaboré, c’est un ami à moi. Nous nous fréquentons souvent. Je connais aussi Bertrand Kaboré, c’est un monsieur qui a fait un bon parcours dans le monde du football. Ils sont méritants (…) maintenant, ce sont des acteurs du football burkinabè qui vont décider qui va porter le flambeau de la fédération burkinabè de football. Et, c’est tous ensemble dans l’unité, dans une cohésion…

B24 : Quel est le projet de Lazard Banssé pour le football burkinabè?

R.D : Je crois vous avez déjà suivi le candidat. Vous avez déjà lu quelques lignes de ce qu’il veut faire.

B24 : Il y a des axes qui ont été cités, mais on ne sait pas concrètement ce qu’il propose. Avec la course aux parrainages, on a carrément oublié les programmes.

R.D : C’est vrai. Il a appelé, son programme comme le journaliste l’avait interpellé « La nouvelle donne » (le new deal). Il a dit qu’il va lancer un plan pour sauver le football burkinabè. Mais il n’a pas dit que le football burkinabè est à la traîne. Il a dit qu’il va se pencher sur les acquis de Sita Sangaré puisque nul n’est parfait, et rébooster (sic) ce qui n’allait pas.

«Vous serez surpris »

B24 : Que pensez-vous de ce qui entoure cette période de pré-campagne avec la course aux parrainages ?

R.D : C’est normal. N’en faites pas un problème. Ce sont les mêmes acteurs du football burkinabè. On se promène et on boit le thé ensemble. C’est normal et logique. Ce qui n’est pas bien c’est qu’il y ait des sorties, des propos qui ne sont pas bons. Ils doivent se respecter. Nous sommes dans la même famille. Lorsque les Etalons gagnent, vous-mêmes qui êtes dans votre bureau, vous sautez. Cela veut dire que c’est la même famille. Il faudrait seulement qu’il y ait une campagne saine. C’est ce que nous souhaitons.

Nous avons notre champion qui est Banssé. Nous connaissons son management, nous connaissons sa maturité dans la gestion des clubs. Il a fait dix ans à l’EFO, ce n’est pas évident pour tout le monde. Boukari (NDLR Sawadogo, président de l’EFO) même sait comment il sait gagner un titre. Avec tous les moyens mis, il faut le respecter. On a vu aussi son parcours à la Centrale d’achat des médicaments génériques (CAMEG). Il a pu assainir l’économie de la CAMEG, il a pu atténuer les velléités qui étaient autour des acteurs. C’est un grand manager. Vous verrez, c’est un grand personnage. Vous serez surpris. S’il passe, il y aura même des gens qui n’étaient pas de son camp et qui vont accepter travailler avec lui.

« S’il (Sita Sangaré) soutient mon candidat, ce serait une bonne chose »

B24 : On parle des tensions qu’il y avait dans le nouveau code électoral. Avec la question des parrainages, votre camp est accusé de vouloir s’accaparer tous les parrainages pour empêcher les autres candidats de pouvoir se présenter…

R.D : Ce n’est pas ce qui se passe réellement. La FIFA a donné un code électoral qui est applicable à toutes les nations affiliées. Et chaque nation a son code électoral en tenant compte des grands aspects du code général de la FIFA. On peut tout reprocher à Sita, mais c’est un homme très intelligent. Il faut le respecter.

C’est un homme très chanceux. Il ne peut pas faire une erreur en mettant en place un code électoral qui n’est pas conforme à celui de la FIFA de manière générale. Nous avons le seul Burkinabè qui est membre du comité exécutif de la CAF. Il faut quand même remercier ce monsieur. Il faut l’encourager. Il nous fait un code et tout le monde dit qu’il y a un désordre. Pourquoi vous voulez qu’il fasse un désordre dans le football qu’il a amené au firmament sur le plan international. Il ne peut pas le faire.

B24 : Lui-même a été élu avec les anciens codes…à deux reprises…

R.D : Est-ce qu’avoir un parrainage pour un candidat qui veut porter le flambeau du football burkinabè est un problème ?

B24 : Mais n’est-ce pas la récupération qui en est faite qui pose problème ?

R.D : Si tu veux être président de la Fédération burkinabè de football, tu dois être certain que les gens ont adopté ton programme et ta personnalité. D’abord le personnage et le programme. Si tu as le personnage et le programme, les Burkinabè, il faut le dire, sont des gens intègres. Ils vont accompagner forcément.

« Nous sommes engagés pour la satisfaction de notre candidat»

B24 : Avec Laurent Blaise Kaboré, premier vice-président de la FBF, il était le potentiel suppléant de Sita au cas où il est appelé à d’autres fonctions. Pourquoi doit-il chercher un parrainage ?

R.D : Même si Sita devait se présenter, il aurait besoin d’un parrainage. Il faut faire beaucoup attention. Le code que Sita a présenté, il ne l’a pas fait lorsqu’il était candidat. Il l’a fait lorsqu’il pensait qu’il pouvait être candidat.

B24 : Vous avez parlé tantôt de conflit d’intérêts, mais plusieurs acteurs dénoncent le fait que le président sortant soit très actif dans la campagne de Lazare Banssé. Est-ce que là également, il n’y a pas conflit d’intérêts lorsque le président sortant s’implique dans la campagne en faveur d’un candidat  alors qu’il devrait en principe être neutre?

R.D : Ha bon ? Vous me l’apprenez ! Ce serait une bonne chose. Je ne suis pas au courant de cela. Mais si un personnage comme Sita Sangaré s’implique pour la candidature de mon champion, ce serait une bonne chose.

B24 : Donc vous ne trouvez pas de conflit d’intérêts ?

R.D : Non ! Je dis qu’il n’est plus candidat. S’il soutient mon candidat, ce serait une bonne chose pour moi. Vu ce qu’il a apporté sur le plan national et international en huit ans, ce serait bon pour l’image de mon candidat. Je ne suis pas au courant qu’il est impliqué. Sincèrement !

B24 : Avec Sita Sangaré, on se rend compte que l’un des points sur lesquels il a pêché, c’est au niveau des petites catégories. Comment peut-on expliquer cela ?

R.D : On ne peut pas faire tout à la fois. Même dans ta propre famille, il y a des projets il y a ce qu’on veut faire et ce qu’on peut faire. Ce qu’il a déjà fait est très immense. D’abord, il y a la subvention des clubs, il faut le chercher. Il a amené l’équipe nationale à une stature internationale, il faut avoir de la veine. Prenez le contraire de ce que vous avez dit. Si en deux mandats, Sita avait organisé les championnats des petites catégories et qu’il n’a pas pu amener le Burkina à la CAN, vous allez dire que c’est un faux président.

B24 : Est-ce que l’équipe nationale doit être le baromètre du niveau football d’un pays quand on sait qu’il y a les clubs, les petites catégories ?

R.D : Je suis d’accord que des journalistes comme vous se posent cette question. C’est une question très intéressante. Je pense comme vous. Je ne pense  pas que l’équipe nationale A doit être le baromètre pour juger une fédération. Il faudrait que tout parte ensemble. C’est pour cela que je vous ai dit que mon candidat Banssé, avec tout ce que Sita a fait qui est formidable, nul n’est parfait, il va compenser des aspects qui ne sont pas parfaits.

B24 : Quel sera votre rôle dans l’équipe de Lazare Banssé ?

R.D : Dans cette campagne, nous sommes engagés pour la satisfaction de notre candidat, pour qu’il soit élu le 22 août. Maintenant, ce qui va se passer après, cela dépendra de lui. C’est un manager.

B24 : Dans la mise en place de son programme ne devrez-vous pas jouer un rôle ?

R.D : Bien sûr. Voilà pourquoi je dis, mon candidat en tant que grand manageur, avec tout ce qui l’entoure, il saura qui et qui peuvent faire son affaire. Il faut lui faire confiance.

B24 : Vous ne craignez pas que les acteurs du sport soient encore plus divisés après cette élection ?

R.D : Le candidat Banssé va vous surprendre parce qu’il va rassembler ce monde du football. Moi aussi Papi, je suis un très grand rassembleur. J’ai toujours travaillé avec tous les acteurs. Je n’ai pas d’ennemi. Je n’ai jamais eu d’ennemi. Je ne sais même pas ce que c’est qu’être ennemi. Nous allons travailler ensemble pour qu’il y ait la cohésion et l’entente dans ce sport.

B24 : Un dernier mot ?

R.D : Il faut féliciter tous ceux qui sont candidats. Ils sont tous méritants. Il n’y a pas un seul qui ne mérite pas d’être président de la fédération. Je les encourage à continuer. Mais qu’on ait un esprit de fair-play. C’est le terme même qui est utilisé dans le monde du football. Les pères fondateurs l’ont créé pour qu’il y ait de la distraction. Quel que soit l’enjeu, aucun pays ne sera aliéné. C’est le jeu qui doit primer.

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2 commentaires

  1. Sans rentrer dans vos guéguerres de positionnement j’apporte humblement ma part de vérité en tant que supporter du championnat national. Monsieur Amado TRAORE a fait ses preuves dans l’avancement et la réussite du football burkinabè. Il faut lui reconnaitre ce mérite. C’est tout.

  2. Meme si on connait pas le football, on sait que seule la formation peut tirer notre football vers le haut. si les équipes traditionnelles ne veulent pas s’inscrire dans la formation, elles disparaîtront. ce sont les lois de la nature et elles son impitoyables. Les plus faibles ou ceux qui ne veulent pas s’adapter finissent par être absorbés. Tous les burkinabè ont vu ce que « Planète » fourni à l’équipe nationale du Burkina Faso. Avec cette génération que ce centre a formé, nous avons joué une finale et une demie finale à la coupe d’Afrique des nation (CAN). Accompagner un candidat est un droit. Mais nier l’évidence et dire des contre vérités peuvent être assimilés à une malhonnête intellectuelle.

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